L'ancien Premier ministre publie un ouvrage dans lequel il revient sur son parcours et ses convictions. Il consacre un chapitre à la Nouvelle-Calédonie, y réaffirmant qu'il "ne souhaite pas l'indépendance" et se dit "un peu inquiet" quant au troisième référendum prévu en 2022.
"Pas une goutte de sang français", c'est le titre du livre de Manuel Valls, qui paraît cette semaine chez Grasset. Un ouvrage dans lequel l'ancien Premier ministre revient sur son parcours, trois ans après son départ à Barcelone, en Espagne. Il y déclare son amour viscéral de la France, sans exclure un retour en politique : "J'ai vieilli. J'ai appris. J'ai l'expérience du pouvoir, du succès, de la chute, du rejet. Et si un jour je pouvais être utile, dans certaines conditions, au nom de qui le refuserais-je ?".
Contre l'indépendance de la Calédonie
Un chapitre de quelques pages est consacré à la Nouvelle-Calédonie. Sans surprise, l'ancien Premier ministre, qui fut également en 2017 et 2018, président de la mission parlementaire sur l'avenir de la Nouvelle-Calédonie, redit son souhait de voir la Nouvelle-Calédonie rester française. Il reprend des mots et des arguments qu'Emmanuel Macron avait lui-même employés en 2018 :
Je ne souhaite pas l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie. Il me semble que la France serait moins belle, moins forte sans son archipel; par ailleurs je reste convaincu que la métropole aide les Calédoniens à résister à une Chine de plus en plus entreprenante, qui tente d'étendre sa zone d'influence à tout le Pacifique.
L'ancien Premier ministre socialiste (qui avait rejoint LREM à l'Assemblée nationale entre 2017 et 2018, avant de quitter son mandat) s'était déjà prononcé en faveur du maintien de la Calédonie dans la France. C'était en février 2018, lors d'un débat au Congrès de Nouvelle-Calédonie :
A l'époque, cette déclaration avait été dénoncée par les indépendantistes.
Le troisième référendum
Concernant le troisième référendum, en 2022, Manuel Valls explique : "J'y pense avec un peu d'inquiétude... Quoi qu'il arrive, il faut avancer, ne rien renier de ce passé tourmenté, mais regarder vers l'avenir, bâtir ensemble".
De 1988 à 2017
Manuel Valls revient sur la "place à part qu'occupe la Nouvelle-Calédonie", dans les Outre-mer, mais également dans son parcours politique. Son premier souvenir remonte à 1988, après les Accords de Matignon signés sous l'égide de Michel Rocard. Alors qu'il est jeune conseiller à Matignon, il explique avoir été associé d'une manière particulière à la préparation du référendum qui a entériné les accords : "Benjamin de l'équipe, je suis dépéché par le directeur de cabinet du Premier ministre pour transférer dans un bureau parisien une sacoche de billets pris sur les fonds secrets pour financer la campagne référendaire... Autres temps, autres moeurs", conclut-il.
En 2014, nommé Premier ministre, il participe aux réunions du Comité des signataires de l'Accord de Nouméa, et explique qu'il "noue avec l'ensemble des acteurs, indépendantistes et non-indépendantistes, une relation directe et de confiance". Il évoque enfin son déplacement en Calédonie, en 2017, en tant que président de la mission parlementaire : "Je prends davantage de temps pour écouter la nouvelle génération politique, pour approfondir ma connaissance de la réalité de l'île. Je découvre que j'y suis très profondément attaché. Comment ne pas se laisser envouter par son histoire, ses paysages, ses traditions, ses coutumes, par les chants mélanésiens ?"