Élections législatives 2024 : qui sont les candidats en lice en Nouvelle-Calédonie ?

Les législatives ont lieu le 30 juin et le 7 juillet. Tour d'horizon des prétendants calédoniens aux deux postes de député remis en jeu. Selon la liste ajustée par les services de l'Etat, ils sont dix-huit : douze dans la première circosncription et sept dans la deuxième.

La période de dépôt des candidatures a été officiellement close dimanche 16 juin, à 18 heures. Et lundi soir, le haut-commissariat de la République diffusait la liste définitive des différents prétendants aux législatives anticipées. 

Dans la première circonscription

La première circonscription couvre Nouméa, l'île des Pins et les Loyauté. Les douze candidats suivants sont en lice : 

  • Philippe Dunoyer - Calédonie Ensemble (suppléante : Annie Qaeze)
  • Nicolas Metzdorf - Loyalistes et Rassemblement (suppléante : Françoise Suvé)
  • Juanita Ciane Angexetine, épouse Railati -   (suppléant : Josué Cimutru)
  • Omayra Naisseline - Union calédonienne (suppléante : Laurie Humuni)
  • Thomas Nasri - (suppléant : Thierry-Jehan Chaverot)
  • Manuel Millar - (suppléant Patrick Jacob)
  • Pierre-Henri Cuenot- (suppléant Valérie Quinquis)
  • Muneiko Haocas - Mouvement nationaliste indépendantiste et souverainiste (suppléant : David Yeiwié)
  • Simon Loueckhote - Rassemblement national (suppléante : Suzanne Maiau Sefa)
  • Germaine Toléta Nemia épouse Bishop - (suppléant Joël Cabali Bae)
  • Veylma Falaeo - Éveil Océanien (suppléant : Olivier Capecchi)
  • Cédric Devaud- (suppléant Jules Tufele)

Dans la seconde circonscription

La seconde circonscription rassemble le reste de la Grande terre et Belep. Les six candidats :

  • Milakulo Tukumuli -  Éveil océanien (suppléant : Patrick Robelin)
  • Emmanuel Tjibaou - Union calédonienne (suppléante : Amandine Darras)
  • Ronald Frère - (suppléante : Muriel Eurisouke)
  • Luther Voudjo - Mouvement nationaliste indépendantiste et souverainiste (suppléante : Chrystèle Marie)
  • Alcide Ponga -  Loyalistes et Rassemblement (suppléante : Elizabeth Rivière)
  • Gérard Poadja - Calédonie Ensemble (suppléante : Corine Voisin)

Attardons-nous à présent sur les personnalités qui se lancent dans la course.

Calédonie ensemble

Le mouvement est le premier à avoir annoncé une candidature à ces législatives anticipées. Celle du député sortant Philippe Dunoyer dans la première circonscription. À la clôture des dépôts de dossier, ce dimanche soir, il a fait savoir que Gérard Poadja se présentait par ailleurs dans la seconde circonscription. Des "candidats du dialogue, du consensus et de la paix", formule Calédonie ensemble, "avec le soutien d’Horizons", le parti de l'ancien Premier ministre Edouard Philippe.

• Philippe Dunoyer

Philippe Dunoyer, invité du JT de ce dimanche 14 avril.

Il a dévoilé ses intentions dès le 10 juin, au lendemain de la dissolution de l'Assemblée nationale. Lors de son passage au journal télévisé, Philippe Dunoyer a expliqué faire campagne pour aboutir à un objectif prioritaire : "renouer les fils du dialogue dans un dialogue tripartite comme en 1988 et en 1998".

Le député sortant, qui était investi par la majorité présidentielle, se dit "convaincu qu'un chemin de paix est encore possible et que beaucoup de Calédoniens aspirent au vivre-ensemble". Le parlementaire tentera de conserver la première circonscription, qui lui avait accordé 40,83 % des suffrages au premier tour puis 66,40 % au second tour en 2022. 

L'ancien directeur de cabinet de Philippe Gomès s'est fait connaître des Calédoniens, notamment, en tant que porte-parole du gouvernement et membre de l'équipe municipale à Nouméa dans les années 2010. Âgé de 56 ans, il brigue un troisième mandat consécutif en tant que député. Sa suppléante est Annie Qaeze, conseillère de la province Sud et huitième vice-présidente du Congrès. 

• Gérard Poadja

Gérard Poadja.

Dans la seconde circonscription, c'est un ancien sénateur qui envisage d'être député. Gérard Poadja, soixante ans, n'a pas été reconduit au palais du Luxembourg, en septembre 2023. Il regarde désormais vers le palais Bourbon, avec pour suppléante l'ex-maire de La Foa, Corine Voisin.

Membre de Calédonie ensemble depuis quinze ans, le natif de Koné, originaire de la tribu de Poindah, a fait valoir au fil de son parcours sa condition de Kanak non-indépendantiste, défenseur de l'unité. Gérard Poadja a présidé le Congrès de la Nouvelle-Calédonie, d'août 2012 à août 2013. 

