"C'est un succès, notre appel a été entendu par les maires, 15 sur 17 ont signé un arrêté pour fermer les écoles", s'est félicité Madi Madi Souf, le président de l'association des maires de Mayotte, à l'origine de ce mouvement inédit. "Et quand ça n'a pas été le cas, comme à Bandraboua (au nord de Grande-Terre, NDLR), c'est la population qui a suivi et qui n'a pas amené les enfants à l'école", s'est-il réjoui.
Des "collectifs citoyens" mahorais se sont associés au mouvement en appelant la population à se rassembler à Mamoudzou, le chef-lieu du département, où quelque 200 personnes ont manifesté, arborant des salouvas (le pagne traditionnel) aux couleurs de Mayotte. "Aujourd'hui, les élus se sont mobilisés, pour une fois, alors nous ne pouvons pas ne pas soutenir cela mais nous allons nous assurer d'aller au bout", a promis Safina Soula Abdallah, présidente du collectif des citoyens 2018.
Délinquance élevée
L'île, théâtre régulier d'affrontements entre bandes ou avec les forces de l'ordre, connaît une délinquance élevée, bien plus importante qu'en France métropolitaine. Le nombre de dépôts de plaintes pour cambriolage y est quatre fois supérieur, et les agressions physiques beaucoup plus violentes. Cette insécurité se nourrit d'une grande pauvreté : 194.000 Mahorais, soit 74% de la population, vivent avec un niveau de vie inférieur à 50% de la médiane nationale, selon l'Insee.
En recevant jeudi les élus à l'origine de la protestation, le préfet du département, Thierry Suquet, "s'est engagé à ce que les forces de l'ordre empêchent les délinquants de venir sur la route nationale et s'attaquent à eux dans les hauteurs (les collines où les bidonvilles sont légion, NDLR)", a rapporté le président de l'association des maires. "Il s'est aussi engagé à accélérer très fortement le rythme des décasages (destructions de bidonvilles, NDLR) en collaboration avec les maires", a-t-il ajouté.
Si le mouvement continue pour une "durée indéterminée", a encore indiqué Madi Madi Souf, il s'est engagé à ce qu'il ne soit pas "incontrôlable" comme en 2018 : cette année-là, barrages et manifestations avaient totalement paralysé l'île pendant un mois et demi.