Fondée en 2016, Paris Black Pride est une association LGBT (Lesbiennes, Gays, Bisexuels et Transgenres) à l’intention des personnes afrodescendantes et communément confrontées aux discriminations et au racisme. Elle a comme parrains Louis-Georges Tin et Audrey Pulvar. « Paris Black Pride s’inscrit dans les combats contre le racisme et les ‘LGBT phobies’. Nous essayons de défendre nos droits et d’œuvrer pour avoir plus de visibilité, au sein même de la communauté LGBT et dans le reste de la société », précise Johan Amaranthe à La1ere.fr.
Paris Black Pride a notamment été créée après que ses fondateurs eurent relevé des problèmes de marginalisation, d’invisibilité et de représentation des ‘non Blancs’ au sein des mouvements associatifs. "Nous avions du mal à nous reconnaître car nous ne partageons pas les mêmes expériences."
Les autres associations LGBT oublient trop souvent qu’en plus d’être exposés à l’homophobie, nous les Noirs sommes exposés au racisme. Et nous devons nous armer pour combattre cela. Avant d’être LGBT nous sommes noirs dans cette société. C’est un peu la dichotomie qu’il y a entre nous, et qui d’ailleurs a créé de la controverse », explique Johan Amaranthe.
« Il était important pour nous de prendre les choses en main et d’avoir notre propre plateforme, créer nos propres événements et espaces de rencontre. Nous ne voulons plus que les autres parlent et agissent à notre place. Mais une fois que l’on a fait cela, nous restons disposés à créer des convergences de lutte contre l’homophobie et le racisme. »
Concernant les Outre-mer, plus particulièrement les Antilles-Guyane, le constat du fondateur de Paris Black Pride est amer. « Il y a une homophobie plus importante dans les Outre-mer, et qui progresse même, car très peu de politiques publiques sont mises en place pour parler de l’homophobie et la combattre. Il y a aussi un problème de rejet familial qui conduit souvent à des situations dramatiques comme des suicides. Sous l’influence de la religion, des gens parlent de l’homosexualité comme d’une abomination. Le tissu associatif est là-bas très fragile concernant les questions LGBT et les personnes concernées, surtout les jeunes, ne peuvent compter que sur ces structures. » Johan Amaranthe (photo ci-dessus) note également que les associations ne tiennent pas dans le temps et ont peu accès aux subventions. C’est aussi plus difficile pour elles de permettre l’accès aux soins pour les personnes infectées par le VIH et proposer des mesures de dépistage.
Nous avons constaté également qu’au sein du corps médico-social, en particulier chez les assistantes sociales et les psychologues, il y a très peu de formations pour accompagner les personnes LGBT qui sont dans le besoin. Cela crée des situations critiques où de nombreux jeunes n’ont aucun interlocuteur
« C’est pour cela que sur le plan national nous essayons de mobiliser toutes nos ressources pour peser notamment auprès du ministère des Outre-mer afin que des politiques publiques soient véritablement menées et que des moyens soient donnés aux associations », ajoute Johan Amaranthe.
En 2018, Paris Black Pride prévoit d’être plus dynamique sur le terrain en Outre-mer, ayant dorénavant plus de membres qui sont rattachés à l’association et qui se trouvent aux Antilles-Guyane. « Il y a notre événement durant le mois de juillet, le ‘week-end Paris Black Pride’ durant lequel nous proposons des festivités en direction de la communauté et parlons de choses qui nous concernent lors de panels et de tables-rondes. Par ailleurs au mois de février nous consacrerons une journée aux personnes transgenres et noires, car c’est une partie de la communauté LGBT extrêmement marginalisée. Nous voulons leur redonner leur place dans l’histoire des combats LGBT où ils étaient souvent aux avant-postes. »
LGBTQ+ en Outre-mer : une France invisible ?
Organisé par Sciences Ô, International Justice Mission (Sciences Po – IJM) et Equal
Mercredi 29 novembre à 19h15
Salle H101 au 28 rue des Saint-Pères à Paris
Attention ! Plus aucune place disponible pour les externes.
Entrée libre pour les étudiants de Sciences Po.