Marius Trésor : "Je regarderai la coupe du monde chez moi tranquillement devant ma télé " #MaParole

Il a connu la grande épopée des Bleus dans les années 70 et 80, le fameux match face à l’Allemagne au Mondial de 1982. Le Guadeloupéen Marius Trésor témoigne dans #MaParole et nous donne ses impressions avant la Coupe du monde au Qatar.

Cécile Baquey • Publié le 15 novembre 2022 à 09h59, mis à jour le 30 mai 2023 à 14h59

Quelle carrière ! 516 matches joués en championnat et 65 en équipe de France. En 15 ans, Marius Trésor, premier capitaine de l’équipe de France antillais, aura connu un parcours exceptionnel. Quelques jours avant la coupe de monde au Qatar, nous lui avons demandé dans le troisième épisode de #MaParole ce qu’il pensait du choix du Qatar et s’il était optimiste concernant l’équipe de France.

1 Ajaccio-Marseille

Sainte-Anne, terre de champions. Dans #MaParole, nous avons déjà interviewé Mathieu Bastareaud, qui parlait de cette commune, terreau fertile pour les sportifs de haut niveau. Et bien, c’est également à Sainte-Anne que Marius Trésor a grandi. Ses parents travaillent dans les champs de canne à sucre. Lui, passe beaucoup de temps sur la plage à jouer au football. À l’époque, il fabrique son ballon de manière artisanale, avec du papier journal mouillé. A 8 ans, Marius Trésor entre à la Juventus de Sainte-Anne. Il s’épanouit dans ce club jusqu’à ses 18 ans. Avec la Juventus, il est champion de la Guadeloupe en 1969. Repéré par l’AC Ajaccio, il finit après plusieurs relances par courrier à rejoindre le club. Au début, il prend ses marques, accepte de jouer en défense et s’impose tout doucement comme un élément clef de l’équipe. En deux ans, l’AC Ajaccio passe de la 16^e place en championnat de France à la 6^e. En 1972, Marius Trésor est désigné joueur français de l’année par France Football.

Après trois saisons à Ajaccio, Marius Trésor choisit de rejoindre l’OM. Avec son prénom typiquement marseillais, le footballeur guadeloupéen est rapidement adopté. Pendant huit ans, Marius Trésor va vivre les hauts et les bas de l’Olympique de Marseille. Pour les hauts, il y a la coupe de France gagnée en 1976. Marius Trésor, capitaine de l’équipe, a l’honneur de la lever devant le président de la République de l’époque, Valéry Giscard d’Estaing. Les bas, ce sont les relations avec le staff quand en 1979, Marius Trésor souhaite partir au Bayern de Munich. Transfert refusé.

2 Girondins-Séville

Après sa huitième saison à l’OM, le footballeur rejoint les Girondins de Bordeaux, époque Claude Bez. Dans les années 80, les Girondins dominent le football français et Marius Trésor se sent pleinement heureux dans cette équipe pleine de panache. D’autant que grâce aux Girondins, il poursuit son parcours en équipe de France. Après l’Argentine en 1978, il participe à l’épopée des Bleus en Espagne en 1982. La fameuse demi-finale du 8 juillet 1982 à Séville reste un traumatisme dans l’histoire du foot français. Marius Trésor raconte qu’il n’a jamais digéré cette défaite. Car non seulement l’arbitrage a été des plus étranges. On se souvient de Patrick Battiston sur le sol, ayant perdu connaissance après l’attaque du gardien de but Harald Schumacher, nullement sanctionné. Une honte ! Mais en plus, les Français ont dominé 3-1 en début de prolongation. Les Allemands ont rattrapé leur retard et ont finalement battu les bleus aux tirs au but. Une énorme déception pour Marius Trésor qui soupçonne la FIFA d’avoir saboté le match.

hidalgo trésor — Marius Trésor et Michel Hidalgo en Mai 1982 à Lyon avant le mondial espagnol

3 Mondial au Qatar

Après 15 années de foot au plus haut niveau, Marius Trésor a commencé à ressentir de sérieux problèmes au dos. Il n’a pas pu participer aux matches des Girondins qui ont mené à la victoire en championnat de France en 1984, mais il n’est pas oublié. Au contraire. Le soir de la victoire, le 2 mai 1984, alors qu’il a un mal de dos terrible, il défile avec les gagnants à domicile.

C’est donc logiquement, après avoir officiellement dit au revoir au football pour des raisons de santé, que Marius Trésor reste dans le staff des Girondins. Le Guadeloupéen compte bien vivre encore longtemps dans le Médoc, entouré des siens.

Alors que se profile la coupe du monde au Qatar, nous avons demandé à Marius Trésor son avis sur le choix du site très contesté pour des raisons humanitaires et écologiques. On parle de 6000 ouvriers morts dans les chantiers. Les stades vont nécessiter la climatisation et en raison du manque de logements, les supporters vont devoir venir en avion de Dubaï ou d’ailleurs.

Nous avons aussi demandé à Marius Trésor ce qu’il pensait de l’équipe de France actuelle. Le football a bien changé depuis les années 80. L’argent et la starification y règnent en maîtres. Les footballeurs sont devenus de personnalités inatteignables, se déplaçant en jet privé et suscitant à la fois admiration et critiques.