Référendum, sécurité... Ce qu’il faut retenir de l’interview de Patrice Faure, le nouveau haut-commissaire en Nouvelle-Calédonie

Invité du JT dimanche, le nouveau représentant de l’Etat en Nouvelle-Calédonie a apporté des éclairages sur la tenue du troisième référendum, sur le 17ème gouvernement calédonien et sur la sécurité dans le pays.

Il a été nommé une semaine avant les discussions parisiennes autour de l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie. Patrice Faure, 54 ans, est le nouveau haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie. Après avoir effectué sa septaine dans un hôtel, il a pris officiellement ses fonctions ce samedi 12 juin

Avant d’arriver sur le Caillou, Patrice Faure a pu rencontrer différents acteurs calédoniens, lors des discussions à Paris. "Cela m’a permis de m’immerger dans l’ensemble des dossiers, même s’il me reste encore beaucoup à apprendre et beaucoup à découvrir", annonce-t-il. Voici ce qu'il faut retenir de son interview au JT de dimanche.

  • Une volonté de poursuivre le dialogue dans un contexte référendaire

La majorité de son entretien a porté sur le troisième référendum d’auto-détermination, qui aura lieu le 12 décembre 2021. Une date qui, d'ailleurs, ne fait pas consensus mais pour le nouveau haut-commissaire "personne ne pouvait ignorer qu’en mai 2022, il y aurait une élection présidentielle, qui conduit à ce qu’il y ait des périodes, pendant lesquelles on ne peut pas traiter plusieurs sujets, notamment un référendum", dit-il. Pour lui, le président de la République, Emmanuel Macron, a choisi d’assumer, pendant le quinquennat, les trois référendums. "C’est une forme de grand respect que d’assurer le troisième référendum dès le 12 décembre."

Il y a quelques semaines, l’UNI a indiqué que la date du troisième scrutin, à laquelle le parti n’est pas favorable, fera l’objet d’un sujet de discussions au sein du prochain Comité des signataires. "Nous sommes toujours ouverts à la discussion, il ne s’agit pas de dire que tout est tranché. Je serai à l’écoute de l’UNI comme de l’ensemble des parties prenantes pour qu’ensemble, nous discutions de quelle façon nous allons inscrire un agenda, maintenir le dialogue…", précise le haut-commissaire.

Si c’est le Oui qui l’emporte, il faudra travailler sur la transition, qui sera courte, avec différentes phases… si c’est le Non, c’est une nouvelle page qui s’ouvre (..) et qu’il faut écrire ensemble, qui peut aller un peu plus loin sur ce qu’avaient prévu les accords de Nouméa ; c’est un dialogue qu’il faut ouvrir et nous l’ouvrons dès maintenant et nous le poursuivrons dès le 13 décembre au matin.

Patrice Faure, haut-commissaire de la République

 

  • Un rappel des implications du Oui et du Non

Patrice Faure est revenu sur les travaux concernant les implications du Oui et du Non. Il a tenu à rappeler que sa mission et sa volonté première étaient de poursuivre le dialogue et de "le rendre transparent", pour que l’ensemble des votants sachent ce qu’est le Oui et ce qu'implique le Non. Il souhaite "aller vite" dans les travaux, afin qu'ils soient totalement "transparents et utiles".

Ces travaux, en vue du troisième référendum, doivent commencer lundi 14 juin. "Je vais faire le tour de l’ensemble des parties prenantes, de façon très ouverte, je tendrai la main à tout le monde pour poursuivre le dialogue voire le dynamiser. Si nous devons y passer la nuit, nous y passerons la nuit", souligne le haut-commissaire.

A l’issue des discussions parisiennes sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie, Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer, a annoncé la tenue prochaine d’un comité des signataires. Une date doit être annoncée par le Premier ministre dans les jours prochains. Quant au lieu de sa tenue, tout dépendra, "de la disponibilité des élus calédoniens", précise Patrice Faure. 

  • Un gouvernement toujours en attente 

Voilà maintenant plusieurs mois que la Nouvelle-Calédonie n’a pas de 17ème gouvernement et pour l’heure, Patrice Faure indique qu’aucune date n’a été fixée pour la convocation de ses membres et donc, pour une nouvelle élection du président.

Je n’imagine pas que ceux qui ont décidé de faire tomber le gouvernement, n’aient pas imaginé que le gouvernement puisse être mis sur pied rapidement. On va attendre qu'il se mette en place, pour autant, les travaux vont continuer parce qu’ils sont nécessaires, utiles et je les dissocie de ce 17ème gouvernement, que j’appelle de mes vœux.

Patrice Faure

 

  • La sécurité est un aspect important de sa mission

Il est considéré par ses pairs comme un spécialiste de la sécurité et il en a fait son cheval de bataille, notamment lors de sa prise de fonction en Guyane. Il en sera de même pour la Nouvelle-Calédonie, notamment sur l’organisation du troisième référendum mais aussi sur le dossier Saint-Louis. Alors qu’il vient tout juste d’arriver sur le territoire, il indique se laisser quelques jours pour connaître "la problématique de ce quartier qu’il sait difficile". Il se rendra d’ailleurs sur place dans les jours prochains, pour voir et évaluer la situation, les élus, les habitants "et je reviendrai vers vous avec des solutions", conclut-il. 

Autre aspect de la sécurité : celle qui sera mise en place pour le troisième référendum. Alors qu’il salue le travail de son prédécesseur, il annonce avoir fait le point des critiques qui avaient été faites à l’issue du premier puis du deuxième scrutin. "Le ministère de l’Intérieur a mis en place des groupes de travail qui visent à apporter des solutions, des réponses d’organisation administrative, logistique", précise-t-il.

Un renfort de policiers, de gendarmes, de communication et de prévention vis-à-vis des élus, des électeurs et de la population est prévu, "pour que personne ne soit surpris, nous le ferons graduellement, ouvertement et parfois fermement. Il s’agit d’assurer une tranquillité publique, pour que le vote se passe dans les meilleures conditions possibles et qu’il ne soit entaché d’aucune irrégularité" .

  • Une impérieuse nécessité de se faire vacciner

Patrice Faure a également abordé la thématique santé, avec la crise sanitaire, lui qui vient dit-il, "d’un département qui était le troisième impacté par le Covid". Il insiste sur l’impérieuse nécessité de se faire vacciner "parce qu’il y a une solidarité nationale dès lors que la Calédonie a connu ses premiers cas, il ne faudrait pas que cette solidarité nationale soit trompée et déçue par une vague de non-volontarisme de vaccination."

Pour lui, la stratégie Covid-19 de la Nouvelle-Calédonie, dépend du gouvernement et de l’élan de la population à se faire vacciner. 

L'intégralité de l'intervention de Patrice Faure, avec Nadine Goapana, au JT du dimanche 13 juin.