Le Forum des îles du Pacifique, ou FIP, a pris ses quartiers au royaume de Tonga depuis ce lundi 26 août et jusqu'à vendredi, pour aborder plusieurs thématiques comme la montée des eaux. La crise calédonienne retient aussi l'attention des 18 dirigeants océaniens, au point qu'une mission d'information du FIP sera organisée en Nouvelle-Calédonie, traversée par un climat insurrectionnel depuis le 13 mai dernier.
Le principe de cette mission a reçu le feu vert du gouvernement calédonien lors de ce forum 2024. Le président de Polynésie française Moetai Brotherson a précisé que ce déplacement de chefs d'États océaniens aurait lieu en octobre.
Espérée par les États membres plus tôt, cette mission a pour vocation de dresser un état des lieux général du Caillou où les tensions ont conduit au décès de 11 personnes au cours des derniers mois et à la destruction de nombreux commerces, d'écoles et de lieux de culte.
"D'une gravité extrême"
"Les événements qui se sont déroulés sont durs, d'une gravité extrême et participent d'une certaine manière à l'instabilité de la région" pacifique, a regretté Louis Mapou, le président indépendantiste du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie. Ce dernier avait refusé d'accueillir cette mission avant la réunion du Forum des îles du Pacifique, arguant que "l'État (français) avait décidé de l'organiser sans parler à la Nouvelle-Calédonie", a-t-il justifié.
La France avait accepté le principe de cette mission d'information, mais refusé qu'elle prenne la forme d'une "mission de médiation".
"C'est une collectivité française et donc c'est la France qui a encore – et c'est sanctuarisé dans les accords de Nouméa – la compétence régalienne des affaires étrangères et de la sécurité sur le territoire de Nouvelle-Calédonie, donc le territoire français", avait déclaré trois jours plus tôt Véronique Roger-Lacan, ambassadrice de France pour le Pacifique et cheffe de la délégation française au 53e Forum des îles du Pacifique.
La question sous-jacente de l'autodétermination
Pour elle, la question sous-jacente de l'autodétermination est déjà étudiée au sein des Nations-Unies, mais Louis Mapou estime quant à lui que cette problématique doit aussi être traitée au niveau régional par les pays membres du Forum, tous indépendants sauf la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française.
"Sur aucun des territoires, l'État français ou le gouvernement français ne peuvent aller à l'encontre du principe d'autodétermination", a déclaré l'ambassadrice qui a rappelé que "la décolonisation a été actée dans les lois organiques qui créent l'autonomie de la Polynésie française et de la Nouvelle-Calédonie". Ces deux collectivités sont ainsi dotées d'Assemblées et de gouvernements propres.
Aux yeux des indépendantistes des deux archipels, qui portent notamment des revendications dans les domaines éducatifs et culturels, la "décolonisation" n'a cependant pas abouti. Le président polynésien, indépendantiste modéré, a proposé de jouer un rôle de médiateur.