Les contours de la stratégie nickel de l’Indonésie, concurrente de la Nouvelle-Calédonie, se précisent en Allemagne

Le chancelier allemand et le président indonésien pendant la grande exposition de l'industrie allemande à Hanovre.
S'exprimant lors de la grande foire industrielle annuelle de Hanovre, vitrine de la technologie allemande, dont l'Indonésie est le partenaire cette année, le chancelier allemand Olaf Scholz a déclaré qu'il agirait pour un accord commercial entre l'Union européenne et l'Indonésie. La puissance émergente en Asie s'affirme un peu plus comme le nouveau géant mondial du nickel. Un géant qui fait de l'ombre à ses concurrents du Sud, la Nouvelle-Calédonie et l'Australie.

Une délégation indonésienne dirigée par le président du pays Joko Widodo assistait en début de semaine au salon de l'industrie allemande Hannover Messe. Elle a rencontré des représentants d'entreprises telles que le géant allemand de la chimie BASF, Eramet et Volkswagen, a indiqué l’agence Reuters. Il fut question d'investissements importants dans l'industrie du nickel et en aval des batteries pour les voitures électriques.

Le drapeau de l'exposition commerciale allemande de Hanovre.

L’Allemagne compte sur l’Indonésie

La première pruissance économique européenne veut réduire sa dépendance économique vis-à-vis de la Chine, en particulier pour les matières premières cruciales de la transition énergétique dont le nickel.

"Pour le moment, nous en importons beaucoup de Chine. Et cela malgré le fait que les terres rares, le cuivre ou le nickel ne sont souvent pas extraits là-bas, mais dans des pays comme l'Indonésie, le Chili ou la Namibie", a déclaré Olaf Scholz. "Nous voulons changer ça."

Le chancelier allemand a ajouté, en présence du président indonésien Joko Widodo, que tout nouvel accord commercial devrait donner la priorité à la construction d'installations de traitement et de transformation de ces matières premières dans les pays où elles se trouvent, ce qui, selon lui, profiterait à l'économie locale. Une déclaration qui va dans le sens de la stratégie nickel de l’Indonésie.

Un avenir électrique pour l'industrie allemande avec le nickel indonésien à la grande foire industrielle de Hanovre.

Investissements dans le nickel indonésien

Le ministre indonésien de l’Investissement, Bahlil Lahadalia a ensuite déclaré que Volkswagen, le plus grand constructeur automobile européen construira un complexe industriel de batteries pour véhicules électriques (VE) en Indonésie et s'associera avec Vale, Ford, et d’autres sociétés minières indonésiennes et européennes.

"Les partenariats consisteront en des coentreprises et fourniront des matières premières et notamment du nickel", a déclaré Bahlil Lahadalia dans une déclaration vidéo depuis l'Allemagne.

"L'Indonésie est un pays important et intéressant en termes de matières premières et nous sommes dans un échange positif avec le gouvernement et les fournisseurs", a déclaré un représentant du constructeur automobile Volkswagen dans un communiqué, cité par Reuters.

Les constructeurs automobiles internationaux courtisent l'Indonésie pour ses matières premières et notamment son nickel utilisées dans la production de batteries de véhicules électriques, qui représentent environ 40 % du prix affiché d'un véhicule, dans le but de réduire les coûts et de combler l'écart avec le leader du marché des véhicules électriques, Tesla. L'américain dispose déjà de nickel de qualité batteries produit en Nouvelle-Calédonie et en Australie.

Le chancelier allemand et le président indonésien pendant la foire industrielle de Hanovre, vitrine de la technologie allemande.

La semaine du nickel au LME

Les cours du métal ont continué de profiter d’un élan de la demande en raison notamment de la faiblesse du billet vert et d’une reprise des cours de l’acier inoxydable. Les cours des métaux de base sur le London metal Exchange (LME) sont libellés en dollars.

La reprise de l'activité chinoise profitait également au nickel et aux autres métaux industriels, le pays ayant enregistré pour la première fois depuis six mois un rebond des exportations du pays.

Thu Lan Nguyen de Commerzbank note que "la reprise des échanges de nickel au LME pendant les heures d'ouverture en Asie a effectivement permis d'accroître la liquidité".

Mais, selon l'analyste, les volumes quotidiens échangés récemment étaient encore inférieurs d'environ 50% aux niveaux moyens observés en février de l'année dernière, indice montrant que le marché ne s'est pas encore remis des turbulences qui l'avaient secoué en mars 2022, quand le métal avait atteint son record historique.

En fin de semaine, la reprise des cours du nickel a commencé à s’essouffler. Les cours ont fléchi, les craintes liées à une possible récession mondiale pesant sur le métal, malgré une demande qui continue d'augmenter.

Et puis, la baisse de 5% des prix du minerai de fer indiquait un possible retournement négatif, "le sentiment baissier domine", a indiqué Al Munro, analyste de Marex à Londres, qui poursuivait par ailleurs : "le géant minier BHP a décidé de réduire les objectifs de production des opérations de nickel australiennes."

Sur le LME, la tonne de nickel pour livraison dans trois mois s'échangeait à 24.472 dollars en fin de semaine à Londres, contre 23.995 dollars, le vendredi précédent à la clôture. Sur la semaine, le nickel progresse de 1,41% après avoir baissé de 2,49% vendredi.

Evolution du nickel au LME de Londres