"Nos reportages étaient racistes" déclare la rédactrice en chef de National Geographic

National Geographic
Susan Goldberg, la rédactrice en chef de National Geographic ne mâche pas ses mots : "pendant des décennies nos reportages étaient racistes". La revue a fait appel à un historien, John Edwin Mason, qui s'est plongé dans les archives depuis 1888. Ses conclusions sont sans appel.
National Geographic consacre son dernier numéro spécial au concept de "races". Et dans ce numéro, la rédactrice en chef, Susan Goldberg fait son mea-culpa.


Je suis le dixième rédacteur en chef de National Geographic depuis sa création en 1888. J'en suis la première rédactrice en chef, Juive de surcroît, deux groupes de population qui ont eux aussi été discriminés aux États-Unis".


Elle poursuit : "le principe même de races est une hérésie scientifique, et ne résulte d'aucune façon d'une différenciation biologique". Alors, on se demande quand même pourquoi faire un numéro spécial sur le concept de « races » et pas sur le racisme ?

Plongée dans les archives

Malgré tout, la démarche de Susan Goldberg est louable. National Geographic a fait appel à un historien John Edwin Mason de l'université de Virginie spécialisé dans l'Histoire de la photographie et de l'Histoire de l'Afrique. Il s'est plongé dans les archives de la revue depuis sa naissance en 1888.

Statut de domestiques

Ce qu’il révèle est consternant. "Jusque dans les années 1970, National Geographic ignorait complètement les personnes de couleur qui vivaient aux États-Unis, ne leur reconnaissant que rarement un statut, le plus souvent celui d'ouvriers ou de domestiques", écrit Susan Goldberg.



Parallèlement à cela, le magazine dépeignait avec force reportages les "natifs" d'autres pays comme des personnages exotiques, souvent dénudés, chasseurs-cueilleurs, sorte de "sauvages anoblis", tout ce qu'il y a de plus cliché.

Les Aborigènes insultés

Dans un reportage en Australie datant de 1916, sous plusieurs photos d'Aborigènes, on peut lire cette légende : "Deux Noirs sud-Australiens : ces sauvages se classent parmi les moins intelligents de tous les êtres humains".

Une Afrique du Sud sans noirs

Dans un article de 1962 sur l’Afrique du Sud, "aucune voix de Sud-Africains Noirs ne s'élève dans l'article. Cette absence est aussi signifiante que tous les mots imprimés. Les seuls Noirs représentés dans le magazine sont des personnages se produisant dans des danses exotiques" ajoute encore Susan Goldberg.

Des clichés encore des clichés

Mason a également découvert une série de photos présentant "l'autochtone fasciné par la technologie occidentale. Cela crée vraiment cette dichotomie entre les civilisés et les non-civilisés. Sans parler des très nombreuses photos de magnifiques femmes des îles du Pacifique", dénonce encore la rédactrice en chef .