Mayotte : un couvre-feu instauré à partir de ce mardi soir

Bruno Retailleau, le ministre démissionnaire de l’Intérieur, est arrivé à Mayotte, aux côtés de François Noël-Buffet et de Thani Mohamed Soilihi
Un couvre-feu sera mis en place à partir de ce mardi 17 décembre dans l'archipel de Mayotte après le passage dévastateur et meurtrier du cyclone Chido, a annoncé mardi le ministère de l'Intérieur.

Trois jours après le passage de ce cyclone, le ministère de l'Intérieur vient d'annoncer ce mardi matin qu'un couvre-feu sera instauré à Mayotte, après le passage du cyclone Chido. Il durera de 22h (heure locale) à 4h le lendemain matin.

Il est mis en place pour des raisons de sécurité, afin d'éviter les pillages, à un moment où Mayotte, département le plus pauvre de France, doit affronter des pénuries d'eau et de nourriture après le passage du cyclone.

"Des entreprises pillées"

Ce couvre-feu imposé est "indispensable" mais "il faut qu'il soit efficace", a réagi la présidente du Medef, Carla Baltus, sur franceinfo. "On a des entreprises qui nous disent avoir été visitées, pillées, a-t-elle justifié. C'est fait discrètement, mais sûrement." "Beaucoup de toitures sont éventrées, donc les bureaux, les magasins sont facilement accessibles", a-t-elle expliqué.

Au-delà des enjeux sécuritaires du moment, la présidente du Medef à Mayotte "attend des mesures d'urgence" pour aider les entreprises à se relever. Elle lance un appel au président de la République qui doit se rendre sur l'archipel "dans les prochains jours" : "Il faut un plan Marshall" pour "donner les moyens de reconstruire Mayotte". 

Deuil national

Le chef de l'État a en effet annoncé sa venue dans l'archipel "en soutien" à la population et à toutes les personnes mobilisées. Il a également déclaré sur X ce lundi soir après une réunion gouvernementale de crise : "Face à cette tragédie qui bouleverse chacun de nous, je décréterai un deuil national."

Pour l'heure, le bilan officiel s'élève à 22 morts à l'hôpital et le préfet local a mis sur pied une "mission de recherche des morts". Mais les autorités redoutent "plusieurs centaines" de morts, peut-être même "quelques milliers" dans ce territoire et département le plus pauvre de France.

"Le bilan sera lourd, trop lourd", a prédit lundi le ministre démissionnaire de l'Intérieur Bruno Retailleau. Le décompte est d'autant plus compliqué que Mayotte est une terre de forte tradition musulmane et que, selon les rites de l'islam, de nombreux défunts ont vraisemblablement été enterrés dans les 24 heures.

Éviter la famine

Le ministre a annoncé lundi soir l'arrivée "dans les prochains jours" de 400 gendarmes supplémentaires pour prêter main forte aux 1.600 gendarmes et policiers présents sur l'archipel. Le cyclone, le plus intense qu'ait connu Mayotte depuis 90 ans, a ravagé samedi le territoire de l'océan Indien, où environ un tiers de la population vit dans de l'habitat précaire, totalement détruit.

Trois jours après la catastrophe, la priorité est d'assurer les "besoins vitaux" des habitants en eau et en nourriture, a insisté lundi Bruno Retailleau. Selon Florent Vallée, de la Croix-Rouge française, "des familles entières" et "beaucoup d'enfants mineurs seuls" et "délaissés" vivent dans les bangas, ces petites maisons traditionnelles désormais détruites.

"La priorité aujourd'hui, c'est l'eau et la nourriture. Il faut à tout prix qu'on puisse éviter qu'il y ait la faim après cette crise d'une intensité incroyable", a assuré mardi matin sur RFI le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaila. Les appels à la solidarité et les minutes de silence se sont multipliés en France et à l'étranger lundi, les États-Unis indiquant être prêts à "offrir une aide humanitaire appropriée".