Loyalistes et Rassemblement

• Nicolas Metzdorf

Nicolas Metzdorf, invité du JT de ce dimanche 8 avril 2024.

Allié de Philippe Dunoyer lors des législatives de 2022, Nicolas Metzdorf, 36 ans, sera cette fois son adversaire. Le député sortant de la seconde circonscription a fait le choix de se reporter sur la première, pour les élections à venir. Invité de notre journal télévisé jeudi, il a indiqué vouloir "défendre la voix des Calédoniens qui ont choisi par trois fois de rester Français, des Calédoniens qui refusent la haine et la violence, de ceux qui ont tout perdu et de ceux qui veulent vivre ensemble en paix en Nouvelle-Calédonie".

Le changement de circonscription l'empêchera-t-il de bénéficier à nouveau de l'investiture de Renaissance ? "Ce n'est pas ce qui compte", a estimé le parlementaire sur notre plateau. "C'est un débat très national et ici, ce qui compte, c'est quel est le projet pour la suite", a-t-il conclu. Sa suppléante est Françoise Suvé, présidente du groupe Loyalistes au Congrès.

Après avoir assuré notamment le porte-parolat du gouvernement à la fin des années 2010, l'ancien membre de Calédonie ensemble a choisi de créer son propre parti, Générations NC, suite aux provinciales de 2019. Dans la foulée, il a remporté la mairie de La Foa. Avant de se faire élire député de la deuxième circonscription, avec 33,71 % des voix au premier tour puis 54,23 % au second. Il y a quelques mois, Nicolas Metzdorf était nommé rapporteur du projet de loi constitutionnelle sur le dégel du corps électoral.

• Alcide Ponga

Alcide Ponga prononce un discours après son élection à la présidence du Rassemblement, le 20 avril 2024.

Allié des Loyalistes pour cette élection, le Rassemblement concentrera sur ses efforts sur la deuxième circonscription, où son président Alcide Ponga tentera de convaincre les électeurs. "C'est une responsabilité que j'ai accepté de porter, car le moment est important", a-t-il assuré lors de l'annonce de sa candidature, lançant "une condamnation ferme des actes de violence" et appelant "les Calédoniens à faire un acte politique".

Un saut dans le grand bain, pour le maire de Kouaoua. Il n'avait jusqu'à présent jamais pris part à des élections menant à la représentation nationale. Issu d'une famille attachée au maintien de la Calédonie dans la France, le quinquagénaire a progressivement gravi les échelons de son parti. Jusqu'à en devenir le président par interim après le départ surprise de Thierry Santa fin 2022, puis d'être confirmé dans sa fonction par les militants en avril dernier. Sa suppléante est Elizabeth Rivière, présidente de la CMA, la Chambre de métiers et de l'artisanat, et adjointe au maire du Mont-Dore. 

Au-delà de ses fonctions politiques, Alcide Ponga, 49 ans, n'est pas inconnu des travailleurs du nickel. Cadre des ressources humaines de la SLN dans les années 2000, il avait ces dernières années rejoint KNS, occupant d'abord le poste de directeur des relations extérieures puis celui de conseiller spécial auprès de la direction de l'entreprise.

Rassemblement national

• Simon Loueckhote

Simon Loueckhote décoré de l'insigne de chevalier de la Légion d'honneur, le 19 décembre 2023, à Nouméa.

Sa candidature est certainement la plus surprenante de ces législatives 2024. Simon Loueckhote, 67 ans, prendra part à la campagne dans la première circonscription, sous l'étiquette du Rassemblement national, a annoncé le président du bureau calédonien du parti, Alain Descombels, ce vendredi.

"Il a une vraie expérience et connaît beaucoup de monde. Son objectif est de renouer les fils du dialogue avec les indépendantistes", a-t-il argué, affirmant que Simon Loueckhote veut "remettre tout à plat" et faire des propositions pour le statut du territoire. L'une des anciennes figures majeures de la scène non-indépendantiste calédonienne, signataire de l’Accord de Nouméa, s'apprête donc à tenter un retour dans l'arène politique, après une dizaine d'années marquées par une relative discrétion. 

Plus jeune sénateur de France en 1992, le fidèle de Jacques Lafleur avait quitté le palais du Luxembourg dix-neuf ans plus tard, en 2011. Passé également par la présidence du Congrès, Simon Loueckhote s'est éloigné de la droite traditionnelle locale au cours des années 2010, soutenant Eric Zemmour lors des dernières élections présidentielles. Dans ces législatives, sa suppléante est Suzanne Maiau Sefa.

Pas de candidature RN dans la seconde circonscription.

Eveil océanien

• Milakulo Tukumuli

Milakulo Tukumuli invité du JT le dimanche 31 juillet 2022.

