Législatives 2022 : les Outre-mer aux urnes

Un bureau de vote installé à l'école de Desrochers à Fort-de-France, quelques minutes après son ouverture (samedi 11 juin 2022).
Un jour avant l'Hexagone, des Français d'Outre-mer se sont rendus ce samedi aux urnes pour le premier tour des élections législatives où Emmanuel Macron a fait de très mauvais scores à la présidentielle en particulier en Guadeloupe, en Martinique et en Guyane.

Silence, on vote, à nouveau. Après la clôture de la campagne vendredi à minuit,
plus de 48 millions de Français sont à nouveau appelés aux urnes ce week-end et
le suivant pour élire leurs députés, six semaines après la présidentielle qui a
reconduit Emmanuel Macron à l'Elysée.

La Polynésie a voté


En Polynésie française et dans les onze circonscriptions des Français de l'étranger,
le premier tour a déjà eu lieu les 4 et 5 juin. Il a débouché sur l'élimination fracassante de l'ancien Premier ministre Manuel Valls et l'émergence de dix duels qui opposeront la majorité présidentielle à la coalition de gauche, la Nupes (Nouvelle union populaire et écologique), au second tour.


Place désormais au reste des Outre-mer avec, dans l'ordre des ouvertures des bureaux de vote selon le décalage horaire, Saint-Pierre-et-Miquelon, la Guyane, les Antilles, Wallis et Futuna, la Nouvelle-Calédonie, La Réunion et Mayotte, avant la métropole dimanche à 8h.

Taux de participation

Saint-Pierre et Miquelon a donc débuté cette journée de vote à 8h (12h à Paris). 5052 personnes inscrites sur les listes électorales ont été appelées à élire leur député. 

En Guyane, 103 075 électeurs ont été convoqués dans les deux circonscriptions et devaient choisir entre 27 candidats à partir de 8h ce samedi (13h à Paris). A 12h (heure locale), le taux de participation était de 12,05%, en légère hausse par rapport à 2017. L'ancienne députée Christiane Taubira a accompli son devoir civique. 

En Martinique et en Guadeloupe le vote a également commencé à 8h (14h à Paris). Les 315 739 électeurs de Guadeloupe et les 24 848 électeurs de Saint-Martin et Saint-Barthélemy ont été appelés à se prononcer, dans le cadre du premier tour des élections législatives 2022. Pour l’archipel Guadeloupe, 59 candidats se disputent quatre circonscriptions. Dans la circonscription unique de Saint-Martin et Saint-Barthélemy, six candidats sont en lice. A 12h (heure locale), le taux de participation, en Guadeloupe, était estimé à 10,54 %, en légère hausse par rapport à 2017 (8,34 % à 12h). En Guadeloupe, une votante de 101 est venue accomplir son devoir citoyen. 

De leur côté, 304.536 Martiniquais étaient appelés aux urnes ce samedi pour voter. 55 candidats se présentent pour les quatre circonscriptions de Martinique. A 12h, heure locale, la préfecture de Martinique indiquait un taux de participation de 7,2%, en nette baisse par rapport au précédent scrutin de 2017 (9,52% à 12h). La participation atteignait même 12,26% en 2012. 

Dans le Pacifique, les électeurs de Nouvelle-Calédonie et de Wallis et Futuna votent dimanche, c'est-à-dire à partir de samedi 22h à Paris. Et enfin on votera dimanche à La Réunion, comme à Mayotte, où le décalage horaire avec l'Hexagone est moindre.

Nouveau match


Si le scrutin est différent, les trois candidats arrivés en tête à la présidentielle refont le match aux législatives, avec le vainqueur Emmanuel Macron qui affronte indirectement la finaliste RN Marine Le Pen et l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon, arrivé troisième le 24 avril.


Alors que le duel Macron-Le Pen avait rythmé la présidentielle, la rivalité s'est cette fois installée entre le camp du chef de l'Etat et l'alliance de la gauche formée autour de Jean-Luc Mélenchon (LFI-PS-EELV-PCF), que les sondages donnent au coude-à-coude, avec l'abstention en arbitre.


Elle pourrait atteindre, au bout d'une campagne passée largement sous les radars, de nouveaux records, entre 52 et 56%, au-delà des 51,3% du 11 juin 2017. Selon les dernières enquêtes d'opinion, la coalition présidentielle et la Nupes sont à touche-touche, loin devant le RN de Marine Le Pen. Suivent derrière Les Républicains et l'UDI ainsi que le parti Reconquête!, la formation d'extrême droite menée par Eric Zemmour, qui se présente lui-même dans le Var.

Majorité absolue


Pour obtenir la majorité absolue à l'issue du second tour le 19 juin, la confédération Ensemble! (LREM, MoDem, Horizons et Agir) doit décrocher au moins 289 des 577 sièges, un objectif que les sondages présentent comme incertain, même s'ils donnent les soutiens du président en tête des projections de sièges au second tour.

Si Ensemble! arrive premier, mais sans atteindre la barre magique des 289 élus,
Emmanuel Macron ne disposerait que d'une majorité relative à l'Assemblée nationale. Une perspective peu réjouissante pour le président de la République qui devra sans doute chercher le soutien d'autres groupes politiques pour approuver les textes.

Si, cas de figure le moins probable, la Nupes de Jean-Luc Mélenchon remporte la majorité absolue, Emmanuel Macron serait privé de pratiquement tous ses pouvoirs. "Ce n'est plus lui qui déterminera la politique de la Nation, mais la majorité à l'Assemblée nationale et le Premier ministre qui en sera issu", résume Dominique Rousseau, professeur de droit constitutionnel à l'université Panthéon-Sorbonne.

C'est avec cet objectif en tête que Jean-Luc Mélenchon n'a cessé de répéter qu'il
voulait faire de ces législatives "un troisième tour" qui lui permettra d'être élu "Premier ministre", malgré un réservoir de voix qui risque de lui faire défaut au second tour.

Justine Bénin en Guadeloupe

Emmanuel Macron, qui a effectué quatre déplacements au cours de la campagne, a choisi lui de se poser, comme lors de la présidentielle, en rempart contre "les extrêmes". Fustigeant le manque de crédibilité de la Nupes sur le plan économique, il réclame une majorité "forte et claire" afin de pouvoir mettre en œuvre son programme.

En comptant Elisabeth Borne, quinze membres du gouvernement sont en lice aux législatives dont la secrétaire d'Etat chargée de la mer, Justine Bénin, en Guadeloupe, et devront quitter l'exécutif en cas de défaite conformément à une règle déjà appliquée en 2017 par Emmanuel Macron. En Guadeloupe, l'équipe de campagne d'Ensemble! guettera donc le score de la sortante Justine Benin, alors qu'Emmanuel Macron n'a obtenu que 30% des voix dans l'île au second tour de la présidentielle. Résultats attendus dans la nuit de samedi à dimanche.

Passation de pouvoir entre Annick Girardin et Justine Benin, le lundi 23 mai.

Près de 6.300 candidats briguent les 577 sièges, soit 20% de moins qu'en 2017, du fait notamment de l'accord à gauche.