La Nouvelle-Calédonie, un acteur mondial de l'industrie du nickel

Nouvelles gamelles en inox et nickel SLN-ERAMET pour l'armée française. Fabriquées par la manufacture DE BUYER dans les Vosges
Le minerai de nickel constitue la principale richesse de la Nouvelle-Calédonie, dont les revenus sont très dépendants du cycle des cours du métal. Le prix mondial du nickel est fixé, chaque jour, par la Bourse des métaux de Londres (LME). Les 3 usines métallurgiques du Territoire en dépendent. 
On le surnomme le Roi Nick ou encore le métal du Diable. La Nouvelle-Calédonie est en tout cas une grande terre de nickel, une matière première transformée sur place en alliage métallique ou en sels de haute pureté. Depuis les années 1880, son histoire, sa démographie, son développement mais aussi ses paysages sont marqués par l'extraction d’un minerai qui est le plus riche au monde. Ce nickel, exploité à ciel ouvert, a fait la renommée mondiale du « Caillou »  jusqu’au fin fond de la Silésie allemande, devenue polonaise après 1945. En 1890, dans la région de Breslau (Wroclaw) une mine très riche en nickel, fut appelée « Kaledonien », Calédonie en allemand, par des géologues silésiens.

Quatre grandes usines dont une en Corée

La Nouvelle-Calédonie abrite, selon l'USGS (United States Geological Survey), plus de 9% des réserves mondiales de nickel, et se situe au sixième rang des producteurs. Le minerai calédonien mais aussi les alliages de ferronickel et les oxydes de nickel sont exportés vers une quinzaine de pays dont la Chine, le Japon, les Etats-Unis ou la Belgique. 

Eramet, Glencore et Vale partenaires locaux, concurrents mondiaux

Opérateur historique du minerai calédonien, la Société Le Nickel (SLN), filiale du groupe Eramet. L'usine métallurgique de Doniambo se trouve à l'entrée de Nouméa, elle a longtemps dominé cette industrie. La SLN est le premier employeur privé du territoire et le premier producteur mondial de ferronickel. Son alliage SLN25 est destiné aux industries de l’acier inoxydable. Ces principaux clients sont chinois, japonais, coréens ou espagnols...

Vue de l'usine de ferronickel SLN-Eramet de Doniambo en Nouvelle-Calédonie


Dans les années 2010, deux nouvelles usines sont entrées en production, et même une troisième en Corée du Sud. L’usine du Nord ou Koniambo nickel, au nord de la Grande-Terre, que le premier ministre Edouard Philippe a visité, est détenu à 51% par la SMSP, société minière des indépendantistes de la province Nord, et à 49% par Glencore, le géant anglo-suisse du négoce des matières premières. L’usine du Nord poursuit sa montée en puissance après la rénovation complète de ses deux fours qui souffraient de défauts de conception. 

Usine Koniambo nickel (KNS-Glencore-SMSP) en Nouvelle-Calédonie

Au sud, la multinationale canado-brésilienne Vale exploite le vaste gisement de Goro dans une usine utilisant un procédé de traitement chimique innovant, qui a été confronté à de nombreuses péripéties techniques et environnementales. Le « nickel électrique » produit par Vale Nouvelle-Calédonie (VNC) est promis à un bel avenir avec l’essor du marché des véhicules électriques et hybrides. Le groupe recherche un partenaire, un investisseur pour l’usine qui a perdu beaucoup d’argent, comme ses deux sœurs calédoniennes au plus fort de la crise des cours du nickel durant l’hiver 2015-2016.

Usine de nickel Vale en Nouvelle-Calédonie. Site minier de Goro en province-Sud

Du minerai brut (5,8 millions de tonnes en 2016) est également exporté en Chine, au Japon et en Corée du Sud, où la SMSP possède, en partenariat avec l'aciériste Posco, une usine métallurgique à proximité du port de Busan.
Indispensable à la fabrication des aciers inoxydables haut de gamme, le nickel fournit 11% de l'emploi privé (6.800 personnes) en Nouvelle-Calédonie, et environ le double si on inclut les emplois indirects et induits. Sa contribution à la valeur ajoutée du Territoire oscille entre 3% et 20%, selon le cours du métal pur qui sert de référence. Le nickel a vu son cours divisé par deux entre 2011 et 2016, en raison de la progression des stocks, de la mise au point d’un nickel (NPI) à bas coût mais de médiocre qualité et d'une montée en production d’une dizaine de nouveaux projets industriels de taille mondiale.

Mondialisation du nickel

L’industrie calédonienne a bénéficié d'un soutien financier déterminé de l'Etat et des trois groupes industriels présents. Ces opérateurs ont mis en place des plans d'austérité et de compétitivité, afin de baisser leurs coûts de production face à une concurrence mondiale très agressive de l’Indonésie, et des Philippines, mais aussi du Canada, de la Russie, du Brésil, de Madagascar ou encore de la Finlande, de Cuba et même de la Grèce. Un œil sur les cours du nickel à Londres ? Ce lundi soir, ils sont de nouveau juste sous le seuil de rentabilité des « trois sœurs » du nickel de la Nouvelle-Calédonie.