Pour la cantatrice Marie-Laure Garnier, naître à Kourou n’a rien d’anodin. C’est de là que sont lancées toutes les fusées Ariane. La métaphore parfaite selon la chanteuse lyrique pour expliquer qu’avec beaucoup d’énergie et de travail, on peut toucher les étoiles. "Il faut mettre le booster et y aller", dit-elle dans #MaParole.
1Soif de musique
Son père travaillait au Centre spatial guyanais et sa mère dans le social. A la maison, selon Marie-Laure Garnier, il y avait une grande ouverture sur le monde. Sans trop se poser de questions, Marie-Laure a fait de la musique son occupation favorite dès l’âge de 4 ans. A Kourou où elle a grandi, elle a commencé, comme sa sœur, par la flûte traversière. Enfant, elle fréquentait assidûment l’école de musique au point de participer à tous les ateliers possibles et imaginables. Musiques traditionnelles, chorales, cours d’instruments, dès qu’elle pouvait s’inscrire, elle y allait.
A l’âge de 8 ans, une envie irrésistible d’apprendre le piano l’a incitée, alors qu’il n’y avait pas de places pour elle, à suivre des cours sans jouer. A force d’écouter et de regarder le prof de piano, elle a demandé à son père de lui acheter un clavier. Sur un jouet qui n’avait que deux octaves, la musicienne a reproduit inlassablement un morceau de musique écouté en classe. Elle a ensuite demandé à être auditionnée par des professeurs et a obtenu de haute lutte à entrer enfin en classe de piano, en plus de la flûte traversière. Première victoire !
2De la flûte au chant
Remarquée par tous ses professeurs de musique, Marie-Laure Garnier a été vivement encouragée à partir se former à Paris comme instrumentiste. A l’âge de 14 ans, elle est donc entrée au Conservatoire à rayonnement régional en classe de flûte traversière. Mais très vite, le chant l’a rattrapée. En fait, pendant toute son enfance, elle chantait sans vraiment s’en rendre compte dans trois ou quatre chorales à l’école de musique ou à l’église, les dimanches, lors de cérémonies. Un jour, l’un de ses prof lui a proposé de s’inscrire à la maîtrise de Paris. Elle a réussi le concours et a passé "sa meilleure vie" rythmée par des concerts à la salle Pleyel et des rencontres avec de grands chefs d’orchestre. Marie-Laure Garnier s’est dit qu’elle aimait cette vie-là.
C’est donc logiquement que la Guyanaise a décidé de préparer le concours du Conservatoire national de musique et de danse de Paris en chant. Elle a préféré mettre en avant sa voix plutôt que ses talents d’instrumentiste. "Je savais que je n’étais pas au niveau en flûte traversière" dit-elle. Mais cette maîtrise de l’instrument lui a beaucoup servi par la suite pour devenir cantatrice.
Pendant sept ans, elle a travaillé sa voix. Une vraie école de la patience. En parallèle, elle a monté un groupe de gospel dont elle était chef de chœur. Un pur bonheur pour cette jeune femme qui aime, avant tout, partager son amour de la musique.
3Voix des Outre-mer
A l’Opéra, Marie-Laure Garnier a fait ses premiers pas dans le rôle de Ghérilde dans la Walkyrie de Wagner sur la scène du Capitole de Toulouse. Elle a aussi créé avec une camarade du Conservatoire, Célia Onéto Bensaid, un duo de musique baptisé Nitescence. Ensemble, elles ont enregistré plusieurs CDs et joué aux quatre coins de l’Europe.
En 2019, Marie-Laure Garnier a choisi de participer au concours Voix des Outre-mer créé par le chanteur lyrique martiniquais Fabrice di Falco. Elle a remporté le premier prix de la première édition. Deux ans après, elle a été sacrée Révélation artiste lyrique aux Victoires de la musique classique.
Sur cette lancée, elle a continué à jouer en duo avec sa camarade du conservatoire. Elle a également chanté dans plusieurs pays en Allemagne, en Italie, en Grande-Bretagne, en Espagne et en Russie. Elle se produit régulièrement en Guyane. A l’Opéra, on l’a vu dans le rôle de Tosca de Puccini, d’Ygraine dans Ariane et Barbe Bleue de Dukas. Elle a aussi interprété Junon dans Platée de Rameau mis en scène par Shirley et Dino au théâtre de Versailles en mai 2022.
♦♦ Marie-Laure Garnier en 5 dates ♦♦♦
►1990
Naissance à Kourou
►2009
Entrée au Conservatoire national supérieur de Paris
►2013
Prix Adami Révélation
►28 janvier 2019
Prix Voix des Outre-mer
►24 février 2021
Révélation artiste lyrique aux Victoires de la musique classique
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