Nucléaire : la France se défend d'avoir commis un "crime contre l'humanité" en Polynésie

L’église protestante de Polynésie a l’intention de porter plainte contre l'Etat pour crime contre l'humanité, suite aux essais nucléaires. Une démarche qui "manquerait de fondement", a estimé, lundi 8 août, René Bidal, Haut-Commissaire de la République en Polynésie.
"L'outrance est toujours mauvaise conseillère" a écrit lundi (mardi à Paris) dans un communiqué René Bidal, Haut-Commissaire de la République en Polynésie française. Dimanche, l'Eglise Protestante Maohi, qui regroupe les protestants polynésiens, a annoncé son intention de poursuivre la France devant la Cour pénale internationale, considérant que les 193 essais nucléaires de Moruroa et Fangataufa, entre 1966 et 1996, relevaient du "crime contre l'humanité".

Une telle plainte "manquerait de fondement" a assuré René Bidal, jugeant que "les tirs d'essais nucléaires en Polynésie française ne correspondent évidemment pas" à la définition de crimes contre l'humanité.

"Un impact" sur l'environnement et la santé

"L'État est loin d'être indifférent aux conséquences sanitaires et environnementales des essais nucléaires, lesquelles ont été récemment reconnues par le Chef de l'Etat dans des paroles fortes qui étaient attendues, en Polynésie, depuis de nombreuses années", a-t-il insisté. En février, François Hollande avait reconnu, lors de sa visite dans l'archipel du Pacifique sud, que les essais nucléaires menés en Polynésie française avaient eu "un impact" sur l'environnement et la santé.

Le décret d'application de la loi Morin

Par ailleurs, le décret d'application de la -loi Morin- de 2010 "va être modifié dans un sens nettement plus favorable à l'indemnisation des malades", a rappelé le Haut-Commissaire. Les associations de défense des victimes des essais nucléaires en Polynésie dénoncent régulièrement le faible nombre de victimes indemnisées.  

Enfin une convention cadre doit "permettre, dès 2017, le financement de nouveaux équipements pour les services de radiographie, de radiologie et de traitement contre les cancers" du centre hospitalier de Polynésie française, a-t-il précisé.

Autres réactions

Le Président de la Polynésie française Edouard Fritch avait prévu une conférence de presse lundi (mardi à Paris) au sujet de la plainte de l'église protestante. Il l'a finalement reportée.

L'un de ses principaux opposants politiques, l'indépendantiste Oscar Temaru, s'est réjoui de la démarche engagée par l'Eglise Protestante Maohi. Il compte s'appuyer sur de petits Etats insulaires du Pacifique pour déposer cette plainte devant la Cour pénale internationale, et devant les Nations-Unies.