Mayotte: nouvelle action d'expulsion d'étrangers par des villageois

Campement de familles expulsées la semaine dernière de Choungui
Une nouvelle action "d'expulsion pacifique contre l'immigration clandestine" visant particulièrement la population comorienne a eu lieu dimanche à Mayotte, à l'appel d'un collectif d'habitants d'une commune de l'île. 
Plus d'une centaine de villageois ont sillonné les rues de Bouéni (sud), tapant avec des bâtons sur des casseroles et chantant, et pénétré dans les habitations de tôles des personnes qu'ils souhaitaient déloger de force. La plupart des cases étaient vides, les occupants, alertés, ayant déserté leurs habitations.

Les membres du collectif ont menacé verbalement les journalistes présents ainsi que des citoyens venant manifester pacifiquement contre ces expulsions, les sommant de quitter les lieux. Cette opération est la quatrième recensée depuis janvier. Près d'un millier de personnes, selon la Cimade (association de défense des droits des étrangers), ont déjà été expulsées de leurs habitations, parfois détruites, dans les villages de Tsimkoura, Poroani et Choungi (sud).
 

Les gendarmes veillent à contenir les éventuels débordements violents

Parmi celles-ci, des femmes et enfants, ayant parfois passé la nuit dehors sur le bord de la route; certaines personnes en situation régulière ont pu être relogées par des associations, d'autres en situation irrégulière ont été reconduites à la frontière par les forces de l'ordre. Présents sur le terrain, les gendarmes veillent à contenir les éventuels débordements violents. Dimanche matin, ils étaient près d'une trentaine à Bouéni et ont bloqué en milieu de matinée le passage aux habitants de la commune sur ordre de la Préfecture. En parallèle, à Koungou (nord), des résidents démantelaient des cases construites dans la semaine, en présence de forces de l'ordre, a constaté une journaliste de l'AFP.
 

De nouvelles opérations sont prévues

Mayotte subit une forte pression migratoire des îles voisines des Comores et les tensions entre communautés s'exacerbent. Sur les tracts des différents collectifs, il est reproché aux "étrangers", "vols, agressions et meurtres au quotidien", "délinquance juvénile et chômage en masse", "écoles surchargées" et "système de santé débordé", entre autres. De nouvelles opérations sont prévues le 22 mai à M'tsamboro (nord) et le 5 juin à Kani-Kéli (sud).