Le marin océanien vient de boucler deux courses qualificatives pour la Mini Transat 2021 à laquelle il espère prendre part. Son apprentissage de la course au large continue. Désormais il va préparer le départ du Vendée Globe de Maxime Sorel, skipper de V and B Mayenne. Une autre corde à son arc.
Heureux qui comme Lomano a fait deux beaux voyages. En bouclant deux courses ces deux dernières semaines, la Mini en Mai (courue paradoxalement en septembre), puis en enchaînant à la fin du mois dernier avec la Duo Concarneau, Lomano Takasi a mené son Moana à bon port. Le voilà désormais avec plus de 615 milles nautiques au compteur, alors qu’il lui en faut 1500 pour se qualifier pour la Mini-Transat dont le départ aura lieu en septembre 2021, des Sables-d’Olonne en direction Saint-François en Guadeloupe. Retour sur les deux premières courses de la carrière du marin futunien installé à Vannes.
Le départ de la première course emmène les "ministes" (les marins qui courent sur ces bateaux de 6m50) de la Trinité-sur-Mer vers le Raz de Sein, puis descente vers l’Île de Ré et retour vers la Trinité. C’est surtout la première course de la vie de Lomano en solo, et le Futunien est un peu timide au départ, peut-être impressionné par l’enjeu.
" J’y allais surtout en mode découverte et j’ai tout de suite eu une bonne vitesse. Je remonte la première nuit, mais avant de passer le Raz de Sein, feu rouge ! Je l’ai passé à contre-courant et dans très peu de vent, j’ai dû m’y reprendre à trois fois et j’ai perdu des places. C’est le métier qui rentre. Et puis en le contournant j’ai subi une migraine horrible. "
Deux options se présentent à lui, soit abandonner et rentrer à Audierne, soit mettre le bateau en mode sécurité sur pilote automatique et essayer de récupérer en mer. C’est-à-dire dormir, en toute sécurité, à allure réduite sous grand-voile et foc, alors que c’est un bord de portant.
" J’ai joué la sécurité pour cumuler les milles nautiques, et j’ai dormi six heures et demi, c’est assez incroyable sur un bateau. Mais j’étais en toute sécurité au large et je savais que je n’allais croiser personne tout en avançant. "
Mais au réveil, il est en fond de classement, au-delà de la 40ème place au large du plateau de Rochebonne. Dans le golfe de Gascogne, Lomano aperçoit alors un Imoca 60 pieds en train de s’entraîner pour le Vendée Globe, Maître Coq de Yannick Bestaven, puis une heure après il entrevoit les voiles des 6.50 du peloton devant lui, double effet dopant immédiat.
" Je me suis alors sorti les tripes, et arrivé à l’Île de Ré j’ai enclenché le mode turbo : en moins de vingt heures j’ai gagné quinze places dans le bord de près face au vent. Dans le petit temps j’ai optimisé la vitesse de mon bateau. "
Lomano finira cette course en solo fatigué mais heureux, en 25è position sur 45 bateaux en course, à un peu plus de dix heures du vainqueur, Léo Debiesse. Et déjà des premiers enseignements à tirer...
" Dans la descente jusqu’à Belle-Ile, on a tenu des moyennes aux alentours de quinze nœuds, avec des pointes de vitesse à vingt nœuds. On arrivait bien à glisser dans le vagues avec mon partenaire à bord. "
Lomano a embarqué dans l’aventure Lilian Mercier, un membre du team de Banque populaire, un jeune régatier de 22 ans. 12è à mi-course, le duo est moins rapide une fois le contournement de Belle-Ile effectué, et perd des places dans la remontée vers Concarneau. Mais Lomano reste positif :
" Avec ces deux courses j’ai identifié mes faiblesses et trouvé des axes de travail pour les entrainements d’hiver. Quand on a évolué dans du près avec du gros temps, c’est là que ça a pêché car ma toute jeune expérience du large m’a fait défaut. Je ne connais pas trop ces conditions-là, c’est très technique. Et puis au portant, je n’avais pas toutes les clefs aussi, comme me placer par rapport à la flotte. Même si dans l’engagement je n’ai rien lâché grâce à mon éducation rugby, mais j’adore la course au large."
