Un essai sur le peuple, un autre sur les impostures de l'universalisme, la rencontre des musiques celte et créole, et une chanson posthume de Patrick Saint-Eloi : voici l'actualité de la semaine (23/10/20)
Le jour où les Antilles feront peuple de Matthieu Gama (en auto-édition). Guadeloupéen lui-même, Matthieu Gama a entrepris d’ausculter son peuple et comprendre pourquoi il ne fait pas peuple. Autrement dit pourquoi, les Antillais cohabitent sur l’île papillon plus qu’ils ne cherchent à penser le vivre-ensemble (« qui tend vers le bien commun »). « Parce que nous sommes des miraculés de l’histoire de l’humanité. Et parce que l’esclavage porte en germe l’anéantissement identitaire des Antilles » estime Matthieu Gama. Et de rappeler les freins à cet objectif : l’assimilation, la départementalisation, la théorie des races, la paupérisation de la population antillaise. Mais pour ce huissier de métier, pas de fatalité. « Notre faculté à guérir de nos blessures reçues en héritage » en est un premier signe. Ensuite, il existe ce nouveau courant de pensée qui estime que le cas antillais est en avance sur le reste du monde : c’est-à-dire que le pluriculturalisme s’imposera comme la norme de référence des états. Avec son premier essai d’une centaine de pages, Matthieu Gama nous aide à saisir cette défiance des Guadeloupéens vis-à-vis d’eux-mêmes.
Les impostures de l’universalisme de Louis-Georges Tin (textuel). Louis-Georges Tin est un intellectuel. Un intellectuel engagé. On lui doit, entre autres, la journée mondiale contre l’homophobie, une plus grande visibilité dans l’espace public de la question des réparations. Ces temps-ci, il nous interpelle avec son livre « les impostures de l’universalisme » qui questionne ce principe réapparu dans le discours politique en 1989. Que lui reproche-t-il précisément ? D’évacuer nombre de problèmes sociétaux comme l’homophobie, le sexisme ou les discriminations. «On ne sait pas à quoi renvoie ce concept d’universalisme» insiste-t-il. "Il ne concerne que les élites urbaines françaises, qui pour se légitimer parlent d’universalisme. C’est le mantra d’une bourgeoisie blanche, masculine, qui défend en fait un uniformalisme", autrement dit l’assimilationnisme. "C’est une stratégie de diversion pour ne pas poser les vraies questions." Dans ce petit livre d’entretiens, l’universitaire en fait une brillante démonstration.Très utile pour aider à comprendre l’époque actuelle et le rôle indispensable des associations spécifiques pour contrer cet uniformalisme déguisé.
Musique
Celt’n Ka (le 25 octobre, à 18h15 au Théâtre 13, Paris. Le Mois Kreyol). Attention, le concert de Celt’n Ka initialement prévu le vendredi soir est reporté au dimanche à 18h15 afin de respecter le couvre-feu qui touche la capitale. Il vous faudra donc modifier un peu votre emploi du temps pour voir et écouter le mélange de la musique et de la danse irlandaises avec ses homologues guadeloupéens. Car le mélange du créole et du gaélique, du tambour et de la flute irlandaise c’est tout sauf le mariage de la carpe et du lapin. On parle là de deux cultures fortes et bien identifiées, deux traditions bien vivaces. A voir et à écouter donc dimanche à 18h15.
Nou Pa Dako de Patrick Saint-Eloi. Il y a 10 ans (le 18 septembre 2010) Patrick Saint-Eloi nous quittait. Le 20 octobre de cette année, il aurait eu 62 ans. Pour les nostalgiques, les amoureux, les connaisseurs, lex curieux,voici un titre posthume de PSE avec les arrangements de Frédéric Caracas.