En 1962, un chalutier disparaissait mystérieusement au large de Saint-Pierre et Miquelon. Le Ravenel n'a jamais été localisé. La nièce de l'un des 15 marins disparus réclame à l'État des recherches sous-marines officielles pour que les familles puissent faire leur deuil.
C’est un cri de désespoir adressé au président de la République, aux ministres de la Défense, de la Fonction Publique et de l’Outre-mer, ainsi qu’aux autorités locales de Saint-Pierre et Miquelon. Dans une lettre de 2 pages qu’elle a choisi de rendre publique, Rolande Saraçola Vigile demandent aux plus hautes autorités de l'État que soient, enfin, réalisées des recherches sous-marines officielles, afin de déterminer les coordonnées GPS de l’épave du Ravenel.
Le Ravenel prend la mer le 21 janvier 1962, le jour du 6è anniversaire de Rolande Saraçola. A bord du bateau, son oncle, André, et 14 autres marins. C’est seulement la deuxième campagne de ce chalutier, construit 2 ans auparavant dans les chantiers navals de Saint-Malo. Une campagne de pêche qui devait durer une semaine mais, le 28 janvier 1962, Le Ravenel ne rentre pas au port de Saint-Pierre.
À terre, les proches des pêcheurs sont plongés dans l'angoisse. "On était suspendu à cette radio et plus les jours passaient plus c’était pesant, se souvient Rolande Saraçola. Je m’en suis rendue compte assez vite. Après, on n'osait plus en parler, on avait peur de faire du mal." Pendant quelques jours, des recherches sont menées pour localiser le chalutier et son équipage, sans succès.
Mais, pour Rolande Saraçola, ça ne suffit pas et c’est à l’État de prendre ses responsabilités : "ce n’est pas aux gens de Saint-Pierre et Miquelon de rechercher ce navire, c’est à l’État de le faire (...) Et l’État ça ne lui coûte rien de le faire, rien. Sinon un entrainement plutôt que de faire des ronds dans l’eau dans la rade de Brest! Ce serait beaucoup plus gratifiant d’aller faire un entrainement sur zone et trouver ce bateau."
"Des familles attendent depuis 55 ans qu’on leur dise où a péri leur mari, leur père, leur frère. Je pense que demander un point GPS au bout de 55 ans, c’est légitime ! Ne serait-ce que pour se recueillir, simplement."
Regardez les explications de Rolande Saraçola au sujet de cette lettre :
15 marins disparus
Le Ravenel prend la mer le 21 janvier 1962, le jour du 6è anniversaire de Rolande Saraçola. A bord du bateau, son oncle, André, et 14 autres marins. C’est seulement la deuxième campagne de ce chalutier, construit 2 ans auparavant dans les chantiers navals de Saint-Malo. Une campagne de pêche qui devait durer une semaine mais, le 28 janvier 1962, Le Ravenel ne rentre pas au port de Saint-Pierre.À terre, les proches des pêcheurs sont plongés dans l'angoisse. "On était suspendu à cette radio et plus les jours passaient plus c’était pesant, se souvient Rolande Saraçola. Je m’en suis rendue compte assez vite. Après, on n'osait plus en parler, on avait peur de faire du mal." Pendant quelques jours, des recherches sont menées pour localiser le chalutier et son équipage, sans succès.
Où se trouve l’épave du Ravenel ?
Au fil des ans, des vérifications sont réalisées ponctuellement. Il s’agit surtout d’initiatives personnelles, comme celles de Bernard Decré. Le fondateur du Tour de France à la voile a organisé plusieurs campagnes de prospection, avec le soutien de la marine nationale, dans les années 2000, afin de retrouver l'Oiseau Blanc, l'avion de Ningesser et Coli qui a disparu en 1927. Sur place, Bernard Decré a été ému par les témoignages des familles des marins du Ravenel, il a donc accepté d'utiliser son matériel et ses équipes pour rechercher en parallèle, le chalutier.Pour l’Etat, c’est peu, mais pour les familles, c’est énorme."
Mais, pour Rolande Saraçola, ça ne suffit pas et c’est à l’État de prendre ses responsabilités : "ce n’est pas aux gens de Saint-Pierre et Miquelon de rechercher ce navire, c’est à l’État de le faire (...) Et l’État ça ne lui coûte rien de le faire, rien. Sinon un entrainement plutôt que de faire des ronds dans l’eau dans la rade de Brest! Ce serait beaucoup plus gratifiant d’aller faire un entrainement sur zone et trouver ce bateau."
Tout un archipel endeuillé
"Pour l’archipel, c’est un événement dramatique", poursuit Rolande Saraçola. A Saint-Pierre et Miquelon, tout le monde ou presque connaissait l’un des marins du Ravenel. Aujourd’hui, pas question pour la retraitée de l'enseignement de relancer la polémique sur les raisons du naufrage. D’après elle, la localisation du Ravenel est indispensable pour que des veuves et des orphelins puissent faire leur deuil."Des familles attendent depuis 55 ans qu’on leur dise où a péri leur mari, leur père, leur frère. Je pense que demander un point GPS au bout de 55 ans, c’est légitime ! Ne serait-ce que pour se recueillir, simplement."
Les autorités silencieuses
Ni le président de la République, ni le ministre de la Défense - que nous avons également contacté - n’ont donné suite à la lettre de Rolande pour le moment, mais la Saint-Pierraise ne compte pas baisser les bras. "Mis à part un accusé de réception de la préfécture de Saint-Pierre et Miquelon. Pour l’instant, aucune réaction. Mais j’attends et puis je pense que si la population et tous les gens de l’archipel se manifestent et partagent la publication, je pense qu’on peut être très très forts."Regardez les explications de Rolande Saraçola au sujet de cette lettre :
Le naufrage du Ravenel est un épisode très douloureux de l'histoire maritime de Saint-Pierre. Comme Rolande Saraçola, 14 autres familles attendent toujours de savoir où se trouve l'épave. Maintes fois des recherches ont été entreprises, en vain. Mais les membres de l'association Les Disparus du Ravenel continuent leurs démarches pour que de nouvelles investigations soient menées.
Regardez les explications de Delphine Jeanneau et Jérome Anger :