Nickel : sauver Larco, le lointain cousin grec de la SLN calédonienne

alliage de fer et de nickel grec LARCO pour l'industrie de l'acier inoxydable
La métallurgie est née en Grèce dans l’Antiquité. Au nord d’Athènes, des mines et une usine produisent encore du nickel. La société Larco, lourdement endettée est au bord de la faillite. Des négociations de la dernière chance s'ouvrent à Athènes. Larco a été une filiale de la SLN.
La société nationale grecque d’énergie, Public Power Corp (PPC) continuera de fournir de l’électricité jusqu’au 11 janvier prochain à Larco, le plus grand producteur de nickel d’Europe, chargée de dettes, prolongeant ainsi la date limite antérieure expirant lundi 1er janvier. Des négociations de la dernière chance sont prévues à Athènes, ce vendredi 4 janvier, en présence de George Stathakis le ministre Grec de l’Environnement et de l’Energie. 
 

Conditions

Un échéancier de remboursement de 5,5 millions d’euros mensuel a été demandé par PCC au producteur de ferronickel. Larco a proposé la moitié de cette somme. Les négociations s’annoncent difficiles. "Nous voulons sortir de l’impasse, pour une solution mutuellement acceptable. Nous voulons un nouveau contrat entre PCC et Larco qui doit s’articuler autour du versement d’un acompte sur endettement, de la baisse de la production métallurgique de nickel, de la hausse des exportations de minerai, de la baisse des salaires" rappelle George Stathakis dans un courrier adressé à la 1ere.fr.
 

Dettes

Larco, détenue à 55 % par l'État grec, doit environ 280 millions d'euros (319 millions de dollars) en factures d'électricité non payées à PCC. La compagnie contrôlée par l'État est également actionnaire minoritaire de la société. Elle refuse de prendre en compte plus longtemps les difficultés de son partenaire industriel. Larco est le second consommateur d’électricité en Grèce après Mytilineos, le producteur d’aluminium. Larco à une production normale de 50 tonnes par jour, soit environ 18.000 à 20.000 tonnes par an de ferronickel. Son alliage est proche de celui produit par la SLN calédonienne, il contient un peu moins de nickel. "Nous produisons notre ferronickel, depuis la crise grecque de 2009, sans emprunt, sans banque avec uniquement nos ventes de nickel et un seul endettement auprès de PCC. Larco a une très bonne image auprès des industriels européens de l’inox, comme Eramet et la SLN" précise un proche de la direction de Larco qui ajoute : "Milan Grohol, l'expert de la Commission Europénne en charge du secteur des matières premières demande notre expertise pour les batteries au nickel, c'est bien la preuve que nous sommes utiles et crédibles". A condition sans doute d'arrêter l'hémorragie de cash et de payer le fournisseur d'électricité...
  

Destin croisé

En Grèce, on raconte qu’un métallurgiste grec est à l’origine de la découverte du procédé de granulation du ferronickel, procédé qui aurait été transmis à la SLN calédonienne pour la remercier de son soutien et de ses conseils pendant la période de l'après-guerre.
La société nationale Larco exploite 4 grandes mines en Grèce, ainsi qu'une fonderie qui fut conçue, après le Seconde Guerre mondiale, selon les plans d'ingénieurs français venus de Nouméa. La précédente usine avait été détruite par l'armée allemande pendant sa retraite de Grèce en 1945. Au nord de l'usine, au milieu des champs d'oliviers, dans la bibliothèque du bâtiment des mines de Larco on trouve encore des ouvrages de géologie minière estampillés "SLN Nouméa", des livres offerts par les ingénieurs et métallurgistes calédoniens au moment de leur départ au milieu des années soixante-dix. Jusqu'en 1974, Larco a été une filiale de la Société Le Nickel (SLN).
 

Sauvetage

Le gouvernement grec travaille sur un plan visant à éviter la fermeture de Larco, demandant au producteur de réduire sa production de ferronickel afin de s’aligner sur les prix plus bas du nickel, en diminuant les coûts salariaux. Les métallurgistes grecs ont un salaire moyen de 1200 euros par mois, l’usine et les mines emploient 1300 salariés et font vivre près de 3000 personnes dans une région aride et sans autre ressource. "Qui peut nous aider ? " questionne un syndicaliste grec joint par la 1ere.fr. "Je crains une fermeture de l’usine et la vente de nos mines de nickel qui seraient exploités durant dix ans par un groupe chinois ou un fonds d'investissement, avant liquidation. On ne peut pas s’en sortir avec le cours actuel du nickel et nous n’avons pas la chance d’avoir l’Etat grec qui est pauvre ou des groupes comme Vale, Glencore ou Eramet à nos côtés" conclut ce syndicaliste de l’usine de Larymna, toujours sous couvert d’anonymat. Peut-on sauver Larco ? l’usine de Larymna va-t-elle mourir ? Une première réponse sera apportée demain soir à Athènes.