Vendredi 18 novembre, l'ambiance est chargée d'émotion dans la salle du Château de Vincennes qui abrite le Service historique de la Défense. En présence de Patricia Miralles, secrétaire d'État auprès du Ministre des Armées, Yvette Tommasini, représentante du président de la Polynésie française au sein de la commission dédiée aux archives sur les essais nucléaires, a pu consulter pour la première fois les documents classés jusque-là sous la mention "secret" et "très secret".
Un moment intense pour cette inspectrice d'académie en Polynésie française dont une partie de la famille a travaillé sur les atolls au moment des essais nucléaires : "C'est très émouvant de voir les documents produits pendant cette campagne de tirs, de voir comment les acteurs ont travaillé à l'époque. Ces archives vont donner aux générations futures la capacité de comprendre ce que l'on a vécu, car le fait nucléaire est un marqueur de la société polynésienne actuelle, et de pouvoir avancer avec cette histoire et la mémoire qu'on en emporte aujourd'hui."
Il n'y a rien de plus terrible que de ne pas regarder son histoire en face.
Patricia Miralles, secrétaire d'Etat à la Défense
L'ouverture totale des archives liées aux essais nucléaires a été annoncée par le Président de la République lors de son discours à Papeete le 28 juillet 2021. Emmanuel Macron reconnaît alors une dette de la Nation à l'égard de la Polynésie française pour avoir abrité les 193 tirs nucléaires entre 1966 et 1998.
Le SHD, Service historique de la Défense, est chargé d'identifier toutes les administrations concernées par ces essais. Après 18 mois de travail de repérage, près de 113.000 documents sont déjà disponibles à la consultation. Ils correspondent aux archives versées par l'ensemble des Ministères. Le SHD doit identifier toutes les administrations qui se sont occupées de la campagne de tirs en Polynésie française et qui sont tenues de verser leurs fonds d'archives. Un réseau des ports détenant des documents a ainsi été localisé. Il s'agit des ports de Cherbourg, Brest, Lorient et Toulon. Le port de Brest se révèle être le principal détenteur de fonds avec près de 4.000 cartons qui seront confiés au SHD.
Les victimes polynésiennes des essais nucléaires sont très demandeuses de savoir. Tout le monde a le droit de savoir ce qu'il s'est passé.
Yvette Tommasini, représentante du gouvernement polynésien
Avec l'ouverture totale de ces archives, à l'exception de celles contenant des informations pouvant porter atteinte à la sécurité nationale, les associations de défense des victimes des essais nucléaires, les associations écologistes et les chercheurs, toutes disciplines confondues, ont à leur disposition la mémoire de cette campagne de tirs qui s'est déroulée trente ans durant. Une partie de ces documents est disponible sur le site Mémoire d'Hommes du Ministère de la Défense.
Le reportage radio à écouter ici :