Mayotte "a besoin de mesures exceptionnelles" pour mettre fin à "un facteur d'attraction énorme", estime la ministre déléguée aux Outre-mer

Marie Guévenoux, ministre déléguée chargée des Outre-mer, et Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur et des Outre-mer, le 9 février 2023, à Paris.
Mayotte est un "département français qui vit une situation exceptionnelle et qui a besoin de mesures exceptionnelles pour l'aider à sortir de la situation dans laquelle il est", a estimé ce lundi sur franceinfo la nouvelle ministre déléguée aux Outre-mer Marie Guévenoux, au lendemain de l'annonce de Gérald Darmanin d'une révision constitutionnelle destinée à supprimer le droit du sol dans le 101e département français.

"On mettra fin au droit du sol à Mayotte parce que les conditions de Mayotte le justifient", a affirmé la ministre déléguée, qui a accompagné le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin sur l'île de l'océan Indien.

Mayotte est paralysé depuis le 22 janvier par des blocages et des barrages routiers installés par des "collectifs citoyens" qui protestent contre l'insécurité et l'immigration incontrôlée. Selon elle, le droit du sol constitue "un facteur d'attraction énorme". 

Le droit du sol dans le viseur du Gouvernement

Mayotte "vit une crise migratoire extrêmement forte, avec des Comoriens, mais aussi des Africains, des pays des Grands Lacs qui viennent, pensant pouvoir bénéficier pour une partie d'entre eux du droit du sol, c'est-à-dire du fait d'avoir un enfant sur le sol français qui leur permet ensuite d'avoir un titre de séjour", a-t-elle expliqué.

"On estime globalement que les raisons familiales dans l'immigration, dans les mouvements migratoires, elles portent sur 80 % à 90 % des mouvements", a-t-elle détaillé. Pour Marie Guévenoux, la fin du droit du sol à Mayotte permettra notamment de supprimer les titres de séjour territorialisés, un dispositif empêchant les détenteurs d'un titre de séjour mahorais de venir dans l'Hexagone et dont les collectifs d'habitants en colère demandent la suppression.

Une mesure qui doit passer par une révision constitutionnelle dont le calendrier sera décidé par le président de la République, a précisé la ministre déléguée aux Outre-mer. "Ce sera au président de décider de la façon dont il souhaite faire adopter des réformes de la Constitution", a-t-elle souligné. Pour voter une révision constitutionnelle, il faut la majorité des trois cinquièmes au Congrès.

De son côté, le Président de la République recevra cet après-midi les ministres de l'Intérieur Gérald Darmanin et déléguée aux Outre-mer Marie Guévenoux. "On voit le président tout à l'heure en fin d'après-midi, on lui fera le retour de notre déplacement à Mayotte", a déclaré la nouvelle ministre au micro de Franceinfo. 

Reconquête et le RN sur la même lignée

"Aujourd'hui le droit du sol détruit la France, il faut supprimer le droit du sol", lance ce lundi Eric Zemmour sur France 2, au lendemain des annonces de Gérald Darmanin. Pour l'ancien candidat Reconquête à la présidentielle, "Mayotte, c'est le miroir grossissant et en accéléré de la France", juge-t-il. "Ce qui arrive à Mayotte, c'est ce qui va arriver en France". 

"C'est un bon début puisque ça fait maintenant 20 ans que nous réclamons la suppression du droit du sol pour l'intégralité du pays du sol français" a déclaré Jordan Bardella au micro de franceinfo.

"On progresse, mais craint que la situation soit extrêmement mal engagée", ajoute le président du RN.