Dans le 101e département français, le gouvernement a amorcé une vaste opération baptisée Wuambushu ("reprise" en mahorais) contre la délinquance et contre l'immigration illégale.
Les autorités veulent procéder au "décasage" de quartiers insalubres, souvent squattés, et à des expulsions d'étrangers en situation irrégulière, pour la plupart originaires des Comores voisines. Plus de 1.800 policiers et gendarmes sont mobilisés.
"Cette 'action spectaculaire' de destructions de bidonvilles et d'expulsions massives promise par Gérald Darmanin annonce de multiples violences et atteintes au droit", estime l'UCIJ-2023, qui rassemble 400 associations et syndicats, dont la Ligue des droits de l'Homme (LDH).
"La mobilisation se poursuit pour continuer à dénoncer ces projets du gouvernement qui stigmatisent et criminalisent les migrants", a déclaré Cybèle David (Union syndicale solidaires), lors d'une conférence de presse.
Mayotte, "zone de non-droit"
La vice-présidente de la LDH Marie-Christine Vergiat a pour sa part dénoncé une "politique répressive" du gouvernement vis-à-vis des migrants, "qui oublie totalement la question sociale".
"Mayotte est une zone de non-droit, quasiment toutes les législations à Mayotte sont des législations d'exception. C'est particulièrement vrai en matière de droit des étrangers, c'est vrai aussi pour les expulsions locatives", a-t-elle indiqué.
"Mayotte, c'est une situation aberrante et, là aussi, on veut régler la situation de misère sociale par la répression et en désignant les étrangers en boucs émissaires. C'est parfait pour expliquer le non-investissement de la métropole dans ce territoire oublié de la République", a ajouté la vice-présidente de la ligue.
L'association Droit au logement (DAL) a également appelé dimanche à stopper l'opération Wuambushu qu'elle qualifie de "brutale" et d'"anti-pauvres".
Préparatifs avant la démolition
Des préparatifs ont été menés lundi dans un bidonville de la commune de Koungou à Mayotte, à la veille de la première opération d'expulsion prévue ce mardi à 6h (heure de Mamoudzou), a constaté une journaliste de l'AFP.
"C'est le dernier jour de préparation avant la démolition de demain", a indiqué Psylvia Dewas, chargée de projet sur l'habitat insalubre à la préfecture de Mayotte, coordinatrice des opérations de décasage initiées il y a un an.
Au total, 85 familles sont sous le coup d'une expulsion. Des marquages ont été apposés à l'aube sur 20 habitations qui seront épargnées car sous le coup d'une procédure de référé, a précisé Mme Dewas.
Le quartier de "Talus 2" est un enchevêtrement de tôles bleues et grises, accroché à une colline, où plus d'une centaine de familles d'origine comoriennes vivent, certaines depuis 35 ans, dans des conditions précaires.