A Mayotte, certains clandestins profitent de leur ressemblance avec des Mahorais pour rejoindre la métropole. Derrière ce phénomène se cacherait tout un réseau de trafic de papiers d'identité.
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On les appelle les "look alike": à Mayotte, des clandestins utilisent de manière frauduleuse les documents administratifs français d'une personne leur ressemblant physiquement pour embarquer à bord d'un vol à destination de la métropole. Depuis plusieurs années, le 101e département français représente une porte d'entrée vers la métropole pour des centaines de clandestins par an et notamment des étrangers des îles voisines des Comores qui tentent de rallier Paris par avion.
Ce phénomène "récurrent (...) augmente", selon le directeur adjoint de la police aux frontières (PAF), Cyril Nadal, soit "parce qu'il y a plus de candidats (au voyage) qui veulent partir", soit parce que les policiers sont davantage aguerris à l'identification de ce type de migrants. A l'aéroport de Pamandzi, les agents chargés des contrôles d'identité sont spécialement formés pour détecter ces "look alike" (to look alike en anglais, ressembler), a-t-il expliqué.
Sur le vol Dzaoudzi-Paris, Fathi Eshaiek, agent de la PAF, n'hésite pas à interroger longuement certains passagers sur leur nationalité, leur lieu de résidence, le motif de leur voyage voire à demander d'autres pièces d'identité ou des copies de diplômes pour attester, par exemple, de la véracité d'une histoire. "On gratte, on cherche, on ne se fie pas qu'à la photo d'identité", a confirmé Cyril Nadal. Il évoque deux types de fraude : la falsification de pièces d'identité par grattage ou substitution de photographie, et l'usage frauduleux de documents authentiques.
Ce jour-là, les fonctionnaires ont interpellé quatre "look alike", trois enregistrés sur un vol à destination de Paris, un autre pour La Réunion. Les documents sont généralement "prêtés ou vendus" par des "réseaux structurés" de trafic de papiers qui alimentent "un marché parallèle", a précisé Cyril Nadal.
Les migrants proviennent majoritairement des îles voisines des Comores dont Anjouan, la plus proche, est située à 70 km des côtes mahoraises. Cependant, des Africains de la région des Grands lacs et des Malgaches tentent également de rallier la métropole par ce biais, a dévoilé Cyril Nadal. En 2018, Mayotte a procédé à plus de 15.000 reconduites aux frontières, selon la préfecture.
Lorsqu'ils sont auditionnés par les forces de l'ordre, les "look alike" relatent souvent la même histoire : "J'ai trouvé (cette pièce d'identité) par terre, vers la mosquée", "sur la plage, (...) à côté d'un arbre" ou encore "sur la zone des taxis à Mamoudzou", le chef-lieu de Mayotte. "Comme je trouvais que la femme sur la pièce d'identité me ressemblait, je me suis dit que ça valait le coup [d'essayer]", a encore déclaré une Comorienne aux policiers.
Ces récits ont été rapportés par le juge Daniel Rodriguez lors d'une audience correctionnelle. Le tribunal de Mamoudzou doit régulièrement se pencher sur les cas de ces migrants, souvent en leur absence, ces derniers ayant déjà été reconduits aux frontières avant même que leur procès n'ait lieu. "Jusqu'à une dizaine (de dossiers sont traités) par semaine de permanence", a précisé un substitut du procureur à l'AFP.
Mais malgré ces déclarations des personnes interpellées, les documents sont généralement "prêtés ou vendus" par des "réseaux structurés" de trafic de papiers qui alimentent "un marché parallèle", a précisé Cyril Nadal. Le candidat isolé est "rare" car souvent, les "look alike" ont été au préalable "repérés par des rabatteurs (appartenant à des) organisations" criminelles.
