Le mineur brésilien Vale envisage la mise en sommeil de son usine de nickel en Nouvelle-Calédonie, dans la seconde moitié de 2018, s'il ne trouve pas de partenaire stratégique prêt à acheter une participation de 20 à 40%. Les actionnaires se focalisent sur les coûts de l’usine calédonienne.
L'usine calédonienne de nickel du groupe Vale doit répondre à la demande du marché en pleine expansion des batteries pour les véhicules électriques. Las, la spéculation financière a réalisé que cela prendra du temps. Si le cours du nickel a baissé à la Bourse de Londres, il pourrait tout aussi bien rebondir en 2018. Voilà qui explique la prudence, voir l'ambiguïté de Mario Schvartsman à six mois de la nouvelle échéances fixée à l'usine du Sud...
Vale a lancé la recherche d'un investisseur stratégique au début de l'année 2017 pour partager le coût de nouveaux investissements sur la mine de nickel (VNC) de Nouvelle-Calédonie.
« Trouver un partenaire pour prendre 20 à 40% de l’usine ? Mais à quel prix et qui va s’engager avec Vale si ce dernier reste prêt à tirer le rideau de fer ? Les éventuelles négociations avec les Chinois doivent patiner, sinon le PDG se serait gardé de faire cette nouvelle déclaration. Cela me semble être un message pour les autorités françaises, il va falloir m’aider à trouver un partenaire, sinon… » croit comprendre M.Lambert.
Investir dans le site VNC et alourdir le passif ? questionne le Financial Times. Un scénario qui ne correspond pas à la stratégie de M. Schvartsman qui exclut même de contracter un emprunt auprès du gouvernement français toujours selon le FT. « Nous ne pouvons pas continuer à investir et à perdre de l’argent en Nouvelle-Calédonie pour toujours… » a poursuivi M. Schvartsman qui a encore déclaré que la recherche d'un investisseur financier pour VNC avait également pour objectif de « prouver à nous-mêmes et au marché » que « d'autres personnes croient en la révolution de la voiture électrique. « Au lieu de simplement en parler, nous voulons des investisseurs crédibles », a-t-il conclu.
Reste que la méthode consistant à menacer l'usine calédonienne peut sembler contre-productive . Un métallurgiste européen du nickel, qui n’a pas souhaité donner son nom, résume ainsi la situation « soit M. Schvartsman met la pression sur la Nouvelle-Calédonie et le gouvernement français pour trouver une solution économique et sociale, soit il s’apprête à vendre une participation à un métallurgiste Chinois, mais sans doute pas au prix désiré ».
L'interview de Fabio Schvartsman évoquant, en anglais, la situation en Nouvelle-Calédonie est disponible en lecture vidéo en suivant le lien Vale Day London 2017. La société brésilienne n'a pas souhaité répondre davantage à nos questions. Lundi soir à Londres, le cours du nickel évolue autour de 11 130 dollars en hausse de 1,67%. Le cours de l'action Vale S.A progresse de 1,16 %.
Rassurer les actionnaires, faire passer un message
S'adressant aux journalistes de la presse financière anglo-saxonne, le 8 décembre à Londres, le patron de Vale, Fabio Schvartsman, a déclaré que son groupe ne continuerait pas à « investir et perdre de l'argent » en Nouvelle-Calédonie sur un site minier et métallurgique déficitaire, « qui a coûté des milliards de dollars pour sa construction et connaît toujours des problèmes » rapporte le Financial Times de Londres.Vale fixe une date limite : juin 2018
Interrogé pour savoir quand le processus prendrait fin, M. Schvartsman a déclaré que le mois de juin serait la date limite, après quoi la mine serait mise au ralenti si un partenaire n'avait pas été trouvé d’ici là. Lundi matin à Londres, la note aux marché financiers du négociant Marex Spectron relativise ce qui n'est encore qu'une hypothèse : « Vale suggère que la mine de Nouvelle-Calédonie sera mise en sommeil si aucun partenaire n'est trouvé avant la fin du mois de juin ».Vale a lancé la recherche d'un investisseur stratégique au début de l'année 2017 pour partager le coût de nouveaux investissements sur la mine de nickel (VNC) de Nouvelle-Calédonie.
