En dix jours, Felana Rahantanirina est devenue un pilier de la fronde de la Place du 13 mai. Tous les jours, cette jeune mère de famille malgache vient y crier sa colère contre le président Hery Rajaonarimampianina, accusé de tous les maux du pays.
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"Je suis motivée parce qu'on est jeunes et on ne veut qu'une chose, c'est du travail", lance Felana Rahantanirina, "et puisque le gouvernement n'arrive pas à nous en donner, qu'il dégage !" Autour d'elle, des centaines de personnes se pressent sur l'emblématique place du centre de la capitale Antananarivo pour défier le régime et exiger la démission du chef de l'Etat.
A l'inverse de nombre de ses voisins, Felana a la chance de travailler. Deux matins par semaine, elle se lève à l'aube et file, son fils cadet sur le dos, jusqu'au lavoir du pont de Bekiraro. "Je gagne 5.000 ariary (1,5 euro) par jour et mon mari, qui est docker, gagne 5.000 à 6.000 ariary (1,5 à 2 euros) en moyenne", dit la lavandière, "on ne dépense pas tout car on doit faire des économies pour payer le loyer à la fin du mois".
Face à face meurtrier
Le 21 avril, de violents affrontements y ont opposé la police et des partisans de l'opposition qui défilaient, malgré l'interdiction, contre l'adoption de nouvelles lois électorales jugées partiales à sept mois à peine des scrutins présidentiel et législatifs. Le face-à-face fut meurtrier. Au moins deux morts et 16 blessés dans les rangs des protestataires, qui accusent l'armée et la police d'avoir ouvert le feu à balles réelles.Corruption et pauvreté
Depuis, la Place du 13 mai ne se vide plus. A leurs inquiétudes sur d'éventuelles fraudes électorales, ses occupants ont ajouté d'autres récriminations contre le président Rajaonarimampianina. La corruption de son régime et, surtout, la pauvreté du pays. Selon les statistiques internationales, 90% de ses 25 millions d'habitants vivent avec moins de 2 euros par jour.Boue et poussière
Felana Rahantanirina incarne à elle seule le dénuement de la population de la Grande Ile. A 29 ans, elle partage une pièce d'un mètre sur deux avec son mari et ses deux fils de 10 ans et 6 mois, dans le quartier d'Andranomanalina. Ici, à vingt minutes à peine du centre-ville, la poussière règne en maître lors de la saison sèche, la boue pendant celle des pluies. Pas d'eau courante, pas d'électricité et des toilettes communes qui débordent, à partager avec les voisins."On doit cotiser pour vidanger", explique la jeune femme, dont le sourire ne parvient pas à cacher la gêne. "Mais ici beaucoup sont au chômage, alors très peu peuvent cotiser".
A l'inverse de nombre de ses voisins, Felana a la chance de travailler. Deux matins par semaine, elle se lève à l'aube et file, son fils cadet sur le dos, jusqu'au lavoir du pont de Bekiraro. "Je gagne 5.000 ariary (1,5 euro) par jour et mon mari, qui est docker, gagne 5.000 à 6.000 ariary (1,5 à 2 euros) en moyenne", dit la lavandière, "on ne dépense pas tout car on doit faire des économies pour payer le loyer à la fin du mois".