"Nous sommes les enfants du nucléaire. Que faut-il faire maintenant pour avancer ?" : Viri Taimana

Aldébaran, le premier essai nucléaire en Polynésie, a été tiré par l'armée française, le 2 juillet 1966. La pleine reconnaissance de l’impact économique, environnemental, social, et sanitaire de ces bombes expérimentales n'est toujours pas actée. Comment l’art et la culture préservent, transmettent et interrogent ce passé trop longtemps caché ? Regardez "Polynésie, les inspirés de l'atome".

La série "Polynésie, les inspirés de l'atome" propose 11 vidéos courtes d’environ 4 à 5 minutes dressant une galerie de portraits d’artistes et gens de culture polynésienne qui œuvrent aujourd’hui à la préservation de la mémoire des essais nucléaires français en Polynésie. Cette collection inédite met en lumière des acteurs engagés dans la reconnaissance de l'Histoire, des moteurs de la résilience polysienne.

Regardez tous les épisodes de Polynésie, les inspirés de l'atome.

Détails d'une fresque de l'artiste HTJ

Un mensonge d'Etat, une méconnaissance des risques 

La population polynésienne n'a pas eu connaissance d'éventuels impacts des essais nucléaires. Les enfants ont grandi au fenua dans l'ignorance, le sujet n'est pas abordé à l'école. Personne ne parle des conséquences des tirs sur la santé ou l'environnement. Cette période de l'histoire polynésienne a été cachée aux habitants pendant de longues années.

"Les choses n'ont pas été claires. On n'a pas dit à la société tahitienne :  Protégez-vous.", se souvient l'écrivaine Titaua Peu. Elle publie à Tahiti son premier roman, Mūtismes, en 2003, qui fait sensation dans le milieu littéraire polynésien. Mūtismes, c’est « Mutismes » et « Mū », qui, en tahitien, signifie le silence d’une personne qui a quelque chose à dire mais qui se tait. C’est la dénonciation des non-dits de l’État français comme de la société tahitienne vis-à-vis du nucléaire en Polynésie. 

Deux œuvres de Cronos, artiste polynésien

Le Centre d'expérimentation du Pacifique, créé en 1964 à Papeete comprenait les sites de tirs de Mururoa et de Fangataufa, où furent réalisées, de 1966 à 1996, les expérimentations nucléaires françaises. Le centre est aujourd'hui fermé. Le CEP apporte de l'argent et donne un coup d'accélérateur au développement économique à Tahiti.

Les Polynésiens sont gentils. Il ne faudra pas regarder à l'argent.

Général de Gaulle

L'historien Jean-Marc Regnault souligne le mépris des populations polynésiennes que la citation ci-dessus exprime : "On va pouvoir les acheter facilement." précise-t-il.

Ne pas oublier, commémorer et construire l'avenir

C'est une cicatrice en plein visage de la Polynésie

HTJ

Tous les Polynésiens connaissent quelqu'un dans leur entourage qui a travaillé pour le CEP. Aujourd'hui, les effets bénéfiques au niveau économique sont indéniables mais tous reconnaissent que cela a généré beaucoup trop de douleur et d'innombrables séquelles sur la santé des habitants. Les cancers notamment de la thyroïde ou du sein se sont multipliés en Polynésie ces dernières décennies. Beaucoup accusent les doses de radioactivité reçues pendant les années d'essais.

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Aujourd'hui, la parole se libère. La colère, la culpabilité s'expriment. Plusieurs artistes s'emparent du sujet. "Cette partie du monde (NDLR le Pacifique) a servi de poubelle nucléaire" aux grandes nations (États-Unis, France, Australie). Des plasticiens dénoncent ces expérimentations et leurs impacts dans leurs œuvres. Il s'agit de ne pas oublier, de transmettre et commémorer.

À voir ou revoir ici Polynésie, les inspirés de l'atome

Auteurs :  Guillaume Lévis, Emmanuel Amara, Grégory Schnebelen et Sandra Rude
Réalisateurs : Guillaume Lévis et Emmanuel Amara, Sandra Rude
Production :  MEDIATIKA
Durée : de 3 à 5 minutes selon les épisodes • © 2023