Vale et ses interlocuteurs Chinois
Ces derniers mois, le patron de Vale a eu des discussions à Toronto avec un certain nombre de sociétés chinoises de recyclage des métaux qui raffinent le nickel pour l'utiliser dans les batteries qui alimentent les véhicules électriques, un marché en pleine expansion, mais pas avant 2020-30. Toujours est-il que les négociations n’ont pas encore abouti. « Je reste convaincu que si le cours du nickel s’envolait, M. Schvartsman pourrait avoir d’autres idées... Bref, le rideau de fer n’est pas encore tombé et le « Valexit » de Nouvelle-Calédonie pourrait être un processus aussi compliqué et à rebondissement qu’un certain autre en Europe... » (En référence au Brexit britannique, sortie de l’Union européenne ndlr) déclare Jean-François Lambert, consultant dans le secteur des matières premières et ancien spécialiste des financements pour la banque HSBC.« Trouver un partenaire pour prendre 20 à 40% de l’usine ? Mais à quel prix et qui va s’engager avec Vale si ce dernier reste prêt à tirer le rideau de fer ? Les éventuelles négociations avec les Chinois doivent patiner, sinon le PDG se serait gardé de faire cette nouvelle déclaration. Cela me semble être un message pour les autorités françaises, il va falloir m’aider à trouver un partenaire, sinon… » croit comprendre M.Lambert.
Les actionnaires de Vale mettent la pression
L'avenir de l’usine calédonienne est considéré comme un test majeur pour M. Schvartsman qui s'est engagé à augmenter le rendement des intérêts versés aux actionnaires de Vale et à n'investir que dans des projets pouvant générer de bons profits au prix actuel des matières premières. Après avoir atteint un sommet de 13 000 dollars la tonne, le nickel a rechuté sous le seuil des 11 000 dollars à la Bourse des métaux de Londres (LME). « Si M.Schvartsman ne donne pas suite à sa menace de mettre l’usine calédonienne en sommeil, les investisseurs se demanderont comment Vale va pouvoir tenir ses promesses d'augmenter le rendement des actionnaires » analyse le Financial Times. L’objectif du PDG de Vale est effet de réduire sa dette nette de 21 milliards à 10 milliards de dollars - ce qui pourrait arriver en 2018 si le minerai de fer reste autour de 67 dollars la tonne - M. Schvartsman a promis de restituer tout son excédent aux actionnaires.500 millions de dollars à investir
Vale doit dépenser 500 millions de dollars de plus sur le site de Goro Nickel (VNC) pour construire une nouvelle zone de stockage des résidus et des déchets miniers. La société a les moyens de le faire croit savoir le quotidien financier britannique, mais cela va générer une augmentation des coûts de production de l’usine calédonienne et donc des rendements plus faibles toujours pour les actionnaires. Le 27 juillet dernier, John Brandt, représentant du fonds d’investissement Janus Capital de Denver aux Etats-Unis s’inquiétait de la rentabilité de l’usine calédonienne.Investir dans le site VNC et alourdir le passif ? questionne le Financial Times. Un scénario qui ne correspond pas à la stratégie de M. Schvartsman qui exclut même de contracter un emprunt auprès du gouvernement français toujours selon le FT. « Nous ne pouvons pas continuer à investir et à perdre de l’argent en Nouvelle-Calédonie pour toujours… » a poursuivi M. Schvartsman qui a encore déclaré que la recherche d'un investisseur financier pour VNC avait également pour objectif de « prouver à nous-mêmes et au marché » que « d'autres personnes croient en la révolution de la voiture électrique. « Au lieu de simplement en parler, nous voulons des investisseurs crédibles », a-t-il conclu.
Reste que la méthode consistant à menacer l'usine calédonienne peut sembler contre-productive . Un métallurgiste européen du nickel, qui n’a pas souhaité donner son nom, résume ainsi la situation « soit M. Schvartsman met la pression sur la Nouvelle-Calédonie et le gouvernement français pour trouver une solution économique et sociale, soit il s’apprête à vendre une participation à un métallurgiste Chinois, mais sans doute pas au prix désiré ».
VNC Goro nickel en quelques chiffres
En salaires et contrats de sous-traitance, Vale injecte chaque année 500 millions d'euros dans l'économie calédonienne. Il emploie 1.350 personnes, voire 3.000 en incluant les sous-traitants. Les emplois induits sont estimés à 8.000 personnes. En 2016, l’Etat a accordé à l’industriel un prêt de 200 millions de dollars ainsi que des garanties d’emprunts pour éviter une fermeture ou une mise en sommeil du site. C’est cette dernière option qui est aujourd’hui, de nouveau, privilégiée par la multinationale brésilienne des matières premières.L'interview de Fabio Schvartsman évoquant, en anglais, la situation en Nouvelle-Calédonie est disponible en lecture vidéo en suivant le lien Vale Day London 2017. La société brésilienne n'a pas souhaité répondre davantage à nos questions. Lundi soir à Londres, le cours du nickel évolue autour de 11 130 dollars en hausse de 1,67%. Le cours de l'action Vale S.A progresse de 1,16 %.