À l'instar d'Alcide Ponga, lui aussi s'apprête à participer à ses premières élections d'envergure nationale. Milakulo Tukumuli a officialisé sa candidature dans la seconde circonscription ce samedi 15 juin, insistant sur la nécessité de sortir des clivages actuels. "La Calédonie a besoin, dans ce contexte d’instabilité, de représentants qui défendront le pays et non des sensibilités politiques", a-t-il affirmé lors de son discours de présentation. Avec une surprise, en la personne de son suppléant qui est Patrick Robelin, maire de Bourail.

Co-fondateur de l'Eveil océanien, le mathématicien de profession a gagné en influence depuis son lancement en politique il y a six ans. Et ce grâce, notamment, au rôle-pivot de son parti au Congrès. Porteurs de la philosophie du "non, pas maintenant" lors des référendums d'autodétermination, Milakulo Tukumuli et les autres membres de son mouvement se sont depuis rapprochés de la majorité indépendantiste, avec l'assurance de pouvoir porter des projets de réforme pour le territoire.

Le dernier en date, celui visant à redresser les comptes du Ruamm, n'a jamais pu être entériné en raison du mouvement de contestation porté par le collectif Agissons solidaires. Plus récemment, le natif de Thio semblait davantage porté sur le projet d'un accord politique global. "Notre pays est devenu une poudrière. Quand je regarde les images, je ne peux m'empêcher d'être triste, je pensais que ça appartenait au passé", déplorait-il en avril dernier, lors d'un passage dans notre journal télévisé.

• Veylma Falaeo

Veylma Falaeo, candidat de l'Eveil océanien aux législatives dans la première circonscription, le 15 juin 2024, place de la Paix à Païta.

"Est-ce que nous voulons les mêmes représentants, avec les mêmes pensées, qui nous ont emmenés à la situation ainsi créée ?", renchérit Veylma Falaeo. "Je pense qu'aujourd'hui, la 'troisième voie doit être entendue. Nous n’avons pas besoin de chefs de file de guerre, mais des semeurs de paix." La secrétaire générale de l'Eveil océanien postule pour la première circonscription. Son suppléant est Olivier Capecchi, un entrepreneur calédonien. 

Veylma Falaeo est élue de l'assemblée provinciale Sud et sixième vice-présidente du Congrès. Celle qui a grandi dans le quartier de Rivière-Salée est également conseillère municipale à Nouméa.

Mouvement nationaliste indépendantiste souverainiste

• Muneiko Haocas

Muneiko Haocas, présidente du MNIS, en juin 2022.

Elle préside le MNIS depuis 2020. Muneiko Haocas, 34 ans, briguait le fauteuil de députée dans la seconde circonscription, en 2022. Cette fois, elle se présente dans la première, toujours suppléée par David Yeiwié. Pour le Mouvement nationaliste indépendantiste souverainiste, "il est temps d’adapter la vision indépendantiste aux défis de notre temps : l’interdépendance économique, géopolitique et sociale en faveur d’une construction citoyenne autour d’un projet kanak partagé et inclusif pour tous".

Originaire de la tribu de Josip, à Lifou, Muneiko Haocas est consultante en communication. Lors des législatives 2022, elle a obtenu 3,39 % des suffrages exprimés.

• Luther Voudjo

Le MNIS est apparu après la première consultation d'autodétermination prévue par l'Accord de Nouméa, celle du 4 novembre 2018. Luther Voudjo a été président fondateur de ce mouvement désireux de redéfinir et renouveler le vote indépendantiste. En 2019, il menait une liste aux provinciales, dans le Sud. Cet ancien professeur d'histoire-géo, juriste, se présente aux législatives dans la seconde circonscription avec pour suppléante Chrystèle Marie. Il a été directeur de l'Asee, l'Alliance scolaire de l'église évangélique, de mars 2022 à octobre 2023. 

 

Union calédonienne

Enfin, après le report de son congrès, le FLNKS allait-il présenter une ou plusieurs candidature(s) pour les législatives ? La réponse est tombée ce dimanche soir. Il n'y a pas de candidature concertée du front indépendantiste.

• Omayra Naisseline

Omayra Naisseline, vice-présidente du groupe UC-FLNKS et Nationalistes au Congrès, était l'invitée de la matinale radio.

Mais l'Union calédonienne a choisi Omayra Naisseline, élue Dynamique autochtone-LKS à la province des îles Loyauté dont elle est troisième vice-présidente, conseillère UC-FLNKS et Nationalistes au Congrès, par ailleurs présidente du conseil d'administration de l'Agence rurale. Âgée de 38 ans, elle se présente avec Laurie Humuni, suppléante qui fait partie du Rassemblement démocratique océanien.  

• Emmanuel Tjibaou

Emmanuel Tjibaou

Dans la seconde circonscription, l'UC accorde sa confiance à Emmanuel Tjibaou, directeur de la culture de la province Nord et ancien directeur de l'ADCK, l'Agence de développement de la culture kanak qui gère le centre culturel Tjibaou à Nouméa. Sa suppléante est Amandine Darras, élue FLNKS à l'assemblée provinciale Sud.

Enfin, pas de candidature du Palika, ni dans la première, ni dans la seconde circonscription. 

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