Okahina Wave, une vague "écologique" qui pourrait révolutionner le monde du surf

Une vague artificielle s'inspirant du "principe d’un atoll polynésien qu’on ferait flotter" : voilà le concept d'Okahina Wave imaginé par Laurent Hequily. Cette vague sera officiellement lancée au pied du Futuroscope courant 2020, avant, peut-être de déferler sur Tahiti.
 
Après la vague de Kelly Slater en Californie et les WaveGardens au Pays de Galles et en Espagne, une vague artificielle d'un type inédit déferle en France. Son nom: Okahina Wave. Un nom aux consonances tout sauf anodines...


Le principe d'un atoll

Sa particularité? Son mode de fonctionnement qui n'aurait justement rien à voir avec celui d'une piscine à vagues comme celle conçue par Kelly Slater, par exemple.
Okahina Wave s'inspire du "principe d'un atoll polynésien qu'on ferait flotter", nous explique Laurent Hequily, son concepteur. Autrement dit, ce serait un système immergé; il génère des vagues qui tournent autour d'un ilôt flottant sur lequel elles viennent déferler.

Difficile à concevoir pour le commun des mortels! Même si le système est breveté depuis 2015, son créateur garde précieusement caché le coeur de son procédé jusqu'ici. Aucune image n'a encore fuité et il est impossible de voir l'onde d'Okahina Wave à l'oeuvre pour le moment: son prototype, conçu par Laurent Hequily et sa PME bordelaise, est expérimenté dans un laboratoire tenu secret en Nouvelle Aquitaine, avant son lancement officiel dans la Vienne, au pied du site du Futuroscope courant 2020.

On sait en tout cas qu'il s'agit d'une structure souple en forme de cercle, à l'inverse des piscines en dur évoquées plus haut. Et ce serait là son point fort.


Infrastructure légère

En effet, nul besoin de bétonnage: Okahina wave se monterait et démonterait du coup très facilement. Elle pourrait ainsi s'intégrer à l'environnement en permettant par exemple la réutilisation de plans d'eau déjà existants en zone urbaine.

L'objectif est évident: faciliter l'accès au surf pour tous. Laurent Hequily, concepteur du projet et surfeur lui-même raconte: "le surf est un sport extrêmement frustrant car on passe son temps à attendre les bonnes conditions et les bonnes vagues, même quand on habite à côté des meilleurs spots!"

Le contexte est idéal: l'année prochaine, le surf devient sport officiel aux Jeux Olympiques de Tokyo. C'est un coup de projecteur évident pour ce sport. Sans oublier les JO de Paris en 2024 qui pourraient aussi faire naître des vocations...

Mais l'interêt d'Okahina Wave ne s'arrête pas là. A la base, il y a une prise de conscience écologique. 
 

Un vague "écologique"

"On va droit dans le mur. Il y a urgence à agir pour sauver l'environnement", s'exlame Laurent Hequily.

Sur le sujet de la biodiversité, si on perd ce combat, les autres n'auront plus aucun sens,
-Laurent Hequily, concepteur d'Okahina Wave

Le surfeur-concepteur a donc décidé que son innovation aurait un impact positif sur la planète. Et cela commence par une faible consommation énergétique (rendue possible par la souplesse de la structure). Pour une vague d'1m20, comptez environ 35 kw, grosso modo la capacité pour propulser une voiturette électrique type autolib.
Mais il y a un autre pari derrière, autrement plus ambitieux : réussir à "améliorer la biodiversité des milieux aquatiques qui ont été dégradés par l'homme".
Explication: le phénomène généré par cette vague oxygènerait l'eau par un effet de brassage. L'idée, à terme serait d'y installer par exemple des nurseries à poissons, "ce qui pourrait permettre de densifier tel ou tel type de population..." Plus largement, L. Hequily envisage la possibilité de créer des récifs artificiels.

Autre objectif: contribuer à la lutte contre les déchets plastiques en misant sur cette vague centripète pour attirer ces déchets en un point précis, et ainsi les récupérer.
 


Voilà pourquoi Laurent Hequily parle de cette vague artificielle comme d'une vague "semi-naturelle" et de la première vague de surf "écologique".


Un marché en Outre-mer?

Après la Vienne, Okahina Wave devrait débarquer à Libourne. A ce sujet, vous pouvez voir ce reportage réalisé par France 3 Nouvelle Aquitaine:
Le concept de Laurent Hequily interesse aussi Outre-mer et a déjà trouvé des adeptes en Polynésie française. Là-bas, la CCISM (Chambre de commerce Chambre de Commerce, d'Industrie, des Services et des Métiers) a été séduite par ce concept de vague artificielle et de "Okahina village" qui irait avec: un bon moyen de booster le tourisme dans ces territoires.
 
Laurent Hequily

Dans une lettre adressée à L. Hequily, la CCISM évoque le projet prioritaire du gouvernement qu'est le Village Tahitien à Punaauia et auquel Okahina Wave pourrait s'intégrer.

André Bihannic, directeur général de la CCISM de la Polynésie française nous explique avoir été séduit par "l'aspect respectueux de l'environnement du projet".
Selon lui, ce serait un pôle d'activité touristique "sans équivalent dans le monde qui pourrait s'installer à Tahiti, Moorea ou Bora Bora et qui permettrait de constituer une activité intéressante et attractive pour les touristes souhaitant s'initier au surf".
A Bora Bora, un acteur privé a également déjà montré son intérêt. Bref, "si la demande était formalisée, on pourrait imaginer que le projet aboutisse en 2022", confie L. Hequily.

Ce concept de vague "semi-naturelle" pourrait aussi faire écho à La Réunion, où le monde du surf souffre d'une crise requin sans fin. Laurent Hequily se verrait d'ailleurs bien déployer sa vague sur l'île de l'Ocean Indien.