Le concert virtuel Pyjama Live; l'hommage à Johnny Pacheco; et le livre sur Suzanne Césaire : voici l'actualité de la semaine
Musique
Concert virtuel
Pyjama Live de Paco Man’Alma et Maddy Orsinet. "C’est une réaction créative au contexte que nous vivons actuellement. Avec mon petit label, SMS Artists, je fais travailler 25 artistes. Mais là, ils sont confinés." C’est ainsi qu’a germé dans l’esprit de Paco Man’Alma et de Maddy Orsinet, l’idée des Pyjama live. Plus qu’un concert, c’est un spectacle musical live enregistré que les internautes consomment en direct sur la plateforme maloon. Dimanche 21 février, c’est le Gang du Zouk qui assurait l’ambiance avec ses reprises zouk des années 80, Beroard, Rubinel, Lefel, Kassav, etc…. "Le risque de jouer en direct est important. Les gens écoutent sur un système audio confortable, et chez eux. On s’expose à leur écoute attentive. C’est pour ça que, comme dans Taratata (émission musicale de France 2) par exemple, on prend les meilleurs, pour limiter les risques" développe Paco, lui-même partie prenante de la soirée puisqu’il joue du piano et chante. Le concert revient à 5 ou 6 euros. Il satisfait le public autant que les artistes. "Nous recevons plein de messages de nos fans qui nous demandent quand allons-nous reprendre et s’ils peuvent nous voir quelque part ?" Pour Steve Pancarte, le leader du Gang du Zouk, cette initiative des Pyjamas Live comble le vide imposé par la pandémie. Paco, lui, a découvert qu’il touchait un public jusqu’au Canada ou aux Etats-Unis. Une formule qu’il pense pérenniser, même après la Covid, si le modèle économique fonctionne.
Hommage
Johnny Pacheco (1935-2021). Le monde de la salsa vient de perdre l’une de ses légendes. Johnny Pacheco s’est éteint lundi 15 février, aux Etats-Unis, à presque 86 ans. Ce multi-instrumentiste (percussions, saxophone, violon et surtout flûte), a composé quelque deux cents chansons dont l’incontournable "Quitate" ou "El Faisan". Il a surtout fondé le label Fania Records, en 1964 à New York, avec son avocat, Jerry Masucci; permettant à Ray Barretto, Willie Colon, Bobby Valentin, Larry Harlow, Celia Cruz et bien d’autres de créer et de populariser leur salsa en terre new-yorkaise. A l’époque, les concerts de la Fania All Stars étaient considérés comme ce qui se faisait de mieux dans le monde en matière de musique latine. La Fania atteint un premier point d’orgue avec son concert du 24 août 1973 au Yankee Stadium devant plus de 40.000 personnes ! Toute la crème des artistes salsa a répondu présent. Puis un second en 1974, lorsqu’ils participent à la grande tournée organisée à Kinshasa, au Zaïre, autour du fabuleux combat de boxe Mohammed Ali contre George Foreman. Ils côtoient les autres stars invitées James Brown, Stevie Wonder, B.B King, Manu Dibango, Miriam Makéba, etc... Né en République dominicaine, Johnny Pacheco s’est rendu plusieurs fois dans les Antilles-Guyane. Voici l’une de ses prestations en 1995 en Guyane.
Livres
Suzanne Césaire - Archéologie littéraire et artistique d’une mémoire empêchée d’Anny-Dominique Curtius (éditions Karthala). Ne dit-on pas : derrière chaque grand homme, il y a une femme. En l’espèce s’agissant de Suzanne Césaire, la femme d’Aimé Césaire, on pourrait prolonger le propos en ajoutant, une femme intellectuelle et écrivaine comme son illustre mari. Simplement, écrasée par la notoriété de l’auteur d’un cahier d’un retour au pays natal, Suzanne Césaire n’a sans doute pas bénéficié de toute la reconnaissance à laquelle elle aurait pu prétendre. Avec son livre "Suzanne Césaire-Archéologie littéraire et artistique d’une mémoire empêchée", Anny-Dominique Curtius réhabilite la pensée de celle qui fut, sans doute, le pilier de la revue Tropiques dans les années quarante. Malgré sa courte vie (1915-1966), l’intellectuelle eut le temps de développer une réflexion humaniste pluridisciplinaire qui mêlait philosophie, littérature, anthropologie, art et géographie. Elle s’insurgea notamment contre la littérature doudouïste. Mais comme les soeurs Nardal, elle fut victime d’une époque qui dévalorisait et exotisait ces intellectuelles antillaises. L’analyse d’Anny-Dominique Curtius permet de jeter un regard neuf sur une écrivaine sous-estimée.
Lire la critique de Philippe Triay :