One Ocean Summit : la Polynésie française s’engage à créer une aire marine protégée de 500 000 km2

Edouard Fritch
En ce dernier jour du One Ocean Summit à Brest, le Président de la Polynésie française a pris la parole devant Emmanuel Macron et de nombreux chefs d’Etat. Il a annoncé la création d'une aire marine protégée de 500 000 km2 dans l'archipel des îles australes de Polynésie baptisée Rahui nui.

"La culture polynésienne me rappelle que, l’océan est le temple le plus sacré, c’est un lieu saint, inspirant à la fois crainte et respect. Cela fait des décennies que la Polynésie française organise une pêche traditionnelle et professionnelle raisonnée.(…) Il y a 20 ans, la Polynésie française devenait le plus grand sanctuaire des mammifères marins au monde", c’est par ces mots qu’Edouard Fritch a commencé son discours au One Ocean Summit à Brest. Un discours clamé à la tribune et non assis comme les autres invités, car "la politesse m’interdit de m’adresser à vous assis".

Quatre ambitions

Après avoir rappelé que la Polynésie française est déjà engagée depuis longtemps dans la préservation de la nature, Edouard Fritch a annoncé l’engagement de son territoire dans une vision concrète qui se décline en quatre ambitions :

  • "La préservation du cœur de nos îles".
  • "La restauration du lien terre-mer".
  • "La gestion durablement de notre zone économique".
  • "La construction du grand mur bleu du Pacifique".

Quatre engagements

"Nous devons marquer cette rencontre de Brest par des actions, la Polynésie va s’engager, et nous sommes capables de prendre quatre grands engagements qui portent sur une superficie de plus d’1 million de Km2, près de deux fois la superficie de l’Hexagone." Une annonce ambitieuse qu’a explicitée le Président de la Polysémie française : "Le premier, multiplier les réserves de biosphère, nous finalisons l’inscription des îles marquises au patrimoine mondial de l’Unesco et l’inscription des îles australes en réserve de biosphère. Cet engagement, s’ajoute aux espaces Polynésiens."

"Le deuxième engagement, c’est la protection des zones côtières un zonage côtier d’une superficie maritime de plus de 500 000 km2, réservé uniquement à la pêche artisanale et vivrière, sera finalisé avant la fin de l’année, en relation avec les populations de nos archipels. Cette protection côtière marque un retrait de 20% des zones de pêche professionnelle actuel, et je vous rappelle qu’en Polynésie, la pêche professionnelle est réservée uniquement aux Polynésiens."

"Le troisième engagement, il s’agit de protéger nos lagons et les coraux, avant la fin de l’année, nous protégerons toutes les espèces de coraux en Polynésie. Nos écosystèmes coralliens représentent une superficie de 15 000 Km2, cette action va donc concerner 20% des atolls dans le Monde. De plus, nous allons créer des zones de mouillages obligatoires pour en limiter l’impact. Ces trois premiers engagements polynésiens représentent un espace maritime de 500 000 km2 protégés, pratiquement la superficie de l’Hexagone."

"Le quatrième engagement est les plus important, c’est une nouvelle aire marine protégée de plus de 500 000 km2. Cette année, à l’occasion des 20 ans de notre sanctuaire marin, située dans la partie Sud-est de notre zone économique. Nous comptons ainsi à l’horizon 2030, finaliser ce projet, poursuivre le classement des zones naturelles intégrales de certaines de nos îles, initier des études pour la désignation de nouvelles aires de biosphère, solliciter enfin la reconnaissance de la Polynésie française en zone marine particulièrement vulnérable." Une longue tirade d’Edouard Fritch, mais qui résume la volonté polynésienne pour la préservation des Océans.

"Rahui Nui"

"Rahui Nui", qui signifie "Grand Rahui", sera le nom de cette nouvelle aire marine de plus de 500 000 km2. Un projet lancé cette année et qui sera finalisé à l’horizon 2030. Pourtant, ce projet ne date pas d’aujourd’hui, puisqu’il est porté par les élus et la population des îles australes depuis 2014. Cette future aire marine participera à la préservation des eaux très riches de la Polynésie française qui abritent 21 espèces de requins, 176 coraux et 1 024 espèces de poissons.

"C'est une très bonne nouvelle pour nos eaux et nos habitants et notre avenir. Cela suscite de l’espoir pour maintenir un océan fertile pour les générations futures."

Tuanainai Narii, maire de Rapa dans les îles Australes

 

Un sommet à Tahiti

A la tribune, le Président Polynésien a aussi déclaré que son territoire était prêt à accueillir le sommet One Island Summit proposé par le chef de l’Etat, Emmanuel Macron, il y a trois ans et de l'organiser "en septembre 2023 à Tahiti."

Un engagement salué par le chef de l'Etat qui à la fin de l’intervention d’Edouard Fritch a ajouté: "Président, pour les îles et le One Island Summit, engagement pris." Il a aussi affirmé que l’Etat français serait à aux côtés de la Polynésie "pour approfondir la connaissance des différentes îles et pour la création et la gestion des différentes aires".

De nombreux personnalités du monde entier ont participé à ce sommet à l'instar de John Kerry, envoyé spécial pour le Climat des Etats-Unis, Ursula van der Leyen, Présidente de la Commission européenne et l'ex-Premier ministre Edouard Philippe.

Pour les autres territoires ultramarins

A l'issue des trois jours du One Ocean Summit à Brest, des engagements ont été pris qui concernent particulièrement les Outre-mer. Ainsi, la lutte contre la pêche illégale sera renforcée grâce à la coopération diplomatique des marines nationales dans le renseignement, avec l’appui de l’agence Européenne de Contrôle des Pêches. Cela bénéficiera notamment à la Guyane et à Mayotte. 

Toujours dans une perspective de défense des océans, la lutte contre les pollutions sera renforcée. Ainsi, un programme pluriannuel de traitement des décharges à risque situées en zone littorale, notamment en outre-mer, a été engagé. Dans ce cadre, dès cette année, la dépollution de la décharge littorale de l’Anse Charpentier en Martinique sera engagée. De plus, il y aura le développement de techniques de pêche pour protéger les tortues marines, dans le cadre de la pêche des crevettes tropicales sauvages importées dans l’Union européenne. Présente dans les trois océans grâce à ses territoires ultramarins, la France entend donc protéger ces espaces qui représentent 80% de sa biodiversité.