L’ambiance est bon enfant dans les allées surchauffées du Salon de l’agriculture : on vient en famille ou entre amis pour découvrir les spécialités. Perle de Tahiti, fleurs de Guyane, rhum martiniquais, banane de la Réunion… Cette année, les producteurs d’Outre-mer exposent leurs produits sur près de 600 m2.
Patrick, tout sourire, fabrique un sorbet traditionnel antillais. Les curieux sont nombreux à s’approcher, intrigués. Certains tentent même l’expérience et tournent avec peine la manivelle. Le Guadeloupéen explique avec plaisir aux badauds le processus qui permet au sorbet de se figer. La 58e édition du Salon de l’agriculture était très attendue par les commerçants. L’édition de l’année dernière a été annulée à cause de la crise sanitaire.
Forts enjeux économiques
"C’est très important pour nous, on a beaucoup de client sur Paris", explique Ginette, la collègue de Patrick. Elle tient un stand au salon de l’agriculture tous les ans depuis une vingtaine d’années. "Ça fait deux ans qu’on est restés à Marie Galante, on a eu du mal à revenir parce qu’on s’est dit : avec le covid, est-ce-que les gens vont venir nous voir ?" Mais dès le premier jour, on se bouscule dans les allées du pavillon Outre-mer. "On a espoir", sourit-elle.
Chaque année on est là pour présenter les nouveautés, pour communiquer. C’est la plus grande ferme de France ! Nous avons beaucoup de gens de provinces qui viennent pour déguster, pour nous poser des questions sur les nouveautés…
Bruno Priouzeau représente le syndicat des rhum AOC de Martinique.
David Colet produit des fruits à La Réunion. "Le coronavirus nous a impacté, il y a eu des restrictions de vols, le fret a diminué, et la consommation de fruits exotique en métropole aussi. Et là ça redémarre ! C’est très important d’être ici pour présenter nos produits dans l’Hexagone, explique-t-il. On est là pour présenter nos produits et faire connaître le savoir-faire réunionnais en termes de qualité des fruits."
Les retombées économiques peuvent être importantes pour les exposants, mais obtenir un stand au salon de l’agriculture coûte cher. L’investissement vaut le coup pour, Ibrahim Fonté, qui représente la chambre d’agriculture de Mayotte. "On vient de loin, Mayotte c’est à 10 000 km de Paris, on a des contraintes aériennes qui ne sont pas légères. Là on a acheminé presqu'une tonne de produit, louer l’emplacement, tout ça, ça coûte très cher, mais pour les agriculteurs, avec les retombées au niveau clientèle et fidélisation de client, c’est important."
Des animations tout au long du salon
Le salon met à l’honneur les productions agricoles, mais aussi des traditions culturelles. À intervalle régulier, des danseurs polynésiens en tenue traditionnelle offrent un long spectacle aux visiteurs. Des quizz et des jeux sont aussi organisés pour les enfants. Sur le stand de Mayotte, Moussa Taanbati dessine des formes géométriques sur le front d’une jeune fille avec un petit bâton en bois et de l’argile. La pratique est normalement réservée aux mariages et aux jours de fêtes, mais pour le salon, elle dessine sur tous les fronts qui le demandent. La Mahoraise est particulièrement fière de représenter son territoire mal connu des visiteurs. "Les gens ne connaissent pas, ils s’intéressent. C’est un peu comme voyager", explique-t-elle en brandissant un panier de patchouli.
Nadiége et Jude sont des habitués. Ils vivent en région parisienne, et ne manqueraient l’évènement pour rien au monde. "On vient tous les ans, sauf pendant le covid. Ça nous a beaucoup manqué !!", s’exclament-ils en cœur. "C’est un peu comme à la maison", poursuit Nadiége. Elle est Guadeloupéenne, lui est Martiniquais.
Avant la pandémie, le Salon de l’agriculture accueillait environ 700 000 visiteurs par an. Le salon fermera ses portes le 6 mars prochain.