Pas de compétitions pour le marin futunien pendant trois mois, tout devrait repartir en 2021, si tout va bien. Les entraînements vont reprendre courant novembre après le départ du Vendée Globe, car d’ici-là il est engagé à temps plein par Maxime Sorel, le skipper de V and B Mayenne.
Lomano est responsable de la logistique et d’une partie de la communication sur les réseaux sociaux de l’Imoca du marin de Saint-Malo.
" Ça va être particulier avec les contraintes sanitaires en terme de village donc on repense toute la stratégie en matière de communication. Et côté logistique on doit anticiper beaucoup plus de choses en amont, car sur place on ne pourra rien faire. On va travailler à Concarneau puis on va convoyer le bateau de Maxime vers les Sables-d'Olonne."
Ce magnifique monocoque vert a pour fétiche un dragon sur les voiles qui envoie du souffle dans les voiles. Maxime Sorel, en tant que parrain national, défend la cause de la mucoviscidose dans cette course autour du monde. Le dragon est le fil conducteur d’un projet qui a de l'allure. Lomano y prend une part prépondérante.
"Lomano est le mec que tout le monde voudrait avoir dans son équipe. Il est doué partout, un vrai couteau suisse, un rôle important dans une petite équipe comme la nôtre. Sur la communication il nous fait de la création avec des montages vidéo, sur l’organisation à terre il est toujours positif, il entreprend beaucoup et il a toujours le sourire. Je l’ai connu en 2018, et j’ai réussi à le récupérer en début de cette année. En 6.50 il a réussi à monter et boucler un chouette projet avec des gros partenaires, c’est rare à ce niveau et en plus il a un très bon bateau", confie le skipper de V and B Mayenne.
Maxime va même aider Lomano en lui mettant à disposition une partie de son équipe pour le chantier d’hiver, pendant que lui sera dans les mers du Sud.
" A Lorient, on va refaire toute la carène avec une belle laque et on va ajuster visuellement le marquage des appendices, les safrans et la quille, aux couleurs de sécurité obligatoires. La remise à l’eau est prévue début janvier juste après Noël," précise Lomano.
Sur les réseaux sociaux, Lomano reçoit de nombreux messages de soutien de la communauté depuis Wallis et Futuna mais aussi de Nouméa. Il y a des retours vers sa famille sur place. Mais pas question de voler vers les îles océaniennes de l’hémisphère sud.
" Je ne pourrai pas y aller tout de suite. J’espérais encore mais avec la saison bouleversée par la crise sanitaire, je vais privilégier les trois premiers mois de l’année 2021 pour me qualifier très tôt. Du coup j’ai pris la décision de faire le circuit méditerranéen pour boucler ma qualification ".
Puis si tout va bien, mi-avril avec son bateau immatriculé 986, il va se consacrer à la performance avec Gauthier Thomas qui sera sans doute son préparateur. Il y aura aussi les stages de Lorient Grand large, la structure à laquelle il appartient désormais. Il sera temps alors de se lancer aussi dans la dernière ligne droite avant le départ des Sables-d’Olonne le 26 septembre 2021.
