Le nickel baisse, les sociétés métallurgiques de Nouvelle-Calédonie résistent

Usine de nickel LARCO en Grèce construite avec l'aide des ingénieurs de la SLN de 1958 à 1963
Le cours mondial du nickel a chuté. Vendredi en soirée il est passé sous le seuil psychologique de 10.000 $ la tonne. Sur la semaine, le métal perd  4,80 % à la bourse des métaux de Londres. Incertitudes géopolitiques, dollar fort et stocks redondants expliquent ce retournement de tendance. 
De nouvelles informations faisant état d’un possible relâchement de l’embargo indonésien sur les exportations de minerai ont également pesé sur le moral des négociants du LME.

Les incertitudes du nickel

La bourse des métaux de Londres évoluait vendredi dans des marges étroites, avec peu d'activité, soumise à la remontée du dollar qui pénalise les métaux industriels et le nickel. Malgré tout et en dépit d'une météo soudainement pluvieuse et froide, ce recul du nickel n'est pas catastrophique : "Le cours du métal a rebondi depuis son cours plancher de 7000 dollars en février, car la demande mondiale est soutenue notamment pour l’alliage de ferronickel. Mais que vont faire l’Indonésie et les Philippines ? Maintenir un embargo sur les exportations de minerai ou lever cet embargo ? C’est la grande question de cette fin d’année avec des réponses indécises et contradictoires. Si la demande chinoise pour l’acier inoxydable au nickel demeure, l’équilibre offre-demande peut tenir autour d’un consensus de 10.000 dollars. Maintenant, si vous êtes un producteur calédonien, vous devez parier sur la qualité de votre production de nickel, sur une gestion extrêmement rigoureuse, et sur un plan de développement commercial qui privilégie naturellement la Chine » indique Jean-François Lambert, négociant à la City de Londres.

Les stocks du LME 

La remontée des stocks dans les entrepôts européens et asiatiques a pesé négativement sur les prix. 2600 tonnes de métal sont entrés dans les entrepôts de la bourse des métaux de Londres (LME) notamment à Rotterdam, 1548 tonnes supplémentaires ont été enregistrés dans les entrepôts de Gwangyang en Corée du Sud où se trouve l’usine de ferronickel de la coentreprise Calédonienne et Coréenne SNNC.

« Les stocks ne diminuent pas depuis le début du mois. Les fondamentaux ne s’améliorent donc pas. Les prix du nickel fluctuent désormais au gré de la conjoncture et d’indicateurs comme le taux du chômage aux Etats-Unis, la croissance en Chine ou la parité entre le dollar et les autres monnaies. Je ne vois pas de changements importants pour le cours du nickel d’ici la fin de l’année » précise Vassilis Cambas, directeur des exportations chez Larco Nickel en Grèce.
Plaques ou cathodes de nickel pur. Usine Norilsk de Harjavalta en Finlande
En résumé, les analystes londoniens estiment que derrière les stocks mondiaux disponibles et connus se dissimulent des stocks de nickel pur « invisibles » et non répertoriés. Les stocks mondiaux réels (photo ci-dessus) pourraient donc atteindre près de 600.000 tonnes, environ trois mois de production mondiale. Ce constat d’une disponibilité en nickel « assez ample et satisfaisante », pour reprendre les mots du négociant Triland Metals à Londres, expliquerait la déprime boursière du métal gris depuis trois jours. Dans un marché relativement équilibré entre l’offre et la demande, l’avenir à court terme ne laisse envisager aucun risque de pénurie de nickel. C’est en tout cas l’opinion négative qui domine cette semaine chez les négociants du LME.

Vendredi 21 octobre

En soirée, le cours nickel évolue à la baisse, entre 9970 et 10.022 dollars la tonne. Le métal perd jusqu'à 4,80 % en 5 jours. 
L'indice Dow Jones Commodity Nickel est en baisse de 0,69 %. 
Eramet (SLN) progresse de 0,88 % à 43,43 euros. L’action gagne 6,54 % en 5 jours. Glencore (KNS) gagne 0,51 %. L’action gagne 1,02 % en 5 jours. Vale (VNC) progresse de 3,15 %. L’action gagne 8,15 % en 5 jours.

Eramet, Glencore et Vale

Alors que le nickel perd plus de 4,80 % en 5 jours, les sociétés métallurgiques implantées en Nouvelle-Calédonie ont réalisé une belle performance boursière. Pour l'un des experts de la City, la contradiction n'est qu'apparente : « Ces trois sociétés minières et métallurgiques sont des entreprises diversifiées, des groupes mondiaux pour lesquels le nickel n’est qu’un secteur de production parmi d’autres. Glencore est le négociant de presque toutes les matières premières et il vient de vendre ses activités dans le transport du charbon en Australie, Vale est le premier producteur mondial de fer, enfin Eramet est très présent dans le manganèse et surtout les alliages de haute pureté pour les industries de pointe. Les résultats de ces secteurs s'améliorent ou sont positifs, donc la valeur boursière des trois entreprises monte, même si le nickel baisse » rappelle Robin Bhar directeur des analyses à la Société Générale de Londres.