Marc Pulvar, "un pédocriminel" et "un monstre", selon sa fille Audrey Pulvar

Audrey Pulvar était l'invitée de France inter lundi.

Invitée de France Inter ce lundi matin, Audrey Pulvar est revenue sur les accusations d'inceste portées par trois de ses cousines contre son père, Marc Pulvar. "Je suis là en tant que fille d’un pédocriminel, d’un monstre", a expliqué l'adjointe socialiste à la mairie de Paris. 

Audrey Pulvar est revenue, avec beaucoup d'émotion, sur les témoignages de trois de ses cousines qui ont évoqué publiquement, il y a dix jours, les violences sexuelles dont elles ont été victimes de la part de son père, Marc Pulvar, décédé en 2008. Les trois femmes expliquent avoir été agressées, quand elles étaient enfants, par le leader indépendantiste martiniquais. 

"A Paris, c’est pas l’affaire Marc Pulvar"

"Si je me suis tue depuis huit jours, c’est parce que je trouvais important qu’elles puissent s’exprimer, a expliqué Audrey Pulvar, qui n'avait réagi qu'auprès de l'AFP jusqu'ici, apportant son soutien à ses cousines. Mais à Paris, ici en France métropolitaine, c’est pas l’affaire Marc Pulvar, c’est pas la parole des victimes qu’on a entendue, c’est mon nom qui a été mis en exergue." 

Dans une tribune publiée le 6 février dernier, Karine Mousseau, Barbara Glissant et Valérie Fallourd disaient vouloir "en finir avec cette héroïsation du personnage, ne plus jamais lui rendre un quelconque hommage à l'avenir et désormais penser à lui comme il le mérite : Marc Pulvar, alias Loulou pour les intimes, était un prédateur sexuel." Les trois femmes ont pris la parole dans les médias en février 2021, près d'un demi-siècle après avoir été agressées et 20 ans après avoir tenté de déposer plainte. En vain, les faits étant prescrits. 

Professeur de mathématiques, Marc Pulvar a marqué le syndicalisme et la vie politique en Martinique en créant la Centrale syndicale des travailleurs martiniquais puis en co-fondant le mouvement "La Parole au Peuple", qui deviendra par la suite le Mouvement indépendantiste martiniquais. Il est décédé en 2008 à l'âge de 71 ans.

"Depuis 45 ans je sais qu’il s’est passé des choses, confusément"

La candidate aux élections régionales en Île-de-France répondait aux questions de Carine Bécard dans le 7-9 de France Inter. Très émue, la voix tremblante, elle explique avoir pris connaissance des agissements de Marc Pulvar, en 2002, lorsque ses cousines, alors âgées d'une trentaine d'années, se sont confiées à leurs parents : "ces derniers ont parlé à ma mère, qui nous a parlé à mes sœurs et moi, elles ont parlé pour être entendues, écoutées, et crues. Et il y a 20 ans, quand ma mère m’a annoncé ce qu’une de mes cousines avait dit, je l’ai crue." 

J’étais une enfant mais il se passait des choses dont je sentais qu’elles n’étaient pas normales. Il y avait un climat que je ne comprenais pas. Dans ma mémoire, quand ma cousine avait 7 ans, on s’était disputées et elle m’avait dit 'ton père, il met sa main dans ma culotte'. Ça m’avait tétanisée, j’avais 6 ans. Et après, ces souvenirs-là ont été cadenassés dans mon cerveau pendant 25 ans, en revenant par flash, sans que je sache ce que c’était.

Audrey Pulvar

 

Audrey Pulvar dit regretter que ce soit son nom à elle qui soit mis en avant dans le cadre de cette affaire. "Les choses sont un peu moins simples qu’elles n’y paraissent, et je ne suis pas là non plus pour répondre à mes détracteurs, dont je n‘ai pas grand-chose à faire sur ce sujet." L'adjointe socialiste à la mairie de Paris en charge de l'alimentation durable, de l'agriculture et des circuits courts est également tête de liste aux régionales. 

La parole des victimes

Audrey Pulvar a voulu recentrer le débat sur les témoignages de ses cousines, des prises de parole de victimes qui prennent du temps, dit-elle, parfois des années. "Les victimes nous parlent quand elles peuvent parler, quand les conditions sont réunies pour elles pour avoir la force de pouvoir se les dire à soi-même. Le dire à ses parents, puis à un cercle plus large, ça prend du temps. Et quand elles le disent, il faut respecter cette parole, il faut l’entendre, il faut l’écouter, la respecter, et non la dévaloriser en la mettant en doute." 

"Les violences sexuelles en général, et les violences à l’égard des enfants, l’inceste en particulier, sont extrêmement répandues dans l’ensemble de la société. Il ne faut pas seulement écouter la parole des victimes, il faut faire en sorte que ça n’arrive plus. Ce que veulent les victimes, c'est pas d’être protégées, c’est qu’on ne viole plus. Comment chacun et chacune d’entre nous doit se poser la question dont on empêche ce genre de crimes de se produire. Ne faites pas d’elles des victimes permanentes."