François de Rugy remplace Nicolas Hulot au ministère de la Transition écologique et solidaire. A peine nommé, l'ex-président de l'Assemblée nationale sera confronté à des dossiers brûlants Outre-mer. Y sera-t-il attentif ? Tour d’horizon.
#1 Le projet Montagne d’or
C’est le sujet qui agite le monde politique et associatif en Guyane. Ce projet de mine à ciel ouvert de 2,5 kilomètres de long et 400 mètres de profondeur, serait situé à 125 kilomètres de Saint-Laurent-du-Maroni, d'où 82 tonnes d'or environ pourraient être extraites. Nordgold et Colombus Gold, un consortium russo-canadien, sont les promoteurs actuels de ce qui pourrait être le plus gros projet aurifère en France.Lors de sa visite en Guyane, Sébastien Lecornu, secrétaire d’Etat à la Transition écologique et solidaire a annoncé le 27 juillet 2018 la venue d’une commission interministérielle consacrée aux projets miniers en Guyane et en premier lieu celui de la Montagne d’Or. Les conclusions de cette mission sont attendues avant la fin de cette année.
Les éléments recueillis seront transmis au gouvernement et au chef de l’Etat afin de permettre de prendre la décision finale de la réalisation ou non de cette mine aurifère. François de Rugy sera donc en première ligne sur un dossier qui divise la population guyanaise.
En juin 2018, alors président de l’Assemblée nationale, François de Rugy déclarait sur franceinfo :
"Je ne sais pas si c'est un bon ou un mauvais projet. Je n'ignore pas les critiques environnementales qui sont faites", a-t-il précisé, même si "je ne suis pas ministre de l'Ecologie, député de Guyane, élu local en Guyane", déclarait-il alors sans se douter de ce que l’avenir lui réservait (extrait à voir ci-dessous à partir de 20mn06).Si vraiment il y a trop de dégâts avec ce projet sur l'environnement, il faut mieux ne pas le faire, même si on doit se priver pour cela d'une ressource".
#2 Le fléau des sargasses
Après avoir longtemps tardé, Nicolas Hulot et Annick Girardin, ministre des Outre-mer se sont rendus en Martinique et en Guadeloupe les 11 et 12 juin 2018. Depuis 2011, les algues sargasses empoisonnent régulièrement la vie des Martiniquais, Guadeloupéens et Guyanais. Ces algues s’amassent sur les côtes par nappes. S’en débarrasser relève à chaque fois du défi pour les communes concernées.En Pourrissant, les algues dégagent un gaz toxique, le sulfure d’hydrogène qui a des conséquences sur la santé des riverains. Les machines électriques, électroniques ainsi que tous les objets en métaux sont attaqués par ce gaz.
Face à cette situation de crise, Nicolas Hulot, alors ministre de la Transition écologique avait annoncé le 11 juin en Guadeloupe un plan de 10 millions d’euros pour lutter contre les sargasses.
Il faut qu’à la prochaine saison on puisse atteindre l’objectif de ramassage quarante-huit heures après les échouages", avait déclaré les services du ministère.
Une mission avait été alors confiée au sénateur Théophile dans le but de rechercher des solutions de ramassage et de valorisation dans les îles voisines, mais aussi dans l’optique de favoriser une coopération régionale.
Les premiers résultats de cette mission seront présentés à Fort-de France lors d’une rencontre internationale en octobre prochain "pour aborder cette problématique au niveau régional et au niveau international", déclarait en juin 2018 Nicolas Hulot. François de Rugy prendra-t-il la mesure du problème des sargasses ? L’ex-président de l’Assemblée nationale ne peut méconnaître le sujet. Plusieurs députés d’Outre-mer ont interpellé à de nombreuses reprises le gouvernement sur la crise sargasses lors des questions au gouvernement.
#3 Un poison nommé chlordécone
Nicolas Hulot est resté particulièrement muet sur le chlordécone quand il était ministre de la Transition écologique et solidaire. En visite en juin 2018 en Martinique et en Guadeloupe dans le cadre de la crise des sargasses, il avait refusé de répondre à une question à ce sujet.Le chlordécone, cette molécule utilisée de 1972 à 1993 pour lutter contre le charançon dans les plantations de bananes en Guadeloupe et en Martinique a pollué les sols, les rivières et la mer pour des siècles (jusqu’à 600 à 700 ans). Il se retrouve dans certains tubercules très consommés localement ainsi que dans certaines sources d’eau. Les populations sont inquiètes des effets de cet insecticide sur leur santé.
Le 21 février une réunion interministérielle s’était tenue sur ce dossier. Trois ministres y participaient : Agnès Buzyn (Santé), Stéphane Travert (Agriculture) et Annick Girardin (Outre-mer). Mais le ministère de la transition écologique dirigé par Nicolas Hulot n’y était point.
Le gouvernement avait alors annoncé une conférence ouverte à tous au cours de l’année 2018 sur les territoires pour informer la population des actions du plan chlordécone III. François de Rugy s’emparera-t-il de ce sujet ô combien lié à l’environnement ? Réponse dans les semaines à venir.