L'une d'entre elles a été identifiée en février et les premiers éléments de l'enquête ont révélé que les passagers payaient entre 4.000 et 5.000 euros pour la facilitation du passage aux contrôles de police à l'aéroport ainsi que la fourniture de la pièce d'identité. Des agents de la police aux frontières de l'aéroport de Mayotte sont soupçonnés d'être impliqués dans ce réseau.
Ce phénomène "récurrent (...) augmente", selon le directeur adjoint de la police aux frontières (PAF), Cyril Nadal, soit "parce qu'il y a plus de candidats (au voyage) qui veulent partir", soit parce que les policiers sont davantage aguerris à l'identification de ce type de migrants. A l'aéroport de Pamandzi, les agents chargés des contrôles d'identité sont spécialement formés pour détecter ces "look alike" (to look alike en anglais, ressembler), a-t-il expliqué.
Vérifications d'identité poussées
Sur le vol Dzaoudzi-Paris, Fathi Eshaiek, agent de la PAF, n'hésite pas à interroger longuement certains passagers sur leur nationalité, leur lieu de résidence, le motif de leur voyage voire à demander d'autres pièces d'identité ou des copies de diplômes pour attester, par exemple, de la véracité d'une histoire. "On gratte, on cherche, on ne se fie pas qu'à la photo d'identité", a confirmé Cyril Nadal. Il évoque deux types de fraude : la falsification de pièces d'identité par grattage ou substitution de photographie, et l'usage frauduleux de documents authentiques.Ce jour-là, les fonctionnaires ont interpellé quatre "look alike", trois enregistrés sur un vol à destination de Paris, un autre pour La Réunion. Les documents sont généralement "prêtés ou vendus" par des "réseaux structurés" de trafic de papiers qui alimentent "un marché parallèle", a précisé Cyril Nadal.
15 000 reconduites aux frontières en 2018
Les migrants proviennent majoritairement des îles voisines des Comores dont Anjouan, la plus proche, est située à 70 km des côtes mahoraises. Cependant, des Africains de la région des Grands lacs et des Malgaches tentent également de rallier la métropole par ce biais, a dévoilé Cyril Nadal. En 2018, Mayotte a procédé à plus de 15.000 reconduites aux frontières, selon la préfecture.Lorsqu'ils sont auditionnés par les forces de l'ordre, les "look alike" relatent souvent la même histoire : "J'ai trouvé (cette pièce d'identité) par terre, vers la mosquée", "sur la plage, (...) à côté d'un arbre" ou encore "sur la zone des taxis à Mamoudzou", le chef-lieu de Mayotte. "Comme je trouvais que la femme sur la pièce d'identité me ressemblait, je me suis dit que ça valait le coup [d'essayer]", a encore déclaré une Comorienne aux policiers.
Ces récits ont été rapportés par le juge Daniel Rodriguez lors d'une audience correctionnelle. Le tribunal de Mamoudzou doit régulièrement se pencher sur les cas de ces migrants, souvent en leur absence, ces derniers ayant déjà été reconduits aux frontières avant même que leur procès n'ait lieu. "Jusqu'à une dizaine (de dossiers sont traités) par semaine de permanence", a précisé un substitut du procureur à l'AFP.
"Réseaux structurés" de trafic de papiers
Mais malgré ces déclarations des personnes interpellées, les documents sont généralement "prêtés ou vendus" par des "réseaux structurés" de trafic de papiers qui alimentent "un marché parallèle", a précisé Cyril Nadal. Le candidat isolé est "rare" car souvent, les "look alike" ont été au préalable "repérés par des rabatteurs (appartenant à des) organisations" criminelles. L'une d'entre elles a été identifiée en février et les premiers éléments de l'enquête ont révélé que les passagers payaient entre 4.000 et 5.000 euros pour la facilitation du passage aux contrôles de police à l'aéroport ainsi que la fourniture de la pièce d'identité. Des agents de la police aux frontières de l'aéroport de Mayotte sont soupçonnés d'être impliqués dans ce réseau.