Fait rare, il va pouvoir consacrer complètement son année 2021 à sa vie professionnelle autour de son bateau. Déjà une première victoire pour le Futunien de Vannes, qui livre une dernière confidence, toujours avec son éternel optimisme : " Je reste compétiteur dans l’âme et se faire mal quand on se retrouve dans des conditions mauvaises c’est un peu sado mais j’aime ça !". Puisqu’il le dit…
L’épreuve du solo
Le départ de la première course emmène les "ministes" (les marins qui courent sur ces bateaux de 6m50) de la Trinité-sur-Mer vers le Raz de Sein, puis descente vers l’Île de Ré et retour vers la Trinité. C’est surtout la première course de la vie de Lomano en solo, et le Futunien est un peu timide au départ, peut-être impressionné par l’enjeu." J’y allais surtout en mode découverte et j’ai tout de suite eu une bonne vitesse. Je remonte la première nuit, mais avant de passer le Raz de Sein, feu rouge ! Je l’ai passé à contre-courant et dans très peu de vent, j’ai dû m’y reprendre à trois fois et j’ai perdu des places. C’est le métier qui rentre. Et puis en le contournant j’ai subi une migraine horrible. "
Deux options se présentent à lui, soit abandonner et rentrer à Audierne, soit mettre le bateau en mode sécurité sur pilote automatique et essayer de récupérer en mer. C’est-à-dire dormir, en toute sécurité, à allure réduite sous grand-voile et foc, alors que c’est un bord de portant.
" J’ai joué la sécurité pour cumuler les milles nautiques, et j’ai dormi six heures et demi, c’est assez incroyable sur un bateau. Mais j’étais en toute sécurité au large et je savais que je n’allais croiser personne tout en avançant. "
Mais au réveil, il est en fond de classement, au-delà de la 40ème place au large du plateau de Rochebonne. Dans le golfe de Gascogne, Lomano aperçoit alors un Imoca 60 pieds en train de s’entraîner pour le Vendée Globe, Maître Coq de Yannick Bestaven, puis une heure après il entrevoit les voiles des 6.50 du peloton devant lui, double effet dopant immédiat.
" Je me suis alors sorti les tripes, et arrivé à l’Île de Ré j’ai enclenché le mode turbo : en moins de vingt heures j’ai gagné quinze places dans le bord de près face au vent. Dans le petit temps j’ai optimisé la vitesse de mon bateau. "
Lomano finira cette course en solo fatigué mais heureux, en 25è position sur 45 bateaux en course, à un peu plus de dix heures du vainqueur, Léo Debiesse. Et déjà des premiers enseignements à tirer...
Le plaisir du duo
La Duo Concarneau est plus un sprint car les organisateurs réduisent la distance à cause des conditions météo. Cette course en double, qui part de Concarneau le 24 septembre contourne Belle-Ile, passe entre Lorient et Groix et revient vers Concarneau. Les conditions cette fois sont toniques, malgré très peu de vent sur le départ, car dès la première nuit, 20 à 30 nœuds soufflent dans une mer très formée, ce qui n’est pas pour déplaire à Lomano." Dans la descente jusqu’à Belle-Ile, on a tenu des moyennes aux alentours de quinze nœuds, avec des pointes de vitesse à vingt nœuds. On arrivait bien à glisser dans le vagues avec mon partenaire à bord. "
Lomano a embarqué dans l’aventure Lilian Mercier, un membre du team de Banque populaire, un jeune régatier de 22 ans. 12è à mi-course, le duo est moins rapide une fois le contournement de Belle-Ile effectué, et perd des places dans la remontée vers Concarneau. Mais Lomano reste positif :
" Avec ces deux courses j’ai identifié mes faiblesses et trouvé des axes de travail pour les entrainements d’hiver. Quand on a évolué dans du près avec du gros temps, c’est là que ça a pêché car ma toute jeune expérience du large m’a fait défaut. Je ne connais pas trop ces conditions-là, c’est très technique. Et puis au portant, je n’avais pas toutes les clefs aussi, comme me placer par rapport à la flotte. Même si dans l’engagement je n’ai rien lâché grâce à mon éducation rugby, mais j’adore la course au large."
