Nickel : En Indonésie, une usine de type Prony Nouvelle-Calédonie pourrait voir le jour

Exploration minière à Sulawesi en Indonésie pour un projet dans le nickel de qualité batterie.
La demande croissante de nickel raffiné a provoqué une accélération des projets indonésiens. Les usines "HPAL" du pays sont destinées à fournir les fabricants de batteries, toujours en Indonésie. Les projets indonésiens s'inspirent de l'une des premières usines de ce type; Prony Resources se trouve en Nouvelle-Calédonie, son produit à base de nickel-cobalt est destiné à Tesla.

La lixiviation acide à haute pression (HPAL) est un procédé utilisé pour extraire le nickel et le cobalt des gisements de minerai de latérite. Ce procédé utilise de l'acide sulfurique pour séparer le nickel et le cobalt du minerai de latérite.

Projet indonésien, ruée vers le nickel

Le conglomérat indonésien Harita Group veut lever près d'un milliard de dollars avec l'introduction en Bourse de ses activités liées au nickel, selon un résumé du projet consulté par l'AFP.

L'Indonésie, plus grand pays producteur de ce métal au monde, s'efforce de bâtir une filière du nickel complète, de l'extraction du minerai, à sa transformation et jusqu'à la fabrication de batteries et véhicules électriques. 

La société Trimegah Bangun Persada (TBP), ou Harita Nickel, a dévoilé son projet d'introduction en Bourse par laquelle elle veut lever jusqu'à 15.119 milliards de roupies (983 millions de dollars).

Le groupe gère via plusieurs filiales des mines et usines de transformation de nickel, notamment sur l'île d'Obi dans la province des Moluques du Nord.

Il propose aux investisseurs jusqu'à 12,1 millions de titres, soit 18% de son capital, à un prix compris entre 1.220 et 1.250 roupies l'action.

La vente des titres est prévue entre le 5 et 10 avril, pour une première cotation le 12 avril à la Bourse de Jakarta.

Partenaire et associé chinois

Le groupe s'est associé à la société chinoise Lygend Resources pour établir la première usine de lixiviation par acide à haute pression (HPAL) du pays. Elle viendrait notamment concurrencer, à terme, la production de l’usine de Prony en Nouvelle-Calédonie même si la demande de nickel de qualité batterie fait qu’il y a de la place pour de nouvelles usines. A la Bourse des métaux de Londres, la hausse attendue de la production et de l'offre indonésienne impacte négativement le prix du sulfate de nickel.

Usine du Sud (Prony Resources) en Nouvelle-Calédonie. Elle produit le nickel des batteries électriques.

Ruée vers le nickel indonésien

La technologie HPAL permet d'obtenir un produit intermédiaire de nickel et de cobalt, nécessaire à la fabrication des batteries lithium-ion. Avec des capacités intégrées en amont et en aval, "TBP va profiter de la demande croissante pour les batteries rechargeables de l'industrie mondiale des véhicules électriques", a indiqué à l'AFP Nicolas Parrot, président directeur de BNP Paribas Indonesia, l'une des banques organisatrices de l'introduction en Bourse.

Plus largement, "le nickel va jouer un rôle clé dans la transition énergétique mondiale" et "la demande pour les véhicules électriques va stimuler le flux d’investissements étrangers directs dans le secteur du nickel (indonésien) alors que la demande mondiale pour le nickel va continuer à progresser", a-t-il estimé.

Pâte de nickel dans une usine de batteries en France

L'Indonésie a interdit depuis 2020 les exportations de minerai de nickel afin d'établir une filière nationale de transformation et de valorisation du métal raffiné sur son sol et de stimuler les investissements. 

Les nouveaux projets et investissements dans le secteur se sont multipliés récemment, surtout de la part de groupes chinois. Mais le groupe brésilien Vale et le français Eramet sont aussi présents dans le secteur du nickel indonésien.

Le géant américain Tesla est en négociations pour établir une usine de véhicules électriques dans l'archipel, selon les autorités indonésiennes, ce que le groupe n'a pas confirmé.

Pour résister à la montée en puissance de l'Indonésie, le salut de la Nouvelle-Calédonie passe en partie par le volet environnemental. Le nickel de type NHC calédonien émettrait environ 26 tonnes de CO2 par tonne produite, deux à trois moins que ses concurrents indonésiens. Mais ces derniers ont des moyens financiers considérables, épaulés par des groupes internationaux attirés par la ruée vers le nickel du pays.

LME Nickel (provisoire) 16/03/2023 14:51 GMT et 01:51 Nouméa : 23.000 dollars/tonne +0,01%