Calédoniens ailleurs : quel avenir pour le Caillou ? Ils se confient

Calédoniens ailleurs : quel avenir pour le Caillou ? Ils se confient
Depuis la venue d’Emmanuel Macron en Nouvelle-Calédonie du 3 au 5 mai, la série « Calédoniens ailleurs » recueille chaque semaine le témoignage de ces Calédoniens vivants hors du Caillou sur le référendum et sur le futur du pays. L’occasion de faire un second point, trois mois après.
 
Quelques semaines après la visite présidentielle du chef de l’Etat, « Calédoniens ailleurs » proposait un condensé des réactions des Calédoniens vivants hors du territoire. Quel était leur ressenti sur le référendum ? Comment envisageaient-ils l’avenir du Caillou après le vote du 4 novembre et dans les années à venir ? Trois mois après le passage d’Emmanuel Macron et avec plus de réactions obtenues, les avis sont toujours autant partagés.

Beaucoup voient la tenue du référendum comme un soulagement. « Je suis content qu’il se tienne. Enfin ça va débloquer quelque chose. C’était un peu l’épouvantail de tout le monde. Je ne m’inquiète pas », indique Stéphane Lefevre, maître brasseur à Paris.  « Quand je suis revenu pour mon stage, la mentalité avait changé. Les gens sont plus détendus. Je suis assez serein. Les gens parlent plus ouvertement du référendum », témoigne Kevin Decludt qui termine ses études d’ingénieur. « Je viens par épisode en Nouvelle-Calédonie depuis trois ans. Ca me permet de comparer les instants T. Il y a deux ans, les Calédoniens étaient très agités, il y avait de la tension. Là, je trouve que le pays est apaisé. Je suis plus serein, les Calédoniens sont matures. Je pense que ça va bien se passer même s’il y aura des échauffourées », raconte Malo Leseigneur, futur kinésithérapeute. Même son de cloche pour Simon Lalloz, originaire de Province nord. « Je suis relativement serein sur le vivre ensemble mais comment les gens vont réagir à l’issue du référendum ? J’ai l’impression qu’une grosse période d’incertitudes s’ouvre », déclare-t-il.
 
Aurore Perinet  (à gauche) et Manon Le Gentil s’inquiètent de l’après-référendum

Certains expriment plus d’inquiétudes que d’autres, l’échéance approchant à grand pas. « Quelle que soit la décision prise, je m’inquiète, j’ai peur qu’il y ait des manifestations de violences mais la population fera le choix qu’elle pense être le bon », répond Aurore Perinet qui achève son service civique à Bordeaux. « Je suis inquiète pour ma famille, j’espère qu’il n’y aura pas de problème en novembre », témoigne Manon Le Gentil, junior doctor en Australie.

Peu importe le résultat du référendum, souhaitent-ils rentrer vivre en Nouvelle-Calédonie ? Pour certains, ce sont les opportunités de travail qui décideront de leur retour sur le Caillou.  « Je reviendrai vivre au pays. Mais si j’ai envie de rentrer dans six ou sept ans et qu’il n’y pas d’opportunités, je rentrerais juste en vacances », indique Aurore Perinet, 21 ans. « Je reviendrai absolument », affirme Kevin Decludt qui, à terme, avec sa femme souhaite « monter une entreprise dans l’informatique ».

D’autres « Calédoniens ailleurs » ont choisi des chemins de vie ou des carrières professionnelles qui les tiendront éloigner du territoire. « Je ne pense pas revenir vivre en Nouvelle-Calédonie mais si je devais revenir, le résultat du vote m’importerait peu », souligne Stéphane Lefèvre, comédien de formation. « Ce n’est pas dans mes projets de revenir vivre en Nouvelle-Calédonie. On a une qualité de vie incroyable en Australie. En tant que médecin, j’ai plus d’opportunités là-bas », témoigne Manon Le Gentil qui exerce à Brisbane.
 
Kevin Decludt  (à gauche) souhaite développer le numérique sur le Caillou quand Simon Lalloz plaide pour un tourisme durable

Beaucoup souhaitent voir la Nouvelle-Calédonie s’investir dans des projets plus novateurs notamment en matière de tourisme et d’environnement. « Je vois la Nouvelle-Calédonie se développer au niveau de l’économie responsable. On a un patrimoine à protéger, il faut se réinventer en dehors de la mine. Il faut des hôtels orientés vers la nature. Que la Nouvelle-Calédonie se tourne vers la protection de l’environnement », juge Simon Lalloz, spécialisé en marketing digital. « Le tourisme peut être développé, il peut être une source de revenus importante. On n’attire pas autant de gens qu’on pourrait attirer, si l'on compare au Vanuatu par exemple. Il y a quelque chose à faire sur le tourisme respectueux, équitable », renchérit Aurore Perinet.

Manon Bergon, ancienne élève à l’école du cirque de Nouvelle-Calédonie partage cet avis tout en souhaitant mettre l’accent sur la jeunesse. « Le pays doit se développer dans le tourisme responsable et le développement des activités sportives et culturelles pour canaliser la jeunesse. Celles-ci devraient être encourager et soutenues », déclare-t-elle. Quant à Kevin Decludt, le métis wallisien a déjà une idée bien arrêtée du domaine qu’il souhaite développer. « Dans l’informatique, on a le pied à l’étrier, il y a des bons acteurs déjà et il faut se développer un peu plus. Dans la 4G par exemple ou avec des solutions qui peuvent faciliter le quotidien. Tout le monde est motivé pour révolutionner le monde du numérique calédonien. »

Et vous Calédoniens ailleurs, ayant quitté votre Caillou pour raisons étudiantes, professionnelles, sportives ou autres, quel est votre avis ? N’hésitez pas à nous écrire pour témoigner. 

par ambre@lefeivre.info