Après avoir fait fortune dans les logiciels antivirus, fui le Bélize suite à une affaire de meurtre, le millionnaire américain John McAfee ajoute un nouveau chapitre à sa vie tumultueuse: depuis son yacht amarré à La Havane, il s'affiche en candidat à la Maison blanche.
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"Je ne mène pas une campagne ordinaire, je suis recherché comme criminel par le gouvernement pour lequel je suis candidat à la présidence. Eh bien, c'est inhabituel", confie John McAfee, fumant cigarette sur cigarette à bord de son bateau, entouré d'une équipe de sept personnes et de deux énormes chiens.
"Toutefois, j'ai une large audience et je vais influencer cette élection", dit cet homme, reconverti en gourou des cryptomonnaies (il a d'ailleurs proposé son aide dans ce domaine au gouvernement cubain), qui compte près d'un million d'abonnés sur Twitter et assure en gagner 2.000 chaque jour. Son yacht, installé depuis quelques semaines à la Marina Hemingway, le port de plaisance de La Havane, s'appelle "The great mystery" (Le grand mystère), un bon résumé pour cet homme énigmatique de 73 ans.
Mais sa success story, digne du rêve américain et des parcours d'un Steve Jobs ou Bill Gates, prend un tournant inattendu: devenu une sorte d'aventurier et installé au Bélize, il défraie la chronique en 2012 quand son voisin est assassiné. Un crime toujours irrésolu à ce jour.
En 2015, il est arrêté aux Etats-Unis pour conduite sous l'emprise de stupéfiants, puis se fait à nouveau discret dans les médias... jusqu'à janvier 2019, quand il fuit son pays.
Alors que les relations diplomatiques entre La Havane et Washington sont très tendues, le millionnaire pense pouvoir rester à Cuba jusqu'à l'élection de novembre 2020: "Cuba n'a jamais extradé un citoyen américain et n'est pas exactement un ami du gouvernement américain". Pourtant, la coopération policière et judiciaire entre les deux pays existe bien: en novembre dernier, les autorités cubaines ont remis aux Etats-Unis un Américain recherché via Interpol pour le meurtre de sa compagne.
My Campaign for President of the U.S. in Exile in Cuba is in full swing. We have 21 full time, vetted volunteers who are coming to Cuba. The first arrives next week. Thanks to all of you who applied. We will notify you if openings become available.https://t.co/U7ujCODLoC pic.twitter.com/VlUvSCEADX
— John McAfee (@officialmcafee) 2 juillet 2019
"Je ne veux pas être président"
Son ambition? Etre investi par le parti Libertarien, qui prône le libre-échange et un Etat réduit au minimum. En 2016, il avait essayé de faire pareil, en vain: choisi à sa place, Gary Johnson avait récolté 3,27% des voix. Mais "je ne veux pas être président, vraiment pas, et d'ailleurs je ne pourrais pas: vraiment, regardez-moi, je ne peux pas être président", assure John McAfee, teint bronzé, yeux bleu acier et cheveux teints en blond."Toutefois, j'ai une large audience et je vais influencer cette élection", dit cet homme, reconverti en gourou des cryptomonnaies (il a d'ailleurs proposé son aide dans ce domaine au gouvernement cubain), qui compte près d'un million d'abonnés sur Twitter et assure en gagner 2.000 chaque jour. Son yacht, installé depuis quelques semaines à la Marina Hemingway, le port de plaisance de La Havane, s'appelle "The great mystery" (Le grand mystère), un bon résumé pour cet homme énigmatique de 73 ans.
Cavale rocambolesque
John McAfee commence sa carrière à la Nasa avant de travailler dans plusieurs entreprises informatiques, où il découvre l'existence d'un virus qu'il va s'échiner à détruire. Ainsi naît en 1987 la société McAfee, qui devient un géant des logiciels antivirus et qu'il revend à Intel en 2010. Il amasse une fortune estimée à 100 millions de dollars.Mais sa success story, digne du rêve américain et des parcours d'un Steve Jobs ou Bill Gates, prend un tournant inattendu: devenu une sorte d'aventurier et installé au Bélize, il défraie la chronique en 2012 quand son voisin est assassiné. Un crime toujours irrésolu à ce jour.
le nez poudré de drogue
Découvert par la police vivant avec une jeune fille de 17 ans et plusieurs armes dans sa maison, il part dans une cavale rocambolesque qui tient les médias en haleine pendant un mois. Provocateur, il publie en 2013 une vidéo déjantée où il explique comment désinstaller le logiciel McAfee, le nez apparemment poudré de drogue et cerné de femmes légèrement vêtues. Le film, qui se termine sur une image de lui, torse nu et tatoué, pistolet en bandoulière, sera visionné neuf millions de fois.En 2015, il est arrêté aux Etats-Unis pour conduite sous l'emprise de stupéfiants, puis se fait à nouveau discret dans les médias... jusqu'à janvier 2019, quand il fuit son pays.
Le "meilleur ami" de Cuba?
"Je suis d'abord allé aux Bahamas car j'étais poursuivi pour évasion fiscale, je n'ai pas payé d'impôts depuis huit ans", dit-il, affirmant que le FBI est ensuite venu le chercher là-bas et qu'il a donc dû partir pour Cuba. Le choix de cette île, sous gouvernement communiste depuis 60 ans, peut surprendre pour ce roi du capitalisme. Pourtant, John McAfee l'affirme: "Je suis probablement le meilleur ami que Cuba a actuellement." "Je n'y connais rien au communisme", poursuit-il, "mais je sais qu'on ne devrait pas interférer dans les affaires de Cuba, on ne devrait pas appliquer d'embargo contre ce pays", comme c'est le cas depuis 1962.Downtown Havana at night. pic.twitter.com/fuJtIfqoTG
— John McAfee (@officialmcafee) 6 juillet 2019
Quelle réalité ?
Difficile de démêler le vrai du faux dans ce que raconte John McAfee: interrogées, les autorités américaines ne font pas de commentaires sur d'éventuelles poursuites à son encontre. De source proche du dossier, on indique qu'aucune demande d'extradition n'a été déposée. Mais rien qu'en venant à Cuba avec son yacht, il enfreint les nouvelles régulations américaines, qui interdisent à leurs citoyens tout voyage sur l'île en croisière ou bateau privé.Alors que les relations diplomatiques entre La Havane et Washington sont très tendues, le millionnaire pense pouvoir rester à Cuba jusqu'à l'élection de novembre 2020: "Cuba n'a jamais extradé un citoyen américain et n'est pas exactement un ami du gouvernement américain". Pourtant, la coopération policière et judiciaire entre les deux pays existe bien: en novembre dernier, les autorités cubaines ont remis aux Etats-Unis un Américain recherché via Interpol pour le meurtre de sa compagne.