"On n'a encore une fois pas voix au chapitre" : des politiques dénoncent l'absence de la Guyane au sommet sur l'Amazonie

Vue de la forêt amazonienne.
À l'initiative du président brésilien Lula, un sommet se déroule ce mardi 8 et ce mercredi 9 août à Belém, dans le nord du Brésil, pour fixer des objectifs de protection de la forêt amazonienne. Or aucun représentant de la Guyane, territoire recouvert à 95% par cette forêt tropicale, n'a été convié. Une décision critiquée par des élus guyanais.

"On n'a encore une fois pas voix au chapitre, on sera spectateurs des discussions". C'est ce qu'a dénoncé Thibault Lechat-Vega, 3ᵉ vice-président de la Collectivité territoriale de Guyane (CTG) chargé des affaires européennes et institutionnelles, porte-parole de la collectivité, sur franceinfo ce mardi.

Convié au sommet, Emmanuel Macron a décliné l'invitation du président Lula et envoyé l'ambassadrice de la France au Brésil, Brigitte Collet. Elle est la seule représentante française car aucun porte-parole ou élu de Guyane n'a été associé.

"On est vraiment dans l'incompréhension totale, réagit Thibault Lechat-Vega. D'abord parce qu'Emmanuel Macron décline l'invitation. Puis, parce que la Guyane n'est absolument pas associée à cette décision ni à cette manifestation."

On n'a encore une fois pas voix au chapitre, on sera spectateurs des discussions qui se font dans un espace amazonien, où nous sommes situés géographiquement, mais en réalité où nous sommes complètement isolés politiquement.

Thibault Lechat-Vega

A franceinfo

"Double discours"

"C'est d'autant plus problématique quand le président Emmanuel Macron utilise la position de la Guyane et de la forêt amazonienne pour avoir une voix sur la scène internationale sud-américaine. Et lorsqu'il s'agit d'être à la table des négociations, on voit qu'il n'y a plus personne, dénonce le vice-président. On ne comprend pas qu'il n'y ait pas eu au moins la ministre des Affaires étrangères."

Un avis partagé par Jean-Victor Castor, député guyanais, membre de la Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire, qui dénonce un "double discours". "La France n'est pas du tout crédible vu ce qu'il se passe en Guyane, abonde-t-il sur franceinfo. Je regrette surtout que la Guyane ne puisse pas être représentée avec ses instances locales."

Les deux politiques rappellent que la forêt amazonienne en Guyane est en effet menacée par "l'orpaillage, la déforestation et la pollution au mercure", alors que l'État présenterait le territoire comme un exemple à suivre.

"En Guyane, plus de 50% du territoire est concerné par une norme de protection environnementale, détaille Thibault Lechat-Vega. On a l'impression qu'on en fait une espèce de slogan "Make our planet great again" alors qu'en réalité sur ce territoire, et même au cœur du parc amazonien, les ressources naturelles sont pillées par les orpailleurs clandestins. Ce sont 12 tonnes d'or qui sont extraites chaque année avec du mercure qui empoisonne les rivières et les populations autochtones."

"Des populations qui souffrent"

Il souligne aussi qu'il y a "des populations qui souffrent jusqu'au cœur du parc amazonien qui, elles, demandent à ce qu'on respecte leur environnement, mais qui ont aussi envie d'avoir accès à l'électricité, à l'eau potable et à l'éducation pour leurs enfants."

De son côté, Jean-Victor Castor aimerait que la France donne vraiment l'exemple "avec sa politique environnementale en Guyane, c'est-à-dire la capacité à éradiquer un fléau pour la forêt [l'orpaillage], pour la population et pour la faune".