Limoges : deux nuits d'affrontements entre policiers et bandes de jeunes, parmi lesquels des Mahorais

Les forces de l'ordre ont été appelées à 23h10 lundi 1er août pour un véhicule en feu au Val de l'Aurence.
Le quartier du Val de l'Aurence à Limoges a été le théâtre d'affrontements entre des dizaines de jeunes encagoulés et les forces de l'ordre, dans les nuits de lundi à mardi et de mardi à mercredi. Plusieurs adolescents originaires de Mayotte sont impliqués dans ces violences urbaines.

Cocktails molotov, mortiers et projectiles. Depuis deux nuits, Val de l'Aurence, un quartier sensible de Limoges, voit s'affronter forces de l'ordre et bandes de jeunes. Selon le secrétaire général de la préfecture, la plupart des individus opposés aux policiers durant ces deux nuits sont des jeunes de 13 à 17 ans, originaires d'Afrique subsaharienne et de Mayotte.

"C'est un quartier où la dérive violente se fait depuis des années, avec la structuration de bandes vraiment organisées, essentiellement des dealers organisées autour de bandes de Mahorais", a commenté à l'AFP le maire LR de Limoges Émile-Roger Lombertie, qui réclame des policiers supplémentaires pour faire face à "ces 70-90 personnes" cherchant à être "totalement maîtres du quartier".

Renfort de CRS

Durant la deuxième nuit d'affrontements, un policier de la CRS-8 a été légèrement blessé par un tir de mortier, et deux individus ont été interpellés, a indiqué le secrétaire général de la préfecture de la Haute-Vienne, Jean-Philippe Aurignac.

La CRS-8 est une unité spéciale créée pour se rendre rapidement sur tout le territoire. Elle a été déployée mardi soir à Limoges à la demande du ministre de l'Intérieur et des Outre-mer Gérald Darmanin. Selon une source syndicale policière, une centaine de jeunes ont pris part aux affrontements mardi soir.

La nuit précédente, trois voitures avaient été brûlées lors de premiers affrontements entre forces de l'ordre et une quarantaine d'individus. Les heurts avaient duré près de cinq heures, selon la préfecture qui dénonce "des violences urbaines inacceptables".

Trafic de drogue et mineurs "embrigadés"

Les affrontements avaient débuté après l'arrivée de pompiers épaulés par la police pour éteindre un feu de voiture. À leur arrivée dans ce quartier classé prioritaire, les policiers ont été accueillis par des jets de cocktails molotov, de mortiers d'artifice et de projectile en tous genres, a détaillé une source policière à l'AFP.

Durant cette première nuit d'affrontements, cinq équipages de police nationale et un équipage de police municipale ont été mobilisés et ont fait usage de grenades lacrymogènes en riposte.

Au total, 3 voitures ont été incendiées dans la nuit du lundi 1er aout au mardi 2 août 2022 au Val de l'Aurence.


"Je me suis retrouvée en terrain de guérilla en emmenant mon fils à la crèche"
, découvrant la route principale du quartier "jonchée de pierres, de cartouches, des cocktails Molotov, de bouteilles cassées", a témoigné une mère de famille mercredi matin, disant croiser quotidiennement ce groupe de "jeunes qui se sentent totalement impunis".

Selon une infirmière de 43 ans, habitante du quartier, jointe par téléphone, ce "gang" pratique le "trafic de drogue ouvertement", avec de "nombreux mineurs embrigadés", ce qui "rend les mamans malades".

Le Val de l'Aurence est une zone de 2500 habitants située à l'extrême ouest de Limoges. Issue de la politique de construction de grands ensembles des années 1960-70, elle est en cours de réhabilitation et classée "quartier prioritaire" comme huit autres quartiers de Limoges.