Les plantes médicinales de Martinique remises au goût du jour par des passionnés qui entendent bien faire connaître les propriétés de ces espèces traditionnelles.
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Elles s'appellent doliprane ou efferalgan, mais n'ont rien à voir avec le médicament. Sous le soleil des Antilles, ces plantes, comme d'autres aux noms plus exotiques, sont consommées depuis toujours pour soigner les maux de la population. Certains y sont restés très attachés et entendent bien les remettre au goût du jour, comme Rémi Asensio, chapeau à larges bords vissé sur la tête, qui arpente son hectare de terrain au coeur de la campagne du Gros Morne, en Martinique.
Voilà près de sept ans que cet agronome et son épouse ingénieure chimiste martiniquaise se sont lancés. "On était salariés et on sentait qu'on allait avoir des difficultés dans nos carrières. Et il commençait à y avoir des communications sur les 'plantes libérées' (du monopole pharmaceutique, ndlr). On s'est dit 'pourquoi pas ?'". Ainsi est née leur Herboristerie Créole. Ils ont d'abord proposé des compléments alimentaires en gélules avant de se lancer dans les infusions vendues en pharmacies et épiceries fines: "les Martiniquais préfèrent. Ca leur rappelle leur grand-mère". Car les plantes médicinales ont longtemps été consommées aux Antilles en tisane mais aussi en bain ou en application cutanée.
Un savoir acquis au fil du temps qu'elle a transmis à sa fille. Sa principale crainte c'est que "les gens d'ailleurs viennent prendre notre culture ici et la transforment comme ils veulent. Nous les petites marchandes, ça nous inquiète. On nous dira un jour qu'on n'a pas fait les études nécessaires pour vendre ces plantes".
Ces recherches, financées par l'Europe et la Région, ont donné des résultats précieux qui permettent désormais un développement économique encadré. Par exemple, "le PARM a déposé un brevet sur l'activité anti-microbienne du Chardon Béni pour permettre à une entreprise locale de valoriser cette activité notamment sur le champ cosmétique" et de "développer des produits à base d'huile essentielle de cette plante".
De son côté, la chambre d'agriculture se mobilise avec des parcelles expérimentales dédiées à la culture de ces plantes. Pour Sandra Adenet, il y a un véritable marché international du phyto-médicament à portée de la Martinique. Mais elle le concède: "la démarche est longue et difficile".
Atoumos et citronnelles
Chaque semaine, cet originaire du Sud-Ouest passe en revue la quarantaine d'espèces végétales qu'il a plantées. Les atoumos avec leurs fleurs rose et blanches, les petites feuilles dentelées de la brisée et les bottes touffues de citronnelles. Autant de plantes qu'il transforme ensuite en tisanes.Voilà près de sept ans que cet agronome et son épouse ingénieure chimiste martiniquaise se sont lancés. "On était salariés et on sentait qu'on allait avoir des difficultés dans nos carrières. Et il commençait à y avoir des communications sur les 'plantes libérées' (du monopole pharmaceutique, ndlr). On s'est dit 'pourquoi pas ?'". Ainsi est née leur Herboristerie Créole. Ils ont d'abord proposé des compléments alimentaires en gélules avant de se lancer dans les infusions vendues en pharmacies et épiceries fines: "les Martiniquais préfèrent. Ca leur rappelle leur grand-mère". Car les plantes médicinales ont longtemps été consommées aux Antilles en tisane mais aussi en bain ou en application cutanée.
Thé, bains, frictions
Sur le marché de Fort-de-France, Géonie Tobinord est l'une des rares à tenir un étal exclusivement composé de ces plantes. Chaque matin depuis 10 ans, elle déballe ses herbes et compose des bouquets en fonction des demandes de chacun. "Les plantes qui marchent le mieux, c'est la menthe glaciale et le basilic. Les gens font du thé, des bains, des frictions, tout ce qu'ils veulent."Un savoir acquis au fil du temps qu'elle a transmis à sa fille. Sa principale crainte c'est que "les gens d'ailleurs viennent prendre notre culture ici et la transforment comme ils veulent. Nous les petites marchandes, ça nous inquiète. On nous dira un jour qu'on n'a pas fait les études nécessaires pour vendre ces plantes".
Développement économique
Le Pôle Agroressources et de Recherche de Martinique (PARM) fait partie de ceux qui veulent développer l'utilisation des plantes aromatiques et médicinales martiniquaises. En 2012, lorsque la pharmacopée française a intégré plusieurs nouvelles plantes antillaises, cet institut s'est penché sur la composition de 24 espèces afin de faire "le lien entre une activité déclarée au niveau traditionnel et une activité prouvée de façon scientifique", explique Sandra Adenet, responsable du Pôle Recherche et Développement du PARM.Ces recherches, financées par l'Europe et la Région, ont donné des résultats précieux qui permettent désormais un développement économique encadré. Par exemple, "le PARM a déposé un brevet sur l'activité anti-microbienne du Chardon Béni pour permettre à une entreprise locale de valoriser cette activité notamment sur le champ cosmétique" et de "développer des produits à base d'huile essentielle de cette plante".
Cosmétique ou cuisine
A cela s'ajoutent des ateliers, des formations, des sensibilisations sur l'utilisation des plantes. Le PARM met aussi à disposition ses laboratoires dernier cri pour permettre aux entrepreneurs de travailler sur leurs produits. Ces dix dernières années, les sociétés de cosmétiques se sont véritablement intéressées aux plantes locales. Des herbes et des fleurs qui font aussi leur grand retour dans la cuisine. "Des entreprises en place, des porteurs de projet mais aussi des restaurateurs veulent réintroduire les plantes aromatiques et médicinales dans leurs préparations au quotidien", assure Sandra Adenet.De son côté, la chambre d'agriculture se mobilise avec des parcelles expérimentales dédiées à la culture de ces plantes. Pour Sandra Adenet, il y a un véritable marché international du phyto-médicament à portée de la Martinique. Mais elle le concède: "la démarche est longue et difficile".