L'État prêt à "s'engager" pour la filière nickel en Nouvelle-Calédonie si "chacun prend sa part"

La Première ministre Elisabeth Borne devant les dirigeants politiques calédoniens et des membres du groupe "Nickel" à Matignon, le 6 septembre 2023.
Un groupe de travail sur le nickel calédonien se réunit en ce moment à Paris. Si le gouvernement envisage un nouvel effort financier, il conditionne son aide à des réformes profondes.

Rendre les usines plus compétitives, verdir et réorienter la production, faire évoluer la réglementation... Les défis que rencontre la filière nickel en Nouvelle-Calédonie sont nombreux. Bien que le nickel soit un métal stratégique, notamment parce qu'il est utilisé dans la fabrication des batteries, aucune des trois usines présentes sur le territoire calédonien n'est rentable. 

Un groupe de travail, composé d'industriels, de directeurs d'usines, d'acteurs de la filière extraction et de politiques, est réuni à Paris pour tenter de sauver la filière. Invités à Matignon par la Première ministre ce mercredi, les membres du groupe de travail ont également participé à une réunion avec le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire.

"Changements radicaux"

En juillet, lors de sa visite en Nouvelle-Calédonie, Emmanuel Macron avait évoqué sa volonté de réformer la filière nickel, en très grande difficulté, comme l'indique en détail un récent rapport de l'Inspection générale des finances. Bien que le constat soit "alarmant", selon les mots de la Première ministre, l'État n'envisage de réinjecter de l'argent public que si une réforme profonde est menée. "Nous sommes prêts à nous engager pour la filière nickel en Nouvelle-Calédonie, mais chacun doit prendre sa part, explique Elisabeth Borne. Le potentiel est là, mais des changements radicaux sont nécessaires. (…) J’espère que vos discussions permettront de lever les blocages." 

Nous ne pouvons pas signer de chèque en blanc, il est inenvisageable que le contribuable finance des usines si elles sont structurellement déficitaires, a fortiori si elles fournissent un nickel qui n'est pas centré sur nos besoins stratégiques.

Elisabeth Borne

Les usines de nickel calédoniennes pourraient satisfaire "80% des besoins de nos usines de batteries", selon la Première ministre, qui regrette que "le nickel calédonien alimente insuffisamment l'Europe", encore trop dépendante "des pays asiatiques, alors même que les besoins en minerais stratégiques vont continuer à augmenter".

Au-delà des enjeux stratégiques, le nickel est l'un des piliers de l'économie calédonienne : dans son rapport, l'Inspection générale des finances estime que si les usines viendraient à fermer, le taux de chômage sur le territoire bondirait d'environ 50%.