L’Indonésie devrait donc ajouter près de 400.000 tonnes de nickel dans sa capacité de production de métal cette année, portant le total à 1,4 million de tonnes. En comparaison, les usines de Nouvelle-Calédonie devraient produire entre 100.000 et 130.000 tonnes de nickel en 2022.
Eteindre l'incendie
La question est de savoir à quel moment cette augmentation de la production indonésienne aura lieu. Un analyste londonien indique ne pas y croire "avant le second semestre de 2022" qui correspondrait aussi à la montée en puissance des trois usines de la Nouvelle-Calédonie.
"Nous sommes convaincus qu'avec cette capacité supplémentaire, il y a plus qu'assez pour compenser toute perte d'approvisionnement en provenance de Russie ou d'autres endroits", a déclaré Luhut Pandjaitan, ministre coordinateur de l’investissement et des affaires maritimes dans une interview publiée mercredi à Jakarta.
L'Indonésie augmentera également ses patrouilles maritimes pour empêcher toute contrebande en raison de la flambée des prix de la matière première.
Favoriser le nickel indonésien
Le nickel, le matériau majoritairement utilisé dans les batteries des véhicules électriques et dans l’alliage de l'acier inoxydable, a dépassé 100.000 dollars la tonne le 7 mars avant de redescendre provisoirement, jeudi, autour de 40.000 dollars, un prix encore très élevé, en Asie.
Par ailleurs, "l'Indonésie surveillera la situation du marché avant de décider de l’avenir de sa taxe à l'exportation prévue sur le ferronickel et la fonte brute de nickel, compte tenu de la situation sans précédent", a poursuivi Luhut Pandjaitan.
Cette taxe pourrait être ajournée afin de faire baisser le coût de production des produits indonésiens. "Nous devons être conscients de l'impact sur les consommateurs", a-t-il ajouté. "Nous ne voulons pas étouffer l'industrie des batteries pour véhicules électriques, et nous ne voulons pas que les prix du nickel perturbent notre objectif de produire des batteries au lithium "made-in-Indonesia" au début de 2024."
Nickel : pas le même prix à Londres et à Shanghai
À la Bourse des métaux de Shanghai (SHFE), quelques contrats de nickel ont été négociés, avant que la Bourse asiatique des métaux, ne soit provisoirement fermée afin d’étouffer toute nouvelle envolée spéculative.
La dernière transaction enregistrée en Asie s’est effectuée à 37.170 $, a indiqué le négociant Marex. Un seuil de prix élevé mais très loin des 100.000 dollars atteints dans la nuit de lundi à mardi. A Londres en revanche, les échanges électroniques ont montré des acheteurs à 52.000 dollars la tonne.
Finalement, la Bourse des métaux de Londres (LME) reprendrait sa cotation du nickel vendredi matin, afin d’anticiper la prochaine tarification des contrats à terme qui interviendra lundi.
La tendance montre que le LME "est long" de 51,4% sur le nickel, la plus grande tendance haussière depuis le pic de 66,2% en mai 2014.