Meurtre du Guadeloupéen Lilian Dejean à Grenoble : le suspect mis en examen pour meurtre et écroué

Le portrait du Guadeloupéen Lilian Dejean lors d'une marche blanche commémorative à Grenoble (Isère), le 15 septembre 2024.
L'homme soupçonné d'avoir tué en septembre Lilian Dejean, un Guadeloupéen qui travaillait comme agent municipal à Grenoble, a été mis en examen samedi 30 novembre pour meurtre et écroué, a annoncé le procureur de Grenoble, après une cavale de plus de deux mois.

L'homme est en détention provisoire après 74 jours de cavale. Abdoul Diallo, 25 ans, a été mis en examen par un juge à Grenoble pour meurtre, blessures involontaires et détention d'arme, a annoncé ce samedi le procureur Eric Vaillant, confirmant une information du Dauphiné Libéré.

L'homme avait été interpellé le 21 novembre au Portugal, puis transféré jeudi soir en France. Il est soupçonné d'avoir tué Lilian Dejean, un Guadeloupéen de 49 ans qui travaillait comme agent de propreté, le matin du dimanche 8 septembre à Grenoble.

"Il assume sa responsabilité"

Dans une déclaration au Dauphiné Libéré, l'avocat du suspect, Me Grégoire De Petiville, a assuré que son "client assume totalement sa responsabilité dans la mort de Lilian Dejean".

"Il comprend évidemment son incarcération à laquelle il ne s'est pas opposé. Il s'expliquera plus en détail pendant l'instruction", a-t-il précisé au quotidien régional. Contacté par l'AFP, l'avocat s'est refusé à toute autre déclaration.

Lilian Dejean a été atteint d'une balle au thorax tirée par un homme qu'il tentait de retenir, car ce dernier avait auparavant causé un accident de la circulation au volant d'une puissante voiture de location immatriculée en Pologne. Le père de famille guadeloupéen est décédé peu après à l'hôpital.

Vague d'émotions

Des papiers d'identité au nom d'Abdoul Diallo, domicilié à Saint-Martin-d'Hères dans la banlieue de Grenoble, avaient été retrouvés dans le véhicule abandonné par son conducteur, qui avait fui à pied.

La conductrice du véhicule percuté lors de l'accident, une femme âgée, légèrement blessée, avait pour sa part reçu six jours d'interruption temporaire de travail (ITT).

La mort de Lilian Dejean avait suscité une immense émotion à Grenoble, où les habitants lui avaient rendu de vibrants hommages dès le lendemain du meurtre, puis au cours d'une marche blanche. Il avait ensuite été inhumé en Guadeloupe, à Pointe-Noire.

19 condamnations

Abdou Diallo avait déjà un lourd casier, comportant 19 condamnations dont "beaucoup pour des faits de violence mais également pour du trafic de stupéfiants", selon le procureur Eric Vaillant.

Il avait été incarcéré pour la première fois par le juge des enfants de Grenoble à l'âge de 15 ans et a au total été condamné à six ans de prison ferme au cours des 10 dernières années.

Au regard de "sa sensibilité, de l'émoi qui a été causé en Isère et des faits de cette particulière gravité", il s'agit d'un dossier "majeur", avait indiqué Damien Delaby, directeur zonal de la police judiciaire, après l'arrestation du suspect. Plus de 40 enquêteurs ont participé à sa traque.

Guerre des gangs

La marche blanche en hommage à Lilian Dejean avait réuni un millier de personnes, dont de nombreux élus comme le maire écologiste de Grenoble Eric Piolle.

Le drame est intervenu en pleine série noire pour la métropole grenobloise, où se joue selon les autorités une "guerre des gangs" entre trafiquants de stupéfiants.
Le parquet y avait dénombré fin octobre une cinquantaine de tirs par arme à feu liés au trafic de drogue depuis début 2024, qui ont fait six morts.