Le gouvernement a proposé, en vain, des solutions de "sortie de crise" aux personnels de santé en Guadeloupe suspendus en raison de leur refus de d'être vaccinés, a déclaré jeudi Joël Mathurin, directeur de cabinet du ministre délégué aux Outre-mer Jean-François Carenco. "Selon les chiffres de l'Agence régionale de santé, ce sont 221 personnes (soignants, personnels administratifs et libéraux, ndlr) qui sont concernées sur le territoire", a précisé M. Mathurin, dont "93 personnes du CHU".
Suspendus et sans salaire depuis plus d'un an, ces soignants demandent une réintégration dans leurs établissements, avec des tests PCR réguliers à la place du vaccin contre le Covid-19, ce que rejette le ministère de la Santé.
Plan de départ et reconversion
"Nous restons donc dans le cadre de l'obligation vaccinale", a noté Joël Mathurin, en visite en Guadeloupe, qui a donc proposé aux syndicats un "plan de départ exceptionnel" avec des ruptures conventionnelles majorées.
Nous multiplierons par trois les indemnités proposées par les barèmes classiques. (...) Autrement dit, les départs se feront à 40 000 euros minimum.
Joël Mathurin, directeur de cabinet du ministre délégué aux Outre-mer
Selon lui, l'augmentation des indemnités permet d'envisager "les reconversions de ces personnes qui sont en inadéquation avec les exigences de leur métier".
"Nous permettrons également de partir en préretraite en assouplissant largement les dispositifs financiers", a également expliqué l'émissaire du ministère, ajoutant que ces dispositifs seraient appliqués à "tout le monde", en Guadeloupe. Mais, a-t-il déploré, "la réponse des syndicats a été une fin de non-recevoir".
Refus des syndicats
"Nous refusons en effet", a confirmé à l'AFP, Gaby Clavier, ancien secrétaire général de l'UGTG ainsi que de la branche santé du syndicat, parmi les plus actifs dans le mouvement contre l'obligation vaccinale. Un peu plus tôt dans l'après-midi, le "collectif des organisations en lutte" s'était déclaré dans un courrier "prêt à engager un processus de négociations" en vue de la "réintégration" de tous les personnels concernés, mais avait d'avance, refusé de "négocier des processus de licenciement".
Selon le collectif, ces propositions seraient des prétextes visant à "réduire la masse salariale" des établissements de santé et à restreindre l'accès aux soins, et "surtout à faire droit aux élucubrations ségrégationnistes de quelques médecins". C'est la seconde fois que des dérogations au droit commun sont proposées aux personnels suspendus de la Guadeloupe. Le conflit autour de l'obligation vaccinale avait conduit, en novembre 2021, aux émeutes qui avaient paralysé l'île durant plus de trois semaines.