Marcus Thuram et les Bleus : "L'équipe de France, c'est un rêve"

A 22 ans, Marcus Thuram est leader de Bundesliga avec son club de Mönchengladbach.
"Champion n'est pas un mot tabou" à Mönchengladbach, lance à l'AFP l'attaquant français Marcus Thuram, la nouvelle star du Borussia qui caracole en tête de la Bundesliga et a vaincu samedi après-midi le Bayern Munich. 
Dans un entretien, le fils de Lilian Thuram, le défenseur guadeloupéen champion du monde en 1998, se confie sur ses ambitions, ses rêves d'équipe de France, sa relation avec son père, recordman des sélections avec les Bleus (142), et ses souvenirs d'enfance avec Lionel Messi à Barcelone.

Question: On sait que vous aviez des contacts avec plusieurs clubs, dont Marseille, pourquoi Mönchengladbach?
Marcus Thuram : "J'ai senti que c'était le club qui me voulait et qui me connaissait le mieux. Ils m'ont expliqué qu'ils m'avaient suivi depuis un certain temps, qu'ils avaient vu beaucoup de mes matches. Et, en fait, ça rassure d'aller dans un club qui vous connaît."
    
Q: "Meister" signifie "champion" en allemand. Vu l'excellent début de saison de votre équipe, leader de Bundesliga, est-ce un mot tabou au club ?
Marcus Thuram : "Ce n'est pas un mot tabou, mais ce n'est pas un mot qu'on prononce. Il faut prendre match après match et on verra à la fin de la saison. Vous savez, la Bundesliga... Chaque week-end je regarde les résultats des adversaires, parfois je comprends, parfois je ne comprends pas, c'est un championnat très ouvert, chaque équipe peut gagner chaque week-end."
Marcus Thuram célèbre la victoire face au Bayern Munich, le 7 décembre 2019, en Bundeliga.

Q: Avec cinq buts et six passes décisives, vous crevez l'écran cette saison. Quel type d'avant-centre êtes-vous?
Marcus Thuram : "Je me définis comme un attaquant qui aime bien créer, qui aime bien faire des passes, marquer. Un attaquant qui prend plaisir à jouer le jeu offensif de son équipe. (...) Je pense que quand on veut être au centre de l'attention, c'est attaquant qu'il faut être."
    
Q: Votre père, champion du monde en 1998 avec les Bleus, suit votre carrière de près. Que vous a-t-il transmis?
Marcus Thuram : "Il m'a transmis ce qu'un père, enfin un bon père, essaye de transmettre à ses enfants : le respect des autres, l'écoute, le travail, et le fait de vivre sa vie de manière joyeuse et de ne pas se lamenter sur son sort. C'est mon père, et même si j'ai 22 ans, ça reste mon père! (rires). Il essaye de regarder mes matches, mais c'est avant tout mon père, il joue son rôle (...). On parle de tout, de foot, de basket. Il a été un très, très grand joueur de foot et il peut donner des conseils."
 

Il a été un très, très grand joueur de foot et il peut donner des conseils.
-- Marcus Thuram

    
Q: Il est très engagé contre le racisme dans le football, est-ce un sujet qui vous touche également?
Marcus Thuram : "Bien sûr qu'en tant que jeune joueur noir ça me préoccupe. Il faut se battre et je suis très fier de ce que mon père fait pour faire évoluer les choses. Je n'ai pas été personnellement victime de racisme dans le football. Mais on est témoin sur les réseaux sociaux et quand on regarde les matches à la télé."
Lilian Thuram
    
Q: Grâce à lui, vous avez côtoyé d'immenses joueurs lorsque vous étiez enfant...
Marcus Thuram : "Oui, une fois, Messi m'a donné une paire de chaussures de football. Je voyais Messi, je voyais les joueurs avec lesquels mon père jouait, pour moi c'étaient des gens que je voyais tous les jours, je ne me rendais pas compte. Et un copain à moi au foot, qui lui voyait Messi comme on doit le voir, était obsédé par mes chaussures. Il a insisté, insisté, et j'ai fini par lui donner les chaussures que Messi m'avait offertes... Quand on est enfant, on ne se rend pas compte!"
    
Q: Cherchez-vous aussi à attirer l'attention du sélectionneur Didier Deschamps, que votre père a bien connu chez les Bleus?
Marcus Thuram : "L'équipe de France pour tout joueur français, c'est un rêve et un aboutissement."
    
Q: La France va débuter l'Euro-2020 contre l'Allemagne. C'est un match qui vous fait rêver? 
 Marcus Thuram : "De jouer contre l'Allemagne? Non. Ce qui me fait rêver c'est de jouer avec l'équipe de France. Après contre n'importe quelle équipe ça me fait rêver, Allemagne, Andorre, Chypre..."