Les avocats des militants indépendantistes calédoniens mis en examen à la suite des émeutes ont demandé ce lundi matin le dépaysement du dossier de leurs clients pour que celui-ci ne soit pas instruit par les magistrats en Nouvelle-Calédonie mais dans l'Hexagone.
Parmi les militants calédoniens soupçonnés par la justice d’avoir organisé les émeutes en Nouvelle-Calédonie, sept ont été transférés dans l’Hexagone. Deux sont actuellement sous contrôle judiciaire et cinq en détention provisoire, dont le leader de la CCAT (cellule de coordination des actions de terrain) Christian Tein qui vient d'être nommé à la tête du FLNKS lors d'un congrès extraordinaire le 31 août dernier à Koumac.
Le dossier est entre les mains de deux juges d'instruction à Nouméa. Une situation difficilement tenable pour l'avocat du FLNKS, Me François Roux, qui s'occupe avec ses confrères des sept Calédoniens présents dans l'Hexagone et de Joël Tjibaou, en détention provisoire à Nouméa. "Je rappelle que le haut-commissaire avait traité nos clients de voyous et de mafieux. Je pense que les conditions sur place ne sont pas réunies pour une justice sereine", souligne-t-il au micro d'Outre-mer la 1ère.
Ce dernier et les avocats des autres mis en examens ont donc formulé ce lundi matin une demande de dépaysement du dossier au procureur général à Nouméa, c’est-à-dire que le parquet calédonien soit dessaisi de l'affaire et que celle-ci soit renvoyée devant des magistrats de l'Hexagone. "Je peux imaginer que des juges de métropole habitués à ce que c’est qu’une association de malfaiteurs comme on peut le voir dans certains dossiers de drogue, etc., auront un regard différent", insiste le conseil.
Me Roux se dit aussi "certain qu’un certain nombre de chefs d’accusation méritent d’être révisés voire abandonnés. Ce serait sans aucun doute le cas si le dossier était repris ici." Parmi les chefs d'accusation formulés contre Christian Tein et les militants du CCAT : complicité de tentative de meurtre, vol en bande organisée avec arme, participation à une association de malfaiteur en vue de la préparation d’un crime et participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences.
Pour le moment, les deux juges d’instruction en charge du dossier à Nouméa ont convoqué les sept personnes mises en examen dans l’Hexagone. Ils doivent venir mi-septembre pour les auditionner au tribunal de Lyon.
D'après une information du Parisien de juillet dernier, les magistrats de Nouméa eux-mêmes auraient demandé le dépaysement sous forme d'une motion votée à la majorité.
Le procureur n'a que quelques jours pour prendre sa décision. "Si celui-ci ne répond pas favorablement, la loi nous autorise à saisir le procureur général auprès de la Cour de cassation à Paris", poursuit Me Roux qui a notamment pour objectif d'obtenir le placement sous contrôle judiciaire des cinq militants emprisonnés dans l'Hexagone.