L'ancien rappeur Manu Key se raconte, le Prix Fetkann en ligne, Christine Salem, de passage à Paris et un documentaire sur le premier Afro-brésilien aux Beaux-arts de Rio de Janeiro : voici l'actualité de cette semaine (27/11/20)
Livres
Les liens sacrés de Manu Key (éditions faces cachées). En 1994, lorsque ces jeunes de Vitry, Choisy et Orly se retrouvent et fondent un peu plus tard, le collectif la Mafia K’1 Fry, ils ne se doutent pas qu’ils vont laisser une trace dans l’histoire musicale. Car c’est le rap qui les réunit. Jeunes de banlieues, Manu Key, Kery James, Rohff, Karlito et les autres réussissent à s’imposer, contre les maisons disques dans un premier temps, mais avec le plébiscite du public. « Liens sacrés » est cette histoire que Manu Key tenait à raconter. « En 2016, après la mort de plusieurs de mes proches, j’ai fait une dépression. L’écriture m’a servi de thérapie. Avec ses bonnes et ses moins bonnes épreuves, ce que nous avons vécu est plutôt extraordinaire. Je voulais le rappeler et le partager avec ceux qui ont participé à cette aventure ». L’ascension de ce collectif, les succès comme les revers : aujourd’hui entraineur de basket (sa deuxième passion), Manu Key remonte chronologiquement le cours de ce destin qui a permis à des jeunes d’être acteurs de l’histoire du rap français.
Prix littéraire
Prix Fetkann ! Maryse Condé 2020. Vendredi 27 novembre de 16h à 17h en visio conférence sur le site Prix Fetkann. Alors que l’on débat pour savoir si le livre est à ranger dans la catégorie des biens essentiels, à noter, ce vendredi, la 17 édition du Prix Fetkann qui entretient la mémoire des pays du sud. Covid oblige, la manifestation se déroulera en visioconférence. On saura alors qui sont les successeurs de Katy François (Sous le quenettier de Mamy Ayuda), Anne Lafont (L’art et la race, l’Africain tout contre l’œil des lumières), Christiane Taubira (Nuit d’épine) et Pierre Odin (pwofitasyon, luttes syndicales et anticolonialisme en Guadeloupe et Martinique), respectivement lauréats dans les catégories jeunesse, recherche, mémoire, et mention spéciale du jury.
Musique
Christine Salem. Ces temps-ci, Christine Salem est de passage à Paris. Le temps de répondre à une sollicitation de l’Adami (l'organisme qui gère les droits des artistes et finance leurs projets) pour enregistrer deux titres avec une autre artiste. L’occasion aussi de parler de son nouvel album Mersi. « On l’a enregistré en 2019. Mais la première sortie a été repoussée à cause de la covid. La seconde était prévue pour octobre, mais à cause du confinement cette fois-ci, nous l’avons reprogrammée à fin janvier. Ce n’est pas bien grave » tempère la Réunionnaise « Rien n’arrive par hasard. »Mersi (merci en créole) ponctue une période de sa vie où l’artiste a pris le temps de faire le point sur elle. « Je voulais remercier mes ancêtres et les gens qui m’encouragent. Mais surtout mes ancêtres. Chez nous, il existe ce qu'on appelle le servis kabaré. C’est une tradition, dans les familles malgaches, au cours de laquelle on remercie les ancêtres pour l’année passée. Pendant 12 ou 24h, on fait des offrandes, on joue du maloya, on danse et on rentre en transe. »
Parmi les quelque treize chansons qui composent l’album, certaines lui ont été inspirées par les aléas de la vie. Comme Tyinbo (Tiens-bon) : « C’était un mois, où presque tous les jours, à La Réunion, il y avait un fait divers de violence intrafamiliale aux infos. » Tyinbo c’est pour dire qu’il ne faut pas lâcher.
Christine Salem n’aime rien tant que les découvertes. Alors, on la retrouve jouant pour la première fois de l’harmonica ou invitant un violoniste à une collaboration. Elle-même s’étonne à la réécoute de Mersi, de sa diversité. Les influences malgaches côtoient les accents cap-verdiens, en sus du maloya et de la guitare rock. « Je m’en suis rendue compte après coup. Cet album, c’est une promenade dans le monde. » conclut-elle. Et pour le prochain, elle en connait déja la matière. "J'ai été confinée en banlieue parisienne chez une parente. Elle a une salle de musique. Je sais que le confinement constituera l'inspiration de mon prochain album."
Documentaire
Le dimanche, c’est Brésil d’Anne-Sophie Mattéi. En 1967, Sorriso devient le premier Afro-brésilien à intégrer les Beaux-Arts de Rio de Janeiro. Le pays est en pleine dictature militaire. Et en intégrant cette école, Sorriso, habitant d’un quartier populaire, découvre surtout qu’il est pauvre. « Les riches, eux, pouvaient réfléchir sur le beau. » Quittant précipitamment son pays, au tournant des années 70, il se retrouve en Italie puis en France où il s'impose comme saxophoniste. A l’origine, Le dimanche, c’est le Brésil devait raconter cette histoire d'un Noir aux beaux-arts carioca. Mais les conditions sociales et sanitaires en décident autrement : impossible de se rendre au Brésil, et surtout disparition pendant le confinement de l’un des compatriotes de Sorriso, musicien comme lui, Paulo Lajuo, autre intervenant pressenti par la réalisatrice. Résultat, le documentaire se recentre sur la question noire et pour Anne-Sophie Mattéi, il y avait urgence à le sortir compte-tenu de sa résonnance avec l’actualité. « De plus, à 70 ans, Sorriso est de santé fragile.» Déjà sélectionné dans d’autres festivals, le documentaire participera du 4 au 11 décembre au festival international du cinéma numérique de Cotonou, au Bénin, et aussi début décembre, au London List-off film festival.
TEASER MY BRAZILIAN SUNDAYS from Anne-Sophie M on Vimeo.