À Nouméa, la pollution au dioxyde de soufre s'installe

Usine de nickel SLN-Eramet à Doniambo en Nouvelle-Calédonie
La centrale électrique au fioul, vieillissante, utilisée par la Société Le Nickel et des vents défavorables sont mis en cause. "C'est presque devenu banal pour nous. Mais ces derniers jours, on tousse, on a le nez qui coule, les yeux qui piquent", témoigne une habitante du quartier Montravel.
 
Les pics de pollution au dioxyde de soufre se multiplient depuis deux semaines à Nouméa, en raison des émissions d'une centrale électrique au fioul vieillissante utilisée par la Société Le Nickel et de vents défavorables, a indiqué jeudi l'organisme local de surveillance.
"On a enregistré une vingtaine de dépassements du seuil d'information (au-delà de 300 microgrammes de SO2 par m3 d'air, NDLR) en une quinzaine de jours. Ce n'est pas anodin", a déclaré à l'AFP Philippe Escoffier, chargé d'études à Scal-Air (Association de surveillance calédonienne de la qualité de l'air). Mercredi, le maximum de concentration sur une heure a atteint 417 mg/m3 en moyenne dans le quartier de Logicoop, au nord de l'usine métallurgique de la Société Le Nickel (SLN) qui utilise la centrale et produit 55.000 tonnes de nickel par an.
 
 

"On tousse, on a les yeux qui piquent"

Opérateur historique du nickel calédonien, la SLN, filiale du français Eramet, fonctionne avec une centrale électrique au fioul, âgée de près de 50 ans. Avec l'urbanisation, le site industriel est aujoud'hui entouré de zones habitées.  
"On a tellement l'habitude de vivre avec cette pollution, que c'est presque devenu banal pour nous. Mais ces derniers jours, on tousse, on a le nez qui coule, les yeux qui piquent", a déclaré Irène Mapéri, responsable du comité de quartier de Montravel, sous le vent de l'usine.    
 

Des liens entre pollution et pathologies respiratoires

Deux études épidémiologiques réalisées à Nouméa entre 2008 et 2012 ont mis en évidence des liens entre des pathologies respiratoires et des épisodes de pollution. L'industriel, qui assure oeuvrer à la réduction de ses émissions, affirme que ces pics sont essentiellement dus "à des vents rabattant (la pollution) vers la ville, plus faibles et réguliers que d'ordinaire".
"La centrale tourne avec du fioul Basse teneur en souffre (BTS) et dès que les vents sont défavorables, nous passons en Très basse teneur en soufre (TBTS)", a indiqué Olivier Béligon, directeur de la communication à la SLN. 
Les dépassements annoncés correspondent à des "seuils d'information" et non des "seuils d'alerte" (500 mg/m3), a-t-il souligné.
 

Une centrale électrique au gaz d'ici à 2021

D'ici 2021, la SLN sera raccordée à une centrale électrique publique, qui devrait être alimentée par du gaz. Le projet, en cours d'élaboration, doit bénéficier d'une garantie de l'Etat, conformément aux engagements pris à Nouméa par Manuel Valls en avril. Fin septembre, le parti Calédonie ensemble (CE, centre droit) a déposé au Congrès un projet de délibération sur la qualité de l'air alors que l'archipel ne dispose pas sur ce sujet de cadre réglementaire.