Ils s'y préparent depuis près de dix ans, l'heure de leur duel a sonné. Les deux ex-présidents malgaches Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina se retrouvent mercredi pour le second tour d'une élection présidentielle dont ils ont fait une affaire toute personnelle.
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Plus de dix millions de Malgaches sont appelés mercredi à élire leur président lors d'un scrutin aux allures de règlement de comptes entre les deux hommes qui écrasent depuis plus de dix ans la vie politique du pays, un des plus pauvres du continent africain.
Cinq ans plus tard, il est réélu dès le premier tour. Ses partisans vantent son ambition et son énergie, ses détracteurs dénoncent sa dérive autoritaire et son affairisme. Ces critiques virent à l'épreuve de force début 2009.
Plus à l'aise en Anglais qu'en Français, Marc Ravalomanana se targue aujourd'hui de son expérience et de la confiance des bailleurs internationaux. Face à la jeunesse de son adversaire, il joue la carte du "père de la Nation" pour "bâtir un Madagascar prospère". "Dada (Papa en malgache") est de retour", a-t-il lancé samedi devant des milliers de partisans enthousiastes réunis dans la capitale.
Président non élu, le trentenaire élégant au visage poupin peine toutefois à rassembler pour sortir le pays de la crise. Ses adversaires lui reprochent alors de "naviguer à vue", d'être "manipulable", "de fermer les yeux" sur le pillage des ressources naturelles et de ne penser qu'à "défendre ses prérogatives", au besoin en faisant arrêter ses rivaux.
Interdit de candidature par la communauté internationale, Andry Rajoelina ne se présente pas à la présidentielle de 2013 et finit par soutenir le parti de son ex-ministre des Finances Hery Rajaonarimampianina, qui l'emporte. Mais très vite, les deux hommes se brouillent. Dès 2016, M. Rajoelina annonce son intention de défaire son ancien protégé dans les urnes.
"Il est inconstant, manipulable, et ne cherche plus qu'à profiter de ses prérogatives", critique Monja Roindefo, son ancien Premier ministre et compagnon de lutte. Lui balaie ces critiques d'un revers de main. "La situation à Madagascar est catastrophique, je voudrais rendre l'espoir et la fierté aux Malgaches", a-t-il dit, "je serai un président du petit peuple qui protège les pauvres".
Coup pour coup
Accusations de corruption, procès en incompétence, petites phrases assassines, Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina se sont rendus coup pour coup pendant deux semaines d'une campagne féroce, marquée du sceau de leurs rancunes personnelles.
Rajoelina en tête
Lors du premier tour le 7 novembre, Andry Rajoelina, 44 ans, a pris un léger avantage en recueillant 39,23% des suffrages, contre 35,35% à Marc Ravalomanana, 69 ans. L'aura des deux hommes et surtout leurs moyens financiers, apparemment sans limite, ont balayé leurs 34 adversaires. Même le sortant Hery Rajaonarimampianina a été réduit au rang de faire-valoir, crédité d'un score humiliant de 8,82%.