Nouvelle-Calédonie : Emmanuel Macron prêt "à aller au référendum" national sur la réforme du corps électoral

Emmanuel Macron lors de son discours final à Nouméa, dans la nuit du 23 au 24 mai 2024.
Dans un entretien au "Parisien", le président de la République se dit ouvert à soumettre la réforme du dégel du corps électoral calédonien au vote de l'ensemble des Français, via un référendum. Il indique néanmoins préférer qu'un accord global soit trouvé entre les indépendantistes et non-indépendantistes à l'échelle locale.

Emmanuel Macron s'est dit prêt à soumettre au référendum national la réforme contestée du corps électoral en Nouvelle-Calédonie, notamment si les élus locaux échouaient à s'accorder entre eux sur le sujet, dans un entretien au Parisien paru samedi.

"Je peux aller à tout moment au référendum" sur cette réforme déjà adoptée par le Sénat puis l'Assemblée, a fait valoir Emmanuel Macron, qui avait déjà effleuré l'hypothèse jeudi, de Nouméa, où il s'est rendu après le déclenchement de violentes émeutes.

Après un vote dans les mêmes termes des deux chambres du Parlement, le président peut en effet choisir, pour entériner une réforme constitutionnelle, de convoquer un référendum ou bien le Congrès, c'est-à-dire la réunion des députés et des sénateurs à Versailles. C'est cette dernière option qui était jusque-là privilégiée, alors que les parlementaires devaient entériner ce dégel du corps électoral avant la "fin juin", avait indiqué mi-mai Emmanuel Macron.

Mais entre-temps l'archipel a connu plusieurs journées d'émeutes qui ont fait sept morts, alors que les indépendantistes rejettent cette réforme qui conduirait à intégrer dans le corps électoral les personnes installées sur le territoire depuis au moins 10 ans. Les Kanak craignent que leur influence ne soit ainsi diluée.

Un mois pour faire le point

Cette situation a précipité une visite éclair du président Macron, pressé par les oppositions et une partie de son propre camp de repousser ce Congrès. Une demande à laquelle n'a pas accédé le chef de l'État, tout en promettant qu'il n'y aurait pas de "passage en force" et en donnant un mois pour faire un point d'étape.

J'assume un geste d'apaisement et d'ouverture, mais je ne prendrai jamais de décision de report ou de suspension sous la pression de la violence.

Emmanuel Macron, dans un entretien au "Parisien"

Le président a réitéré sa volonté que les élus calédoniens s'entendent sur "un accord global qui viendrait enrichir le texte déjà voté par le Parlement". Une gageure alors que le dialogue entre indépendantistes et non indépendantistes semblait au point mort, au moins jusqu'à la venue d'Emmanuel Macron.

"Ils m'ont tous donné l'engagement de reprendre la discussion globale", a indiqué Emmanuel Macron, estimant qu'"on ne pourra pas dire que je n'ai pas donné le maximum pour donner toutes ses chances à la paix".

Le chef de l'État avait ainsi ouvert la porte à un vote des Calédoniens sur un potentiel accord né des discussions entre élus locaux. Avec l'espoir de faire baisser la tension qui restait toujours vive samedi. "Même si on arrive à la fin des violences, il faudra revivre ensemble. C'est ça le plus dur", est convenu le chef de l'exécutif.