Nouvelle audition à la "police des polices" pour le Réunionnais Guillaume Lebeau

Guillaume Lebeau, le policier réunionnais à la tête du mouvement des "Policiers en colère", a été une nouvelle fois auditionné ce vendredi 3 novembre par l'IGPN (Inspection Générale de la Police Nationale). La hiérarchie policière lui reproche un "manquement au devoir de réserve". Récit.
Le policier réunionnais Guillaume Lebeau, l'une des figures du mouvement des "Policiers en colère" qui dénonce les conditions d'exercice des forces de l'ordre, a une nouvelle fois été auditionné vendredi 3 novembre 2017 par l'Inspection Générale de la Police Nationale.

Il y a tout juste un an, pendant les manifestations de policiers, Guillaume Lebeau avait déjà été convoqué par la "Police des polices" pour s'être exprimé dans les médias malgré le devoir de réserve imposé aux policiers. En août dernier, il avait reçu la décision de l'IGPN : aucune sanction n'avait été prise contre lui.

Interventions médiatiques

Cette fois, l'IGPN lui reproche deux nouvelles interventions dans les médias, à l'occasion, il y a quelques semaines, du premier anniversaire de l'agression de Viry-Chatillon, dans laquelle plusieurs policiers avaient été gravement blessés. Le policier réunionnais a, lors de ses passages devant les caméras, rendu hommage à ses collègues blessés et dénoncé les conditions de travail dans la police. Selon sa hiérarchie, Guillaume Lebeau aurait à nouveau violé le devoir de réserve en s'exprimant devant des journalistes.

Regardez sa réaction à la sortie de l'IGPN ce matin, à l'issue de deux heures d'audition :


L'IGPN ne lui a pas notifié de décision, à ce stade de l'enquête administrative. L'échelle des sanctions va du classement sans suite à la révocation, en passant par une suspension de plusieurs mois ou un simple avertissement. 

Devoir de réserve

Guillaume Lebeau avait souhaité bénéficier, comme l'y autorise une circulaire officielle du 22 octobre 2012 (consultable ici), de l'assistance d'un tiers, en l'occurrence le journaliste de La1ere.fr David Ponchelet, co-auteur avec lui d'un ouvrage paru le 1er novembre intitulé "Colère de flic".

Mais l'IGPN a refusé ce matin sa présence, justifiant ce refus par l'obligation de confidentialité de cette audition administrative. La circulaire précédemment citée stipule que "L'agent disposera librement du choix de son assistant, sous la seule réserve que ce dernier ne soit pas en lien hiérarchique avec l'autorité diligentant l'enquête administrative", mais ne fait à aucun moment référence à un devoir de confidentialité. 

Trois autres policiers qui sont également intervenus dans les médias début octobre lors du même rassemblement, seront à leur tour convoqués dans les prochains jours à l'IGPN. 


Un "Flic en colère"

Guillaume Lebeau, natif de Saint-Benoît, à La Réunion, est âgé de 32 ans. Il est policier à la Brigade Anti-criminalité de Gennevilliers, en région parisienne, depuis douze ans. Il est l'un des co-fondateurs de l'association MPC (Mobilisation des Policiers en Colère), qui dénonce les conditions dans lesquels les 144.000 fonctionnaires de police exercent leur profession.