Parfois en mer il faut réussir à déconnecter le cerveau, juste avoir des tripes et ne pas avoir peur. On est sur des petites luges sur nos 6.50 et ça glisse fort avec souvent des arrêts brutaux dans les vagues
Cap sur le Vendée Globe
Pas de compétitions pour le marin futunien pendant trois mois, tout devrait repartir en 2021, si tout va bien. Les entraînements vont reprendre courant novembre après le départ du Vendée Globe, car d’ici-là il est engagé à temps plein par Maxime Sorel, le skipper de V and B Mayenne.Lomano est responsable de la logistique et d’une partie de la communication sur les réseaux sociaux de l’Imoca du marin de Saint-Malo.
" Ça va être particulier avec les contraintes sanitaires en terme de village donc on repense toute la stratégie en matière de communication. Et côté logistique on doit anticiper beaucoup plus de choses en amont, car sur place on ne pourra rien faire. On va travailler à Concarneau puis on va convoyer le bateau de Maxime vers les Sables-d'Olonne."
Ce magnifique monocoque vert a pour fétiche un dragon sur les voiles qui envoie du souffle dans les voiles. Maxime Sorel, en tant que parrain national, défend la cause de la mucoviscidose dans cette course autour du monde. Le dragon est le fil conducteur d’un projet qui a de l'allure. Lomano y prend une part prépondérante.
"Lomano est le mec que tout le monde voudrait avoir dans son équipe. Il est doué partout, un vrai couteau suisse, un rôle important dans une petite équipe comme la nôtre. Sur la communication il nous fait de la création avec des montages vidéo, sur l’organisation à terre il est toujours positif, il entreprend beaucoup et il a toujours le sourire. Je l’ai connu en 2018, et j’ai réussi à le récupérer en début de cette année. En 6.50 il a réussi à monter et boucler un chouette projet avec des gros partenaires, c’est rare à ce niveau et en plus il a un très bon bateau", confie le skipper de V and B Mayenne.
Maxime va même aider Lomano en lui mettant à disposition une partie de son équipe pour le chantier d’hiver, pendant que lui sera dans les mers du Sud.
" A Lorient, on va refaire toute la carène avec une belle laque et on va ajuster visuellement le marquage des appendices, les safrans et la quille, aux couleurs de sécurité obligatoires. La remise à l’eau est prévue début janvier juste après Noël," précise Lomano.
La communauté du Pacifique derrière Lomano
Sur les réseaux sociaux, Lomano reçoit de nombreux messages de soutien de la communauté depuis Wallis et Futuna mais aussi de Nouméa. Il y a des retours vers sa famille sur place. Mais pas question de voler vers les îles océaniennes de l’hémisphère sud." Je ne pourrai pas y aller tout de suite. J’espérais encore mais avec la saison bouleversée par la crise sanitaire, je vais privilégier les trois premiers mois de l’année 2021 pour me qualifier très tôt. Du coup j’ai pris la décision de faire le circuit méditerranéen pour boucler ma qualification ".
Puis si tout va bien, mi-avril avec son bateau immatriculé 986, il va se consacrer à la performance avec Gauthier Thomas qui sera sans doute son préparateur. Il y aura aussi les stages de Lorient Grand large, la structure à laquelle il appartient désormais. Il sera temps alors de se lancer aussi dans la dernière ligne droite avant le départ des Sables-d’Olonne le 26 septembre 2021.
« Mes deux premières courses ? C’est un peu comme de l’introspection, car mon mental me parle tout le temps, je me demande ce que je fais là. Mais si j’y suis c’est parce que c’est énorme et mes émotions partent dans tous les sens »
Fait rare, il va pouvoir consacrer complètement son année 2021 à sa vie professionnelle autour de son bateau. Déjà une première victoire pour le Futunien de Vannes, qui livre une dernière confidence, toujours avec son éternel optimisme : " Je reste compétiteur dans l’âme et se faire mal quand on se retrouve dans des conditions mauvaises c’est un peu sado mais j’aime ça !". Puisqu’il le dit…